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Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
En vertu du projet de loi 43 déposé mercredi par la ministre de la Santé, Danielle McCann, les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) pourront désormais poser certains diagnostics, déterminer des plans de traitement et effectuer des suivis de grossesses.
Comme il l’avait annoncé en février, le gouvernement Legault entend miser davantage sur les IPS pour améliorer l’accès aux soins médicaux et aux services de santé, notamment en première ligne, où la situation est la plus problématique.
Pour ce faire, la ministre McCann entend laisser les coudées franches aux IPS qui prêtent main-forte aux médecins dans les cliniques et les hôpitaux de la province, où elles sont actuellement jumelées à des médecins de famille.
Or, Québec va plus loin avec cette modification de la Loi sur les infirmières et les infirmiers en proposant de permettre aux IPS d’exercer leurs activités professionnelles sans que celles-ci nécessitent une autorisation du Collège des médecins du Québec.
La ministre de la Santé du Québec, Danielle McCann, a déposé le projet de loi qui étend le champ de compétence des infirmières praticiennes spécialisées.
Photo : Radio-Canada
Diagnostics, plans de traitement et suivis de grossesses
Si le projet de loi 43 est adopté tel quel, les IPS pourraient dorénavant aussi poser certains diagnostics, déterminer des plans de traitement pour certaines maladies et effectuer le suivi des grossesses dites normales ou à faibles risques.
Actuellement, les IPS doivent obligatoirement s’en remettre à un médecin pour avoir le droit de poser un diagnostic à l'exception de six maladies chroniques qu'elles ont présentement le droit de diagnostiquer.
Après l'adoption de la loi, la ministre explique qu'elles pourront diagnostiquer l'ensemble des maladies chroniques et les conditions mineures. Cela éliminera du même coup la nécessité pour le patient de prendre un autre rendez-vous pour faire valider le diagnostic auprès d'un médecin, a expliqué Danielle McCann.
Ces mesures sont destinées, selon la ministre, à délester les médecins de cette responsabilité de supervision et leur permettre de se concentrer davantage sur les cas plus lourds.
Selon l'évaluation qu'on en fait, ça pourrait dégager autour de 25 % du temps des médecins qui sont impliqués dans la supervision des infirmières praticiennes spécialisées.
Selon la ministre, les IPS sont en mesure de dispenser 80 % des soins et des services auxquels s’attendent les patients en première ligne, ce qui correspond aux cas de priorité 4 et 5 dans le classement appliqué dans les urgences d’hôpitaux.
En termes d’administration, le projet de loi propose également que l’exercice des activités des IPS relève désormais de la Loi sur les infirmières et infirmiers et qu’il soit assumé par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).
En d'autres termes, les nouveaux gestes autorisés par cette loi deviendraient par conséquent des gestes infirmiers et non plus des gestes médicaux réservés aux médecins.
L'élargissement du champ de compétences des infirmières praticiennes spécialisées pourrait libérer énormément de temps pour les médecins, selon le ministère de la Santé.
Photo : iStock / Photographerlondon
Par le fait même, il reviendrait à la direction des soins infirmiers des établissements de santé où travaillent des IPS d’assurer la surveillance et le contrôle de ces activités.
Affirmant avoir travaillé en collaboration avec le Collège des médecins et l’OIIQ pour mettre au point ces nouvelles responsabilités confiées aux IPS, la ministre McCann a réitéré dans un communiqué sa détermination à instaurer des solutions durables pour améliorer l’accès aux soins et aux services dans le système de santé québécois.
Mettre de l’avant les grandes compétences et l’expertise des infirmières praticiennes spécialisées est un jalon important de notre vision.
Le Collège des médecins approuve
Cette nouvelle avancée des superinfirmières dans le champ des compétences des médecins québécois obtient par ailleurs l'approbation du Collège des médecins, qui affirme avoir offert son entière collaboration afin que les IPS puissent désormais poser certains diagnostics à la hauteur de leurs connaissances et de leurs compétences, explique le président du Collège des médecins du Québec, le docteur Mauril Gaudreault.
Nous nous sommes engagés à travailler tous ensemble afin d’assurer une collaboration optimale entre les médecins et les infirmières, au bénéfice de la population du Québec.
Le Collège des médecins assure avoir pleinement collaboré avec la ministre de la Santé.
Photo : iStock
Or, l'ordre professionnel des médecins québécois n'a cependant pas toujours été de cet avis. Depuis leur entrée en service, les médecins s'opposaient à ce que les IPS soient autorisées à poser des diagnostics. Mais le 23 février dernier, le Collège des médecins a changé d'avis et finalement décidé d'accéder aux demandes de la ministre de la Santé.
En ce qui a trait à l'impact de ces mesures sur la rémunération des médecins omnipraticiens, la ministre McCann a expliqué qu'une fois le projet de loi adopté, des ajustements salariaux seront à prévoir pour les médecins.
Ces derniers touchent actuellement un supplément d'environ 30 000 $ pour superviser une infirmière spécialisée, ce qu'ils n'auront plus à faire après l'entrée en vigueur de la loi.
Les nouvelles dispositions du projet de loi 43 pourraient être mises en oeuvre au printemps prochain, si le processus législatif se poursuit comme prévu, a estimé la ministre McCann en conférence de presse.
Des centaines de milliers de Québécois sans médecin
Le système de santé québécois compte actuellement environ 500 infirmières praticiennes spécialisées qui oeuvrent en première ligne et 150 en deuxième ligne pour tenter de répondre à la demande de consultations et de soins, qui exerce une pression énorme sur le système de santé, notamment sur les médecins.
En dépit des efforts des gouvernements successifs, 500 000 personnes attendent depuis des années qu’on leur attribue un médecin sur la liste d’attente du guichet d’accès à un médecin de famille; plus d’un million d’autres n’ont tout simplement pas accès à un médecin de famille.
Gaétan Barrette n'y voit que l'aboutissement de son travail
Interrogé sur le dépôt du projet de loi 43, le député libéral et ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette a déclaré d'entrée de jeu : Rien de ce qui est actuellement déposé n'a pas été préparé par nous.
Vous savez, dans ma dernière année [comme ministre de la Santé], j’avais même menacé le Collège des médecins de bouger là-dessus parce qu’on avait commencé à préparer cette loi-là.
Pour lui, le projet de loi de la CAQ n'est en fin de compte que la fin de nos travaux, comme je la vois depuis un an.