Les obstacles des candidats dans Berthier-Maskinongé
Malgré sa blessure, la candidate libérale dans Berthier-Maskinongé, Christine Poirier, fait campagne sur le terrain.
Photo : Radio-Canada / Marilyn Marceau
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Ce qui fait le plus jaser les gens que la candidate libérale rencontre, ce n’est pas l’achat d’un pipeline par le gouvernement de Justin Trudeau... c’est son plâtre! Faire campagne en béquilles et en chaise roulante, c'est le défi de Christine Poirier, mais chaque candidat de la circonscription de Berthier-Maskinongé a son obstacle, qu'il soit physique ou politique.
De sa chaise roulante stationnée à l’entrée d'une épicerie de Louiseville, la candidate s’étire pour serrer des mains. Christine Poirier s’est cassée une cheville. Les électeurs sympathisent avec elle.
Sa mobilité est réduite, mais ça aide à créer des liens avec les gens plus facilement
, constate la candidate. C'est sa chance dans sa malchance.
Christine Poirier, qui habite à Saint-Mathieu-du-Parc, saisit l'occasion d'inciter les électeurs de Berthier-Maskinongé à voter différemment des huit dernières années.
Ça fait longtemps qu’on [la circonscription] est dans l’opposition, ça ferait du bien d’avoir l’oreille du gouvernement
, dit-elle à l'un des citoyens rencontrés.
Quand elle le peut, car les échanges sont brefs, la libérale Christine Poirier parle aussi des bienfaits de l'Allocation canadienne pour enfants instaurée par le gouvernement Trudeau.
Ralentie par les béquilles, Christine Poirier aimerait prendre les devants sur la députée sortante néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau.
L'obstacle de Ruth Ellen Brosseau : le chef de son parti
Ruth Ellen Brosseau a mis une heure à parcourir les 500 mètres qui séparaient son bureau de campagne au kiosque de l'entreprise de son conjoint, durant le Festival de la galette de sarrasin. J'ai compris pourquoi en l'accompagnant sur la rue principale dans le cadre de ce reportage.
À peine le pied mis dehors, Ruth Ellen Brosseau rencontre des gens qu'elle connaît et qui prennent de ses nouvelles. La candidate néo-démocrate, qui habite à Yamachiche, raconte que les gens sont heureux qu'elle ait pris racine
dans la circonscription. Elle doit constamment se forcer à mettre fin aux discussions pour continuer sa tournée.
Après quelques mètres, nous rencontrons enfin des électeurs qui ne lui ont jamais parlé.
Pas vrai!
, s’exclame un résident de la région en apercevant Ruth Ellen Brosseau. Il s’empresse de demander à ses amis de le prendre en photo avec elle. Une fois la députée sortante partie, ils me confient qu’ils la trouvent très présente dans la circonscription et qu’elle travaille réellement pour eux.
Plusieurs citoyens croient qu'elle sera réélue, mais il y a un obstacle : son chef, Jagmeet Singh.
Toujours loin des oreilles de la candidate, des électeurs nous disent qu'ils ne voteront jamais pour quelqu'un qui porte un turban.
Ruth Ellen Brosseau se fait régulièrement parler du turban de Jagmeet Singh. Dans Berthier-Maskinongé, on n'a personne qui porte le turban
, affirme la candidate, pour expliquer la curiosité des électeurs.
Les problèmes de la couverture cellulaire et Internet sont des dossiers qui lui tiennent à coeur et dont elle est aussi souvent amenée à discuter avec les résidents de la circonscription.
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L'obstacle du candidat bloquiste : son rôle d'opposition
Les électeurs de Berthier-Maskinongé en ont-ils marre d'être dans l'opposition? Le Bloc québécois espère que non.
Sur le terrain, le candidat bloquiste récolte des réactions positives.
Au souper de la FADOQ à Louiseville, qui se tient en marge du Festival de la galette de sarrasin, Yves Perron se fait parler de son chef Yves-François Blanchet.
Les électeurs sont fiers qu'Yves-François Blanchet habite en Mauricie (à Shawinigan) et ils trouvent qu’il a bien performé lors de débats. Des compliments qui font particulièrement plaisir à Yves Perron, qui est aussi président de son parti, puisqu'il a participé au recrutement de M. Blanchet.
Alors qu'il se fraie un chemin entre les tables pour aller serrer des mains, Yves Perron se fait spontanément parler de la loi 21 sur la laïcité. Des électeurs ont peur que le prochain gouvernement fédéral ne la conteste.
On va aller au front pour ça
, répond Yves Perron à un citoyen qui l'aborde sur ce sujet. Le candidat, qui habite à Saint-Félix-de-Valois, répète que son parti veut défendre les intérêts des Québécois à Ottawa.
Malgré le bel accueil qu'il reçoit au souper de la FADOQ, le candidat du Bloc québécois est bien conscient que rien n'est encore gagné. Il souligne d'ailleurs à ceux qui lui sont favorables que la course est serrée dans la circonscription et donc, qu’il est important qu'ils aillent voter.
L'obstacle de la conservatrice : l'impopularité de son parti dans la région
Durant la campagne, les candidats veulent rencontrer autant d’électeurs que possible. En plein jour de semaine, il faut trouver des endroits où des électeurs se rassemblent et les salles de quilles sont un arrêt de choix.
Au Quillorama de Louiseville, les allées sont toutes pleines. La candidate conservatrice prend soin d'aborder les joueurs qui attendent leur tour. Josée Bélanger, qui habite à Saint-Étienne-des-Grès, se présente et leur remet un dépliant, tout en les questionnant sur la partie de quilles en cours.
Son parti n'a jamais été élu dans Berthier-Maskinongé, une circonscription dont le nom et les frontières ont été redéfinis il y a 15 ans.
Laissez-moi une chance
, lance Josée Bélanger en rencontrant les électeurs. Au sujet de Ruth Ellen Brosseau, elle raconte que les gens lui disent "elle est fine" et je leur dis :"moi aussi, je vais être fine"! Et là, ils partent à rire
.
À ceux qui seraient tentés de voter Bloc québécois, elle répond : Moi, je suis nationaliste, mais je veux un Québec fort, mais dans le Canada, explique la candidate du Parti conservateur du Canada, Josée Bélanger, à un joueur de quilles. Le Bloc il ne pourra pas avoir de ministre, mais nous on peut avoir des ministres québécois
.
L'obstacle du Parti populaire du Canada : la méconnaissance
Le candidat du Parti populaire du Canada dans Berthier-Maskinongé, Luc Massé, nous donne rendez-vous à l'épicerie de Saint-Boniface, samedi après-midi.
Contrairement à son adversaire libérale, il peut facilement aller au-devant des clients pour leur offrir son dépliant. Son obstacle, c'est la méconnaissance de son parti, voire l'aversion de certains électeurs pour sa formation.
Le beau temps n'aidant pas, peu d'électeurs s'arrêtent pour discuter avec le candidat. Certains refusent même de prendre son dépliant.
Luc Massé affirme qu'au début de la campagne, il devait plus souvent expliquer qu'il se présente pour le parti fondé par Maxime Bernier, mais que depuis la participation de son chef au débat en français diffusé à Radio-Canada, les gens connaissent mieux le Parti populaire.
Même s'il n'a pas eu l'occasion de parler beaucoup de ses idées devant l'entrée de l'épicerie de Saint-Boniface, le candidat du Parti populaire, Luc Massé, est content de pouvoir croiser des gens.
Le but premier est qu’il mette une personne [sur le nom]
, dit-il, surtout qu''il ne bénéficie pas d'une aussi grande couverture médiatique que les candidats des autres partis.
Le candidat, qui habite à Saint-Étienne-des-Grès, affirme qu'il parle beaucoup du souhait de son parti d'attirer surtout des immigrants économiques et d'abolir la TPS, lorsqu'il s'entretient avec les électeurs.
Démarche : Dans le cadre de la série Au coeur de la campagne, j’ai demandé aux candidats des six principaux partis (BQ, NPD, PCC, PLC, PVQ et PPC) de la circonscription de Berthier-Maskinongé de me laisser les accompagner dans une activité de campagne au cours de laquelle ils allaient à la rencontre d’électeurs. Munie d’un micro arborant le logo de Radio-Canada, j’ai assisté aux échanges entre candidats et électeurs, baissant parfois mon micro pour pouvoir observer ce qu’il se passe réellement sur le terrain. Sur les six candidats sollicités, seul le Parti vert du Canada ne nous a pas donné de rendez-vous.
L'importance de rencontrer les candidats en personne
Souvent, les candidats n'échangent qu'une poignée de main et quelques phrases avec les électeurs sur le terrain.
Malgré tout, les électeurs rencontrés dans la circonscription affirment qu'ils apprécient de pouvoir rencontrer les candidats en personne. C’est sûr que ça peut nous influencer
, nous confie Odette Beauchemin, après avoir fait ses commissions à l'épicerie de Louiseville.
Elle ajoute que ce qui compte pour elle, c'est d'élire quelqu'un qui est présent dans le comté, présent pour nous autres
. Et elle n'est pas la seule. Plusieurs nous ont dit que c'était important.
L'environnement, la santé et le programme de la sécurité de vieillesse sont des préoccupations que les électeurs de la circonscription nous ont mentionnées.