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Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La question des grands projets industriels au Saguenay-Lac-Saint-Jean a monopolisé les échanges lors du débat électoral tenu mercredi midi à l’hôtel Le Montagnais de Chicoutimi. Six candidats régionaux représentant autant de partis ont croisé le fer.
À moins de deux semaines du jour J, Richard Hébert (Parti libéral - Lac-Saint-Jean), Richard Martel (Parti conservateur - Chicoutimi-Le Fjord), Karine Trudel (NPD - Jonquière), Mario Simard (Bloc québécois - Jonquière), Lynda Youde (Parti vert - Chicoutimi-Le Fjord) et Jimmy Voyer (Parti populaire du Canada - Chicoutimi-Le Fjord) ont défendu leurs idées devant une centaine de personnes.
Même si le député sortant de Lac-Saint-Jean, Richard Hébert, était le seul candidat à représenter le gouvernement de Justin Trudeau, les tirs ennemis ont été groupés envers le conservateur Martel, qui se positionne vigoureusement en faveur de l’implantation d’une usine de liquéfaction de gaz naturel à La Baie moussé par l’entreprise GNL Québec.
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Échange entre Richard Martel et Mario Simard
Le projet est assorti de la construction d’un gazoduc reliant l’Ouest canadien à la Belle Province.
Comme l’a rappelé Lynda Youde, le Parti vert rejette ce projet, tout comme toute initiative nécessitant l’exploitation des énergies fossiles. Les porte-étendards des autres formations politiques veulent attendre les conclusions de l’étude menée par le Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) avant de se prononcer.
GNL, c’est un beau projet et ça va nous permettre de réduire les centrales au charbon ailleurs dans le monde. On a la chance de devenir un leader, pense Richard Martel, qui a martelé un discours semblable tout au long du débat.
Le député sortant de Chicoutimi-Le Fjord parlait d’ailleurs à un public conquis en matière de développement économique puisque l’audience était largement formée de membres de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord.
Les PME ont faim. Les équipementiers et les PME ont faim. Ils sont prêts. On est dans une transition. On va diminuer les énergies fossiles, mais pour l'instant, on en a besoin.
Économie et environnement
La notion de cohabitation entre développement économique et développement durable a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs échanges.
Le Parti vert a un plan jusqu’à 2030. Il faut, ici dans la région, s’attaquer à l’urgence climatique, a insisté Lynda Youde.
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Échange entre Jimmy Voyer et Lynda Youde
Jimmy Voyer, tout comme son chef Maxime Bernier, s’inscrit en faux contre le principe d’urgence climatique évoqué par des scientifiques des quatre coins du globe.
Ce n’est pas vrai que la terre va arrêter de tourner dans 10 ou 12 ans, a-t-il avancé.
Karine Trudel, candidate du Nouveau Parti démocratique ( NPD)
Photo : Vicky Boutin
Son adversaire a rétorqué qu’« en Chine, les gens se promènent avec des masques ». Jimmy Voyer estime que le port du masque est motivé par la « pollution de l’air » et non par les gaz à effet de serre, une déclaration qui a suscité l’étonnement dans la salle.
Le bloquiste Mario Simard a plaidé en faveur du développement des énergies propres, cette « mine d’or » sur laquelle les Québécois sont assis.
Il faut cesser de défendre une économie qui ne nous touche pas : celle du pétrole et de l’automobile, a-t-il lancé.
Plus de bateaux
La protection du béluga et du caribou forestier, dans le contexte du développement industriel et touristique, demeure une question qui polarise la population régionale.
Sur le thème de la protection du caribou forestier et du béluga, Richard Martel y est allé d’une déclaration surprenante concernant le trafic maritime dans le fjord du Saguenay.
Il a affirmé qu’actuellement, un seul bateau mouille dans le fjord chaque 18 heures et que si un projet comme GNL voit le jour, il sera plutôt question d’un navire aux neuf heures. Invité à préciser sa pensée en marge du débat, il est demeuré laconique et vague.
C’est des chiffres qu’on a sortis déjà. On a déjà parlé de ça, où est-ce qu’il y a eu des études du projet GNL. Ce sont des chiffres que les gens connaissent et que Port Saguenay connaît, a-t-il soutenu, avant de passer rapidement à la prochaine question.
L'enjeu du corridor énergétique a aussi refait surface.
C’est un bon projet le corridor énergétique. Le Canada peut faire son affaire d’un côté, on peut faire notre affaire de l’autre côté. On est ouverts aux discussions […]. En plus, M. Legault a dit que le Québec veut être la batterie de l’Amérique du Nord. Je pense que c’est quelque chose qui mérite d’être regardé et discuté.
Richard Hébert, qui affirme que les libéraux ont injecté 53 millions de dollars dans Lac-Saint-Jean en 20 mois, a lancé sur une note humoristique qu’il ne poserait pas de question à Richard Martel sur le corridor énergétique parce que son adversaire politique a « la mèche courte » dans ce dossier.
Karine Trudel, qui cumule le plus d’expérience des six débatteurs en matière de politique fédérale, a dit se fier à la science et favoriser une approche flexible favorisant « les échanges et la recherche » en ce qui a trait à la protection des espèces.
Le candidat du Parti populaire, Jimmy Voyer, abonde dans le même sens, lui qui croit aussi que des inventaires doivent être dressés, mais il estime que le plan de protection du caribou forestier du gouvernement fédéral est « très ambitieux ».
Six candidats se sont affrontés lors d'un débat régional animé par le chef d'antenne Roger Lemay.
Photo : Vicky Boutin
Fidèle aux idéologies de son parti, Mario Simard a ramené plusieurs fois le fait que le Québec a la capacité de prendre ses propres décisions à de nombreux égards.
« L’outil qu’a le gouvernement fédéral pour le caribou forestier est un bazooka. Le gouvernement du Québec, lui, peut utiliser un scalpel. Pour ce qui est du béluga, les évaluations environnementales relèvent du gouvernement fédéral. On est pris avec des infrastructures en évaluation qui ne répondent pas à nos besoins », opine-t-il.
Richard Hébert, lui, juge impératif de trouver l’équilibre entre protection et exploitation des ressources.
Mario Simard s’est montré incisif à plusieurs reprises au cours du débat et s’est targué d'être le seul à défendre une plateforme axée « entièrement sur les intérêts du Saguenay-Lac-Saint-Jean ». Il a d’ailleurs reproché à ses homologues de ne pas avoir déposé de plateforme régionale.
Est-ce à dire que vous n’avez pas de vision pour la région?, a-t-il lancé, ce à quoi Richard Martel a riposté que sa priorité est de « créer des jobs ».
Pénurie de main-d’œuvre et immigration
La pénurie de main-d’œuvre qui frappe la région de plein de fouet doit être prise de front, se sont entendus les candidats, qui conviennent qu’une partie de la solution passe par l’immigration.
La députée sortante de Jonquière a vanté les mesures du NPD, qui souhaite aussi poser des gestes pour favoriser le transfert familial des entreprises. La protégée de Jagmeet Singh croit qu’il faut aider les PME à développer les créneaux de la deuxième et de la troisième transformation.
Lynda Youde, qui représente le Parti vert, s'oppose fermement aux grands projets à Saguenay et à toute initiative nécessitant l'exploitation d'énergies fossiles.
Photo : Vicky Boutin
« Nous devons nous tourner vers de l’immigration, mais de l’immigration ciblée », dit Richard Hébert, citant l’exemple des Guatémaltèques qui oeuvrent aux Serres Toundra de Saint-Félicien.
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Échange entre Karine Trudel et Richard Hébert
La lourdeur de la bureaucratie à laquelle sont confrontés les nouveaux arrivants doit être revue, a indiqué le porte-couleur d’Andrew Scheer dans Chicoutimi-Le Fjord. Les propos de Richard Martel ont trouvé écho chez le bloquiste Mario Simard.
Pour une première fois aujourd’hui, je vais être d’accord avec M. Martel. Ça n’arrivera plus! Il faut rapatrier les pouvoirs au Québec comme la formation de la main-d’œuvre.
Le bloquiste insiste sur l’importance de créer une grappe sur les énergies renouvelables en valorisant le bois.
Karine Trudel a fait remarquer à Mario Simard qu’il ne s’est nécessairement pas rendu au débat à pied et qu’il faut défendre d’autres secteurs.
Déclaration d'impôt unique
La question de la déclaration de revenus unique, un sujet chaud dans la circonscription de Jonquière, est revenue sur le tapis.
Le Bloc québécois, le Parti conservateur et le Parti vert sont en faveur de la mise en place d’un seul rapport d’impôt, mais les libéraux et les néo-démocrates sont contre puisqu’ils craignent la perte d’emplois au Centre fiscal, où travaillent 1000 personnes.
Karine Trudel a mis Richard Martel au défi de garantir aux travailleurs qu’ils peuvent faire confiance aux conservateurs à ce sujet.
On veut simplifier la vie des Québécois, a laissé tomber Martel.
Qc Rail
Le financement d’une étude par les gouvernements provincial et fédéral au sujet de la construction d'une voie ferrée de 370 kilomètres entre Dolbeau-Mistassini et Baie-Comeau a fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières semaines.
Avant mercredi après-midi, le Bloc québécois ne s’était jamais prononcé publiquement dans ce dossier.
Je ne suis pas en concurrence avec la Côte-Nord. Je ne tiens pas à ce qu’on se vampirise une région vis-à-vis l’autre. Moi, mon adversaire, c’est l’Alberta et l’Ontario et j’aurais aimé que les autres candidats prennent fermement position pour défendre les intérêts de la région et du Québec. Ça n’a pas été fait, a résumé Mario Simard, lorsque questionné à ce sujet.
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Échange entre Richard Martel et Mario Simard
Richard Martel a confronté Mario Simard.
Mario, tu viens de Jonquière. Il faut que tu t’occupes des projets ici.
M. Martel, vous venez de la région, vous voulez qu’on ferme la forêt?, a répliqué le bloquiste.
Plusieurs intervenants régionaux craignent que le projet de Qc Rail nuise au développement de la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Saguenay.
Militaires
Pour l'anecdote, notons que Jimmy Voyer a cherché à savoir pourquoi Richard Martel, qui représente la circonscription où se trouve la 3e Escadre de Bagotville, s’exprime rarement publiquement pour « défendre les militaires ».
Jimmy Voyer, le candidat du Parti populaire du Canada, a fait réagir l'auditoire lorsqu'il a réfuté l'urgence climatique et déclaré que la pollution atmosphérique en Chine n'a pas de lien avec les gaz à effet de serre.
Photo : Vicky Boutin
C’est toujours votre collègue Pierre Paul-Hus qui prend la parole. Pourquoi vous ne prenez pas la parole dans ce dossier-là?, a questionné le candidat populaire.
Élis-moi et la prochaine fois, je vais être là! , a lancé Richard Matel du tac au tac.
Le débat, qui a duré 1 h 20, était organisé par Radio-Canada Saguenay-Lac-Saint-Jean, Le Quotidien et la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord. Il était animé par le chef d’antenne de Radio-Canada Roger Lemay et modéré par la directrice des affaires publiques de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Marie-Karlynn Laflamme.