Scénario minoritaire : Trudeau ne s'avance pas, mais était de l'avis de Scheer en 2015
En cette fin de campagne, le chef libéral ne dit pas quelle approche il privilégierait si aucun parti n'obtenait de majorité.

Céline Galipeau s'est entretenue avec Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada
Photo : Radio-Canada / Martin Thibault
À quelques jours du scrutin fédéral, Justin Trudeau évite de se prononcer sur l’éventualité d’un gouvernement minoritaire. Laissera-t-il le parti ayant obtenu le plus de sièges gouverner? Devra-t-il remettre sa démission? S’il se montre prudent sur ces questions, le chef libéral avait un avis plus tranché lors de la campagne fédérale qui a mené à sa victoire en 2015.
Le chef libéral assure qu’il ne tient rien pour acquis. Il refuse de s’avancer sur des scénarios « hypothétiques ». Tout est à décider le 21 octobre et j’ai encore énormément confiance dans le choix que vont faire les Québécois et les Canadiens
, a-t-il dit jeudi, en entrevue sur le plateau du Téléjournal avec Céline Galipeau.
Au moment où les sondages semblent indiquer qu'aucun parti n'arrivera à obtenir les 170 sièges nécessaires pour être majoritaire au Parlement, les chefs fédéraux ne s’entendent pas sur le scénario à privilégier en cas de gouvernement minoritaire.
Le chef conservateur Andrew Scheer a été clair : le parti qui réussit à obtenir le plus de sièges a préséance pour former le gouvernement. Et s’il advenait que les libéraux se retrouvent avec moins de sièges qu’un autre parti, leur chef devrait alors démissionner du poste de premier ministre. C’est la convention
, a-t-il indiqué.
Jagmeet Singh, lui, n'est pas de cet avis. Le chef néo-démocrate a déjà affirmé qu’il serait prêt à travailler avec « n’importe qui » pour empêcher la victoire des conservateurs, dont les libéraux, évoquant même la possibilité d’une coalition. Mais son vis-à-vis libéral s’est fait plus évasif sur la question.
Ces derniers jours, Justin Trudeau a répété qu’il comptait sur les Canadiens pour élire un gouvernement « progressiste », et non pas une coalition progressiste ou un gouvernement conservateur « du style de M. Harper ».
Je n'ai jamais prétendu d'être parfait. Mais je pense que les gens savent qu'ils pourront toujours compter sur les valeurs et l’approche que j’ai d’investir, de bâtir une société plus forte, de défendre les droits de tout le monde
, a-t-il assuré.
« Le choix auquel les gens font face met en contraste deux visions extrêmement différentes de l’avenir du pays. »
Serait-il légitime pour Justin Trudeau de rester au pouvoir, advenant qu’il obtienne moins de sièges qu'un autre parti le 21 octobre? Ça, c’est des questions pour des académiques [sic] et des experts
, a-t-il répondu jeudi.
Lors des élections fédérales de 2015, le chef libéral partageait toutefois les convictions qu’Andrew Scheer défend cette campagne-ci. En entrevue avec Peter Mansbridge à l'émission The National, sur les ondes de CBC, il avait affirmé que le parti qui obtient le plus de sièges est celui qui devrait gouverner
.
Il en a toujours été ainsi
, avait-il dit.
« Celui qui obtient le plus de sièges devrait être le premier à tenter d’obtenir la confiance de la Chambre [des communes]. »
Justin Trudeau s’entendait alors avec son rival, le premier ministre sortant Stephen Harper, sur les règles du jeu. Une position qu’aurait contestée son père.
En 1979, Pierre Elliott Trudeau, qui tentait alors de conserver le pouvoir face aux progressistes-conservateurs de Joe Clark, avait dit que la règle ne s’appliquait pas de facto et qu’un parti était en droit d’évaluer ses options plutôt que de céder le pouvoir automatiquement.
Au cours du même entretien, en septembre 2015, Justin Trudeau avait toutefois exprimé des idées quelque peu contradictoires, en affirmant que le premier ministre sortant devait être le premier à avoir la possibilité de se soumettre à un vote de confiance à la Chambre des communes.
Je crois que la réalité, c’est qu’il y a un désir clair de changement au sein des Canadiens et que M. Harper aura beaucoup de difficulté à obtenir la confiance de la Chambre après cette élection, après ces 10 années d’échec
, avait-il affirmé.
Au moment de cette entrevue, les sondages laissaient présager une lutte serrée entre les libéraux, les conservateurs et les néo-démocrates de Thomas Mulcair. Le 19 octobre 2015, le Parti libéral s'était emparé du pouvoir avec 39,5 % des voix et 184 sièges, soit plus qu'il n'en faut pour former un gouvernement majoritaire.
Avec les informations de CBC