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Élections fédérales 2019 : la droite religieuse veut se faire entendre

Un homme avec des lunettes tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Abortion kills children".

Un homme présent lors de la chaîne humaine contre l'avortement organisée à Grimsby le 6 octobre 2019.

Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette

La région du Niagara dans le Sud de l’Ontario, réputée pour sa beauté et ses vins, est aussi reconnue pour les fortes croyances religieuses de sa population. À l’approche du scrutin fédéral, le mouvement anti-avortement local prend de plus en plus de place, afin de rouvrir ce débat sur la scène politique.

En pleine campagne électorale dimanche dernier, environ 200 personnes formaient une chaîne humaine au centre-ville de Grimsby, une petite municipalité du Niagara.

Parmi les adultes et enfants présents, certains tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des messages tels que L’avortement tue les enfants et Je suis pro-vie.

Nous ne sommes pas d’accord avec ça [l’avortement]. L’avortement tue les enfants, a indiqué Sarah Groothedde, une manifestante présente avec sa fille adoptée.

À ses côtés, son mari, Albert, a approuvé.

On espère que nos voix seront entendues et que l’avortement sera interdit, a-t-il ajouté.

Le même après-midi, deux autres chaînes humaines anti-avortement ont eu lieu non loin de Grimsby, à St. Catharines et Niagara Falls.

On voit à gauche une longue rangée de gens qui tiennent des pancartes contre l'avortement. À droite, on voit la rue principale avec des voitures qui circulent. Au-dessus des automobiles, on peut lire "Downtown Grimsby".

Environ 200 personnes ont pris part à la manifestation anti-avortement à Grimsby en Ontario le 6 octobre 2019.

Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette

L’objectif, selon les organisateurs, était de ramener cet enjeu à l’avant-plan.

Souvent, l’activisme pro-vie est dirigé vers les politiciens, mais les gens doivent être convaincus dans leur cœur que l’avortement tue des enfants... Comme ça, les gens demanderont des changements, a soutenu Daniella DeVries, l’organisatrice du rassemblement à Grimsby.

À travers la chaîne humaine, une douzaine d’individus ont organisé une contre-manifestation.

On est ici aujourd’hui pour envoyer un message pendant cette période d’élection : le choix est encore un enjeu important, a affirmé de son côté Jennifer Botari, fondatrice du mouvement Handmaid’s Local, qui milite pour les droits des femmes à l’avortement.

Tout s'est déroulé dans le calme, mais cette scène représentait une réalité bien présente dans le Niagara, où l’électorat a à cœur de défendre ses convictions religieuses.

Si le nombre de sièges que peuvent rafler les partisans du mouvement anti-avortement est limité, il reste que leur influence est palpable dans la région.

Laura Ip, une conseillère pour la région du Niagara dans St. Catharines, est ouvertement pro-choix.

Je crois que beaucoup de femmes qui ont subi un avortement dans la région sont très silencieuses à ce sujet parce qu’elles ne veulent pas subir de “backlash” [réactions hostiles] parce que nous sommes dans un secteur très religieux ici, pense-t-elle.

Le progressiste-conservateur Sam Oosterhoff.

Le progressiste-conservateur Sam Oosterhoff

Photo : La Presse canadienne / Aaron Lynett

En 2016, les électeurs de la circonscription de Niagara-Ouest ont élu le progressiste-conservateur Sam Oosterhoff à l’Assemblée législative de l’Ontario.

Le plus jeune député de l’histoire de Queen’s Park a fait les manchettes plusieurs fois depuis en raison de ses déclarations anti-avortement.

En mai, après que M. Oosterhoff eut publiquement dit qu’il promettait de travailler pour rendre l’avortement impensable, Mme Ip a fait une sortie publique afin de condamner les propos du jeune élu.

Elle affirme avoir reçu ensuite beaucoup de messages haineux.

Des femmes et des hommes tiennent des pancartes debout sur le trottoir.

Des manifestants pro-choix lors de la chaîne humaine contre l'avortement à Grimsby le 6 octobre 2019.

Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette

Voter selon ses convictions religieuses

Bien que la plupart des projections aux élections fédérales donnent la majorité des sièges des régions rurales du Sud de l’Ontario aux conservateurs, les pancartes en soutien au Parti de l’héritage chrétien (PHC) sont visibles sur plusieurs propriétés de la circonscription de Niagara-Ouest.

Le PHC, bien qu’il reste marginal dans les intentions de vote, est le seul parti fédéral qui indique clairement dans sa plateforme être contre l’avortement.

La PHC présente 23 candidats en Ontario, dans les 121 circonscriptions de la province, dont 3 dans le Niagara.

J’ai reçu trois appels la semaine dernière de dames me disant qu’elles iraient voter à nouveau. Elles m’ont aussi demandé de leur apporter des pancartes, raconte Harold Jonker, un père de 13 enfants qui se présente pour une troisième fois sous la bannière du PHC dans le Niagara.

La première raison pour laquelle je me présente, c’est l’enjeu de l’avortement.

Une citation de Harold Jonker, candidat pour le Parti de l’héritage chrétien dans Niagara-Ouest
Un homme en complet-cravate avec des lunettes regarde la caméra. Derrière lui, on voit un champ, dans une région rurale.

Harold Jonker, candidat pour le Parti de l'héritage chrétien dans la circonscription de Niagara-Ouest

Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette

La droite religieuse, un poids dans les élections fédérales?

Selon Shannon Moore, directrice du Centre d'études sur les femmes et le genre de l’Université Brock à St. Catharines, seulement une fraction de la population de la région adhère à ce genre de croyances, mais celle-ci a l’habitude de se rendre aux urnes.

Je crois qu’ils ont un poids. Ils sont minoritaires, mais ils sortent voter le jour du scrutin, indique la professeure.

Mme Moore ajoute néanmoins que les croyances commencent à changer dans la région alors que la population se diversifie.

Le politologue Larry Savage, de l’Université Brock, est pour sa part moins convaincu du poids de la droite religieuse dans les prochaines élections.

J’ai l’impression qu’il y a plus de conservatisme religieux dans cette région que dans le reste de l’Ontario, mais je pense que c’est concentré dans les secteurs ruraux et que la plupart de ces secteurs sont dans la circonscription de Niagara-Ouest, explique Larry Savage.

Un couple tenant des pancartes contre l'avortement et un parapluie est sur le trottoir.

Un couple qui a bravé les intempéries pour participer à la chaîne humaine contre l'avortement à Grimsby le 6 octobre 2019.

Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette

Quand l’avortement s’invite dans la campagne électorale

Depuis le début de la campagne, la question de l’avortement a été omniprésente parmi certains partis et candidats.

Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, a finalement précisé sa position et révélé qu’il était pro-vie, quitte à déplaire à une partie de son électorat.

Le chef conservateur a toutefois ajouté qu’il voterait contre tout projet de loi destiné à restreindre l’accès à l’avortement.

Andrew Scheer, chef du Parti conservateur.

Le chef conservateur porterait la décision du tribunal des droits de la personne en appel, affirme un porte-parole du parti.

Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward

Le Parti vert a également été éclaboussé par la question.

Au début de la 5e semaine de campagne, Marthe Lépine, la candidate dans Glengarry-Prescott-Russell, s’est vue montrer la porte du Parti vert en raison de ses propos anti-avortement tenus sur le web.

Deux autres candidats verts ont aussi été rattrapés par leur passé, mais pas écartés du parti. Mark Vercouteren, candidat dans Chatham-Kent–Leamington, et Macarena Diab, candidate dans Louis-Hébert, se sont opposés, à une époque, à l’avortement.

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