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Chili : les autorités font marche arrière sur la hausse du prix des transports

Un gaz lacrymogène au sol à côté de policiers antiémeute.

Des policiers antiémeute à Santiago, le 19 octobre 2019.

Photo : afp via getty images / MARTIN BERNETTI

Agence France-Presse

Le président chilien fait marche arrière : Sebastian Pinera a annoncé samedi la suspension de la hausse des prix des billets de métro à Santiago, à l'origine de manifestations particulièrement violentes dans la capitale où un couvre-feu total a été décrété.

Je tiens à annoncer aujourd'hui que nous allons suspendre l'augmentation des tarifs du métro, a déclaré le président depuis le palais présidentiel de La Moneda, peu avant que le général nommé pour assurer la sécurité de la capitale n'annonce un couvre-feu total à Santiago en réponse aux « excès qui se sont produits aujourd'hui ».

Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont à nouveau éclaté samedi, au lendemain de l'instauration de l'état d'urgence à Santiago, secouée par un mouvement de protestation contre la hausse du prix des transports.

Des milliers de personnes s’étaient rassemblées pour un concert de casseroles – mode de contestation apparu après le coup d’État mené par le général Augusto Pinochet, fin 1973 –, quand la manifestation a rapidement dégénéré en affrontements entre des personnes masquées et les forces spéciales.

Des heurts ont notamment été signalés sur la grande place d’Italie – épicentre de la contestation – et près du siège du gouvernement, ainsi qu’à Puente Alto, dans la banlieue sud de la capitale.

Les journalistes de l’AFP ont vu cinq autobus incendiés en plein centre-ville, et les autorités ont décidé dans la journée d’interrompre totalement leur circulation en raison de l’escalade des violences.

Deux pompiers arrosent des autobus enflammés.

Des pompiers chiliens éteignent un bus en feu lors des affrontements entre les manifestants et la police antiémeute à Santiago, le 19 octobre 2019.

Photo : afp via getty images / MARTIN BERNETTI

Le président chilien Sebastian Pinera avait décrété dans la nuit de vendredi à samedi l’état d’urgence pour 15 jours à Santiago et confié au général Javier Iturriaga del Campo la responsabilité d'assurer la sécurité.

Des militaires patrouillaient samedi dans Santiago, pour la première fois depuis le retour à la démocratie, en 1990.

Un soldat stoppe un manifestant qui brandit un drapeau du Chili.

Des manifestants qui protestent contre l'augmentation des prix des transports font face à l'armée.

Photo : Reuters / Edgard Garrido

Des milliers de personnes sont cependant redescendues samedi dans les rues de la capitale et d’autres villes pour y faire résonner des casseroles. Des manifestations ont eu lieu dans des grandes villes comme Valparaiso et Viña del Mar, au bord du Pacifique, sans qu’aucun désordre majeur n’y soit cependant noté.

Face aux militaires déployés sur la Place d’Italie à Santiago, des manifestants ont brandi des photos de personnes disparues sous la dictature militaire (1973-1990), qui s’est soldée par plus de 3200 personnes mortes ou disparues.

Avec des mots d’ordre tels que « Marre des abus » ou « Le Chili s’est réveillé », diffusés sur les réseaux sociaux, le pays fait face à une des pires crises sociales depuis des décennies. Elle a été déclenchée par l’annonce d’une forte hausse du prix des tickets de métro, de 800 à 830 pesos, ce qui équivaut à une hausse d’environ cinq cents en argent canadien.

Des manifestants masqués frappent des casseroles dans la rue.

Des personnes masquées manifestent à Santiago au lendemain du décret de l'état d'urgence.

Photo : Reuters / Edgard Garrido

Les revendications ont rapidement débordé sur d’autres sujets, comme un modèle économique où l’accès à la santé et à l’éducation ressortent presque uniquement du secteur privé.

Le pouvoir a hésité pendant plusieurs heures vendredi avant de décréter finalement dans la nuit un état d’urgence à Santiago, devant la montée du chaos.

Le général Javier Iturriaga del Campo, nommé à la tête de la défense nationale, a précisé que l’armée opérerait des patrouilles dans les principaux sites de la capitale, qui compte sept millions d’habitants. Au vu de l'étendue des dégâts samedi, il a décrété un couvre-feu total dans la capitale qui devait prendre effet à 22 h jusqu'à 7 h dimanche matin.

Une photo du président Sebastian Pinera dégustant tranquillement une pizza dans un restaurant tandis que Santiago brûlait a accru la colère de la population, dans ce pays où un calme relatif régnait ces dernières années. Visiblement pris de court par cette crise, M. Pinera avait qualifié son pays, il y a quelques jours seulement, « d’oasis » dans la région.

C’est triste, mais ces destructions ont été la manière que la population a trouvée pour qu’on l’écoute. Le Chili était une cocotte-minute qui a explosé de la pire manière, nous laissant sans métro, a commenté à l’AFP Maria, une fonctionnaire.

Des passants marchent devant une station de métro dont les vitres ont été fracassées à Santiago.

Une station de métro saccagée par les manifestants à Santiago.

Photo : Reuters / Edgard Garrido

Vendredi, au moins 16 autobus ont été incendiés et une dizaine de stations de métro totalement détruites, selon les autorités.

L’ensemble du réseau est fermé en raison des émeutes et des destructions, a annoncé le gestionnaire du métro, après des attaques contre presque l’intégralité des 164 stations.

Le bilan officiel des violences et affrontements est de 308 arrestations, et 156 policiers blessés.

Le métro de Santiago, le plus étendu (140 km) et le plus moderne d’Amérique du Sud, par lequel transitent environ trois millions de passagers par jour, ne pourrait rouvrir progressivement que la semaine prochaine.

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