L'audace des candidats dans Bécancour-Nicolet-Saurel
Le candidat du Bloc Québécois dans Bécancour-Nicolet-Saurel est le doyen de la Chambre des communes.
Photo : Radio-Canada / Marilyn Marceau
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
« C’est la mémoire vivante du comté! Il a du coeur à l’ouvrage! » Ces paroles ne sont pas tirées d’une publicité de campagne du candidat bloquiste Louis Plamondon, mais bien de la bouche de son adversaire libérale. Dans Bécancour-Nicolet-Saurel, bien mal avisé serait celui qui ne dirait que du mal du doyen de la Chambre des communes, que les citoyens de la circonscription ont élu à dix reprises.
Il faut du courage et de l’audace pour espérer déloger celui qui représente l’endroit depuis 35 ans. En même temps, l’usure du pouvoir - ou dans son cas de l’opposition - pourrait amener les électeurs à voter pour un changement.
En tournée dans un restaurant du secteur de Gentilly, Nathalie Rochefort peut mesurer le respect que les gens portent à Louis Plamondon. Je trouve qu’il est quand même pas mal présent et actif dans le comté
, affirme un résident de Bécancour rencontré à l’heure du déjeuner.
Je suis la petite nouvelle dans la région, j’ai fait le choix de Pierreville l’année passée
, admet d’emblée Nathalie Rochefort à ce retraité de l’Aluminerie de Bécancour (ABI).
La candidate du Parti libéral du Canada a vite compris qu’attaquer son principal adversaire ne la mènera à rien avec les électeurs.
Elle va jusqu’à proposer qu’il joigne son équipe au lendemain des élections… si elle est élue bien sûr. J’aimerais bien qu’il continue à faire du bénévolat le 22 octobre en m’aidant et surtout en me passant toute l’information
, explique-t-elle.
Nathalie Rochefort affirme que les électeurs lui parlent beaucoup d’environnement, de fonds de pension, du programme de sécurité de la vieillesse et de qualité de vie.
Elle affirme que les familles lui vantent les bienfaits de l’Allocation canadienne pour enfants mise sur pied par le gouvernement libéral.
Par contre, l’endettement préoccupe certains électeurs. M.Trudeau, moi, je l’adore, mais j’espère qu’on s’endettera pas trop. J’ai peur un peu
, lui dit un citoyen rencontré à Bécancour.
Espérer profiter d’un vent de changement
Les candidats qui affrontent Louis Plamondon auront besoin d’une forte volonté de changement chez les électeurs pour espérer se frayer un chemin jusqu’à la victoire.
Mais pour l’instant, c’est à travers les allées du Marché Godefroy que le candidat du Parti conservateur du Canada tente de se frayer un chemin. Pierre-André Émond réussit à distribuer des dépliants aux clients venus faire des emplettes.
L’homme qui habite à Sainte-Anne-de-Sorel mise sur la possibilité que son parti forme le pouvoir pour remporter des voix.
Avoir un député qui a toutes ses chances d’accéder à un parti au pouvoir, ça peut apporter des outils supplémentaires dans le comté
, nous explique-t-il en marge de sa tournée au Marché Godefroy.
Un électeur rencontré au détour des légumes frais lui confirme qu’il a voté pour sa formation politique. On veut un vent de changement!
, lui dit une autre électrice.
Par contre, le candidat essuie aussi un le parti conservateur, c’est pas bon
que lui lance une citoyenne.
Pierre-André Émond affirme qu’il aime le contact avec les gens et ne se laisse pas décourager. L’optimisme est de mise quand on se présente contre Louis Plamondon.
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Affronter de grosses pointures
Le candidat du Parti vert du Canada dans Bécancour-Nicolet-Saurel est habitué à se présenter contre de grosses pointures.
David Turcotte, qui n’était pas né quand Louis Plamondon a été élu pour la première fois, a affronté à deux reprises la péquiste Pauline Marois dans la circonscription de Charlevoix : d’abord en 2007 lors d’une élection partielle, puis en 2008 lors du scrutin général. L’ancienne première ministre avait récolté plus de la moitié des voix.
Le but n’était pas de gagner, mais de faire valoir les idées du Parti vert, explique le candidat qui habite à Trois-Rivières.
Encore aujourd’hui, il investit du temps à rencontrer des électeurs, parce qu’il veut que les idées de sa formation politique cheminent.
Il affirme qu’au fil des ans, la réflexion des électeurs semble avoir évoluée. Je constate une ouverture au niveau des politiques environnementales, on sent que peu importe le parti que la personne va soutenir, il y a une inquiétude à ce niveau-là.
J’accompagne David Turcotte dans un restaurant de Bécancour, alors qu’il va à la rencontre des électeurs, pour remarquer qu’il ne leur parle pas que d’environnement.
Si l’environnement vous tient à coeur ou la justice sociale également, je vous invite à consulter notre site
, dit-il aux clients attablés à la pizzéria.
La force de continuer
Ce n’est pas ma dernière. Deux, trois autres élections et là, je vais peut-être penser à arrêter!
Voilà ce que répond le candidat du Bloc québécois dans Bécancour-Nicolet-Saurel, Louis Plamondon, à des électeurs qui lui demandent s’il pense à se retirer de la vie politique.
Même si c’est sa onzième campagne électorale, Louis Plamondon n’a pas ralenti le rythme. Il multiplie les activités de campagne sur le terrain.
Au souper de la FADOQ à Nicolet, le député sortant est venu à la rencontre des citoyens avec qui il a une grande facilité à communiquer.
Ça va merveilleusement bien, répond-il à une dame qui s’informe de son état, surtout avec mon chef qui performe bien!
Beaucoup sont impressionnés de le voir se donner autant pour ce qui est sa onzième campagne électorale.
Le plus difficile dans les nouvelles campagnes, c’est le nombre de débats
, explique-t-il à d’autres électeurs attentifs à ses propos. On passe beaucoup de temps sur cela et on a moins de temps pour aller rencontrer les gens.
Louis Plamondon a toujours passé beaucoup de temps à faire du porte-à-porte. À l’époque de sa première campagne électorale, en 1984, les gens n’étaient pas habitués à voir le candidat venir à leur porte privée dans son comté
, se souvient-il.
Ce n’était pas encore établi, c’était plus des messages dans les journaux, des messages à la télévision, radio ou de grandes assemblées, dit-il. J’avais fait sept grandes assemblées dans mon comté.
Le député sortant en sait un bout sur comment se faire élire. Il affirme que pour gagner le vote d’un électeur, il est important d’être authentique et d’être présent et attentif à leurs besoins personnels
.
D’ailleurs, les gens lui parlent parfois de problèmes qui n’ont rien à voir avec la politique fédérale, comme ce fût le cas quelques heures avant notre rencontre. Un résident d’un HLM lui a parlé d’une branche nuisible. Même s’il est en pleine campagne électorale et que ce n’est pas de son ressort, Louis Plamondon a diplomatiquement fait des démarches pour tenter de régler la situation. Il juge que c’est important de le faire.
Le chef du parti compte aussi pour beaucoup, selon lui.
Si M. Blanchet avait complètement manqué ses débats, les meilleurs candidats auraient pu être battus. Mais quand il performe comme ça, ça nous aide énormément
, dit-il.
Sur le terrain, le candidat bloquiste, qui habite à Sorel-Tracy, se fait parler de la pension de vieillesse ainsi que de l’état des routes et des soins de santé.
Bien que la santé ne soit pas de compétence fédérale, Louis Plamondon répond aux électeurs, que selon lui, il faudrait que les transferts d’argent d’Ottawa aux provinces pour la santé soient plus élevés. On va revendiquer cela beaucoup
, dit-il.
Étonnamment, presque personne ne lui parle de la crise que le Bloc a connue il y a quelques mois et ce, même si Louis Plamondon était l’un des députés dissidents qui s’étaient dissociés du parti alors gouverné par Martine Ouellette.
Après avoir fait sa tournée des tables au souper de la FADOQ à Nicolet, Louis Plamondon se rendait à un salon funéraire, puis à une pièce de théâtre dans une école secondaire de la région.
Force est de constater que même après 10 campagnes électorales, le candidat a encore l’énergie et l’intérêt de défendre son siège.
Démarche : Dans le cadre de la série Au coeur de la campagne, j’ai demandé aux candidats des six principaux partis (BQ, NPD, PCC, PLC, PPC et PVC) de la circonscription de Bécancour-Nicolet-Saurel de me laisser les accompagner dans une activité de campagne au cours de laquelle ils allaient à la rencontre d’électeurs. Munie d’un micro arborant le logo de Radio-Canada, j’ai assisté aux échanges entre candidats et électeurs, baissant parfois mon micro pour pouvoir observer ce qu’il se passe réellement sur le terrain. Le candidat du Parti populaire du Canada, Richard Synnott, nous a déclaré ne pas faire de campagne active sur le terrain. La candidate du Nouveau parti démocratique, Carole Lennard, n'a pas répondu à nos messages.