Plus de 30 minutes d'attente pour des services ambulanciers

Les temps d'attente pour recevoir l'aide de services ambulanciers varient énormément d'un secteur à l'autre en Mauricie et au Centre-du-Québec.
Photo : Radio-Canada
Un résident de Trois-Rivières qui se trouve dans un état critique doit attendre en moyenne 9 minutes 54 secondes avant d'entendre les sirènes d'une ambulance. À La Tuque, le même patient attendra en moyenne plus d'une demi-heure avant d’apercevoir les gyrophares de ce type de véhicule d'urgence.
Sainte-Thècle, Pierreville, Manseau et La Tuque sont les secteurs avec les temps d'attente moyens les plus élevés de la Mauricie et du Centre-du-Québec pour les patients de priorité 1, catégorisés comme à risque immédiat de mortalité
, entre 2014 et 2019.
Ces temps d'attente inquiètent les professionnels de la santé de la région. Les chances de survie en cas d’arrêt cardiorespiratoire, par exemple, diminuent de 70 % après deux minutes d’attente et chutent significativement, après dix minutes.
Dans les villes de taille moyenne, telles Louiseville, Shawinigan, Grand-Mère, Drummondville, les délais varient peu, tournant autour de 9 minutes 47 secondes à 10 minutes 38 secondes de temps de réponse.
Le Syndicat des ambulanciers paramédicaux du Coeur-du-Québec n'est toutefois pas surpris de la situation. Il dénonce depuis plusieurs années les quarts de faction à La Tuque qui consistent à ce qu'un technicien ambulancier attende à la maison . Selon le syndicat, cela explique en partie la situation dans le secteur de La Tuque et Sainte-Thècle.
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Autre facteur, les ambulances sont moins bien réparties sur le territoire depuis qu'il n'y a plus d'entraide entre les entreprises, estime le syndicat.
Quand une ambulance partait dans un secteur, on demandait la collaboration d'un autre service ambulancier pour venir couvrir la zone, indique le président du syndicat, Michel Beaumier. Depuis plus de deux ans, ça ne se fait plus.
Selon lui, ce sont des questions d'ordre monétaire qui justifie cette décision. Il indique que lorsqu'un secteur adjacent couvre un territoire, il paie pour le service, mais il n'est pas comptabilisé dans les statistiques d'aide aux patients. Ainsi, les entreprises auraient décidé d'arrêter de s’entraider.
C'est encore une question de statistiques et une question d'argent
, déplore M. Beaumier.
C'est extrêmement préoccupant, parce que notre territoire au Québec est énorme, d'où l'importance d'avoir accès aux mêmes soins
, soutient la présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Nathalie Perron.
« On se dit qu'on veut donner des chances égales à tout le monde. Ce n'est pas parce qu'on est en ville qu'on devrait avoir plus de chances de survivre ou d'avoir accès à des services décents. »
Le cas de La Tuque
La situation à La Tuque est particulière. Les quarts de travail sont tous sous le modèle d'horaire de faction, ce qui rallonge les délais. De plus, le territoire est très grand, alors que le secteur Parent se situe à quatre heures de route du centre-ville de La Tuque.
La Municipalité de La Tuque a implanté des DEA [Défibrillateurs externes automatisés] à tous les 500 mètres de marche dans son périmètre urbain en plus d’offrir la formation Héros en 30 à sa population. Le projet a des résultats très positifs
, répond par courriel le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).
Le syndicat des ambulanciers estime pour sa part que les endroits où les défibrillateurs ont été installés, tels que les pharmacies et arénas, ne sont pas toujours accessibles, notamment la nuit.
Si on parle d'une madame et 80 ans. Son mari est en infarctus. On va lui demander en pantoufles à 2 h du matin de partir, aller chercher un défibrillateur? C'est impossible et c'est pas tout le monde qui sait comment ça fonctionne
, s'indigne le président du syndicat Michel Beaumier.
La réponse du CIUSSS MCQ
Le CIUSSS MCQ
n'a pas accordé d'entrevue à Radio-Canada. Par courriel, le service des communications admet que le changement des quarts de faction en quart par heure a eu une incidence positive sur le temps d'attente dans le secteur de Plessisville. Il est passé de 17 minutes en 2017 à 11 minutes en 2019.Le réseau de santé publique encourage par ailleurs la population à suivre des cours de réanimation cardiorespiratoire (RCR).
Le CIUSSS MCQ
souligne également qu'il continue de déployer d'autres défibrillateurs externes automatisés sur le territoire.Les cas de priorité 0, catégorisé comme « Haut risque d’arrêt cardiorespiratoire » enregistrent aussi des moyennes élevés de temps d'attente dans plusieurs secteurs de la Mauricie et du Centre-du-Québec.