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Un ancien employé du CHR critique la prime de 5 % qui sera offerte aux infirmiers

Le centre vu de l'extérieur.

Le Centre hospitalier Restigouche est l'hôpital psychiatrique du Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Un ancien infirmier du Centre hospitalier Restigouche (CHR) croit que la prime de 5 % qui sera offerte aux infirmiers du centre n’est pas une solution viable au problème de recrutement et de rétention du personnel.

Le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick (SIINB) a indiqué cette semaine qu’il portait plainte contre le Réseau de santé Vitalité concernant cette prime.

Le syndicat n’est pas le seul à trouver que cette mesure est inadéquate.

Luc Roussel a travaillé au CHR pendant 33 ans avant de partir à la retraite en avril 2018. Dans sa carrière, il a été témoin des difficultés du métier d’infirmier, surtout lorsqu’on travaille dans un centre psychiatrique.

Selon lui, cette prime est une bonne nouvelle, mais elle ne répond pas aux réalités ardues que doivent affronter les employés du CHR au quotidien.

Luc Roussel, infirmier à la retraite, en entrevue.

Luc Roussel a travaillé pendant 33 ans au Centre hospitalier Restigouche et connaît bien le climat malsain qui s'y est installé depuis 2010.

Photo : Radio-Canada

Ce 5 % ne suffit pas. Je pense que Vitalité et le conseil d’administration du CHR ont un sérieux travail à faire, dit-il.

Il ne croit pas que cette prime aura une influence décisive sur le recrutement et la rétention des employés parce que le problème n’est pas seulement lié au salaire.

On dit qu’il y a un problème de rétention et de recrutement, mais on ne prend pas le temps de s’arrêter au problème réel, qui est la gestion du personnel, indique le retraité. C’est ça, le problème, on ne peut pas aller plus loin.

M. Roussel croit qu’une meilleure gestion des employés ferait une bien plus grande différence qu’une prime de 5 pour cent. Selon lui, l’état de santé de plusieurs employés témoigne des difficultés quotidiennes du personnel.

Il faut qu’ils prennent soin de leurs employés, ça fait longtemps que je le dis, a-t-il indiqué.

« Puis je pense que le CHR est malade, il faut vraiment qu’il se soigne »

— Une citation de  Luc Roussel, employé retraité du CHR

À la retraite depuis un peu plus d’un an, Luc Roussel ne regarde pas en arrière.

J’avais la chance de quitter et j’ai quitté la profession. Je ne veux même pas retourner travailler dans le domaine de la santé parce qu’à mes yeux, le domaine de la santé est aussi très malade.

Un avis partagé

Luc Roussel n'est pas le seul à penser de la sorte.

À mon sens, le problème de pénurie au service des infirmiers est beaucoup plus large que ça, puis avec le 5 % d'incitatif, moi j'ai l'impression que ça va avoir un impact à peu près négligeable, croit le directeur du programme médical de psychiatrie au Centre hospitalier universitaire Georges-L.-Dumont, Louis Thériault.

Les offres d'emploi sont disponibles maintenant partout dans les grands centres, dans les autres provinces aussi. Alors 5 % je ne pense pas, en termes de revenu annuel, que ce sera vraiment un incitatif suffisant pour les retenir et les attirer de façon significative.

Luc Thériault dans son bureau.

Louis Thériault, directeur du programme médical de psychiatrie au Centre hospitalier universitaire Georges-L.-Dumont (archives)

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Il ne croit pas qu'une telle prime poussera des infirmiers à quitter leur emploi actuel pour travailler au CHR. Selon lui, les coûts pour déménager au Restigouche n'équivalent pas la prime de 5 % qu'ils auraient s'ils changeaient de lieu de travail.

À mon sens, il faut vraiment revoir complètement la façon dont on valorise, dont on rémunère, dont on emploie les infirmiers et les infirmières et je pense que ça dépasse le revenu, je pense qu'il faut vraiment qu'on soit plus exhaustif dans notre approche, souligne le directeur.

Louis Thériault pense comme Luc Roussel que pour assurer la rétention du personnel infirmier, les institutions doivent miser sur des conditions de travail qui répondent aux besoins des employés.

Il faut vraiment examiner des conditions de travail, la fréquence des quarts de travail, la vie, la qualité des collègues avec qui on travaille et la satisfaction personnelle, qui à mon sens sont des facteurs tout aussi important, sinon plus important, qu'une augmentation de 5 % au salaire, dit-il.

Il croit que même si l'on augmentait le salaire des tous les infirmiers de 10 à 15 %, il n'y aurait pas plus de candidats qui voudraient exercer le métier parce que les conditions de travail sont telles qu'elles sont.

La prime est un message positif, juge la direction de Vitalité

Ce n’est pas la seule initiative pour améliorer les conditions de travail du personnel du Centre hospitalier Restigouche, explique le président-directeur général du Réseau de santé Vitalité, Gilles Lanteigne

[...] on regarde régulièrement les suivis, comment on peut à travers de la formation mieux préparer les gens. À travers un meilleur support, des initiatives là aussi de travail d’équipe, de travail avec les familles, améliorer l’atmosphère, indique M. Lanteigne.

Le président du Réseau de santé Vitalité, Gilles Lanteigne en entrevue

Le PDG du Réseau de santé Vitalité, Gilles Lanteigne, dit comprendre Luc Roussel (archives).

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Je suis d’accord avec M. Roussel que 5 % ce n’est pas beaucoup. Par contre, c’est quand même un message qu’on envoie. On envoie un message positif. Comme il le dit si bien, ce n’est pas uniquement l’argent, c’est un ensemble de moyens qui font que les choses se rétablissent, s’améliorent, reconnaît Gilles Lanteigne.

Des primes du genre sont aussi offertes au personnel en psychiatrie dans d’autres provinces, ajoute le PDG de Vitalité. Ce sont peut-être des choses auxquelles on n’est pas habitué ici, mais ailleurs ça fait depuis des années parce que le travail est reconnu comme étant spécifique et très spécialisé, dit-il.

Avec des renseignements de Wildinette Paul et de l'émission radiophonique La matinale, d'ICI Acadie

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