Plus de 300 accusations pour traite de personnes en Ontario et au Québec

L'arrestation de l'un des suspects par la Police régionale de York.
Photo : Police régionale de York
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Plus de 300 accusations ont été portées et 31 personnes ont été arrêtées lors d'une enquête sur la traite de personnes et le crime organisé à laquelle ont participé différents corps policiers en Ontario et au Québec.
Les arrestations et une série de perquisitions ont eu lieu à plus de 30 endroits différents, jeudi dernier, dans le Grand Toronto et au Québec.
Les policiers disent avoir démantelé un réseau de prostitution dans les régions de Toronto et d'Ottawa, en Ontario, et dans l'Ouest canadien, qui faisait de la traite de personnes à partir du Québec.
Les enquêteurs ont identifié 12 victimes. La police cherche à retrouver 33 autres femmes qui auraient été mêlées au réseau au cours de la dernière année.
La majorité des femmes venaient du Québec et avaient été amenées en Ontario ou ailleurs au Canada pour la prostitution.
Il s'agit de femmes dans la vingtaine et la trentaine.

Thai Truong, de la Police régionale de York
Photo : Radio-Canada / Matéo Garcia-Tremblay
Ces femmes pouvaient sourire aux clients, mais ne vous méprenez pas, elles n'étaient pas des participantes consentantes, raconte M. Truong. Elles étaient sous l'emprise [du réseau].
Violence
Dans de nombreux cas, les victimes sont forcées de se livrer au commerce du sexe par la violence, les menaces de violence, la coercition et la tromperie
, indique Eric Jolliffe, le chef de la Police régionale de York, en banlieue de Toronto.
En plus de la Police régionale de York, l'Équipe intégrée de lutte contre le proxénétisme du Québec s’est jointe à l'enquête appelée projet « Convalesce », tout comme la Police provinciale de l’Ontario, le Service de police de Toronto et la Police régionale de Peel.
La police exhorte les victimes de la traite de personnes à demander de l'aide.
Nous demeurons très préoccupés par le niveau épouvantable de violence et la victimisation des femmes au sein de ces réseaux de traite de personnes
, affirme le chef de police Jolliffe.

Les dirigeants du groupe criminel démantelé, selon la police
Photo : Police régionale de York
Le projet « Convalesce » est le fruit d'une enquête lancée en octobre 2018 au sujet du présumé proxénète québécois Jonathan Nyangwila. Deux victimes du Québec, qui étaient alors contraintes de se prostituer dans un hôtel en banlieue de Toronto, avaient contacté la police après avoir tenté de lui échapper.
Les enquêteurs ont ensuite identifié de nombreux autres suspects. Jonathan Nyangwila était le chef du groupe et était appuyé de trois de ses frères et d'un cousin, selon le détective Truong.
Victimes « déracinées »

Dominique Côté, du SPVM (au centre)
Photo : Radio-Canada / Matéo Garcia-Tremblay
Dominique Côté, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et de l’Équipe intégrée de lutte contre le proxénétisme, n'est pas surpris de voir des victimes québécoises être amenées en Ontario.
[Les proxénètes vont] déraciner des jeunes femmes, les sortir de leur milieu, les déraciner de leur point d'ancrage pour ensuite les répartir selon le besoin qu'on identifiera.
M. Côté explique qu'ainsi éloignées de leur famille et de leurs amis, il est difficile pour ces femmes d'obtenir de l'aide, sans parler de la barrière linguistique.
Elles se retrouvent seules, complètement démunies
, dit-il.
Selon la Police régionale de York, le réseau démantelé était aussi impliqué dans la production de fausses pièces d'identité ainsi que dans le trafic de drogue, la fraude par cartes bancaires et des crimes commis avec des armes à feu.
Les accusations contre les individus appréhendés incluent : traite des personnes, harcèlement criminel, fraude, vol d'identité, gangstérisme, possession illégale d'une arme à feu et trafic de cocaïne.
Les policiers indiquent que leur enquête se poursuit. Ils recherchent toujours 11 suspects et craignent qu'il y ait eu d'autres victimes au cours des dernières années.
Avec des renseignements fournis par Myriam Eddahia