L'ABC de GNL Québec, Arianne Phosphate et Métaux BlackRock

Si les projets industriels se concrétisent tous, le trafic maritime dans le fjord du Saguenay et l’estuaire du Saint-Laurent va augmenter considérablement.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
D'importants projets industriels pourraient voir le jour au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les ambitions de GNL Québec, Arianne Phosphate et Métaux BlackRock suscitent à la fois craintes et espoir. Certains attendent avec impatience les retombées économiques, tandis que d'autres craignent les impacts sur l'environnement. Quels sont les principaux enjeux liés à la construction d'un gazoduc, de deux mines, deux usines et d'un troisième port?

Les projets de GNL Québec, de Métaux BlackRock et d'Arianne Phosphate prévoient des installations sur le territoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Photo : Radio-Canada
GNL Québec
Le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel Énergie Saguenay de GNL Québec est indissociable de celui de la conduite de gaz de 782 kilomètres de Gazoduq. Les deux projets sont évalués à 14 milliards de dollars canadiens. D’ailleurs, les deux entreprises ont les mêmes investisseurs. GNL Québec vise à liquéfier 11 millions de tonnes de gaz naturel en provenance de l’Ouest canadien et de l’exporter sur des marchés internationaux. Le projet d'usine de liquéfaction de GNL Québec est en train de traverser le processus d'évaluation environnemental du gouvernement Québec et celui du gouvernement fédéral. Il sera aussi soumis au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
Le gazoduc quant à lui passerait du nord de l’Ontario pour traverser l’Abitibi-Témiscamingue, la Haute-Mauricie et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. La ressource serait ainsi amenée à l’usine d’Énergie Saguenay qui serait implantée au porte de Grande-Anse à La Baie.

Voici les grandes lignes du projet de GNL Québec
Photo : montage de Radio-Canada
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Métaux BlackRock
Le projet de Métaux BlackRock vise à extraire du titane et du ferrovanadium d’une mine à ciel ouvert près de Chibougamau pour ensuite les traiter dans une fonderie qui serait construite sur le bord de la rivière Saguenay, à côté de l’usine Énergie Saguenay projetée par GNL Québec. L'implantation d'une usine pour traiter le minerai de BlackRock a d'ailleurs fait l'objet d'une étude du Bureau d'audiences publiques en environnement en 2018. Les autorisations environnementales ont d'ailleurs été délivrées pour la mine ainsi que pour l'usine par Québec.
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Arianne Phosphate
Le projet d'Arianne Phosphate compte extraire 55 000 tonnes de minerai d’apatite par année dans une mine à ciel ouvert située au lac à Paul au nord du Saguenay-Lac-Saint-Jean. La durée de vie de la mine est évaluée à 26 ans. Le concentré transiterait par un éventuel terminal maritime sur la rive nord du Saguenay à Sainte-Rose-du-Nord.

Voici les grandes lignes du projet d'Arianne Phosphate.
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Plus de bateaux dans le fjord du Saguenay
Tous les projets industriels visent l’exportation de ressources naturelles. S’ils se concrétisent tous, il y aura plus de bateaux dans le fjord du Saguenay et dans l’estuaire du Saint-Laurent.
En ce moment, il y a 250 bateaux qui circulent chaque année sur la rivière Saguenay, selon les chiffres de Port Saguenay. Avec les grands projets, ce nombre pourrait grimper à 490. C'est donc dire que le trafic maritime doublerait, à toutes fins pratiques.
Actuellement, il y a deux terminaux maritimes dans le fjord du Saguenay : celui de Grande-Anse géré par Port Saguenay et celui de Rio Tinto, dans la baie des Ha! Ha!. Si le projet de mine d’Arianne phosphate va de l’avant dans sa forme actuelle, Port Saguenay construira un nouveau terminal Ce projet est évalué à 260 millions de dollars. Il s'agirait donc du troisième terminal maritime dans le fjord.
Un trafic maritime qui préoccupe
Plusieurs scientifiques craignent que la hausse du nombre de bateaux dans le fjord du Saguenay nuise aux espèces aquatiques, notamment aux bélugas. Pêches et Océans Canada affirmait en janvier 2019 que l’augmentation pourrait avoir des effets négatifs sur les populations présentes dans le fjord du Saguenay et l’estuaire du Saint-Laurent.
Le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) appuie quant à lui un avis du ministère de l’Environnement du Québec à l’effet que c’est le cumul de tous les projets qui pourrait être nuisible pour les bélugas et les écosystèmes. Comme plusieurs scientifiques et groupes environnementaux, les chercheurs du GREMM réclament une évaluation globale des projets dans le fjord.
L’augmentation du trafic maritime et la construction d’un troisième terminal pourraient aussi nuire au tourisme dans le fjord du Saguenay. Les entreprises touristiques ont peur de perdre le caractère naturel du fjord. Elles ne veulent pas côtoyer les bateaux lors de leurs activités pour des questions de sécurité.
De leur côté, les promoteurs des projets assurent qu’ils feront tout pour minimiser les impacts de leurs installations. GNL Québec a d’ailleurs déjà modifié les plans de son complexe de liquéfaction pour le rendre moins visible et moins bruyant.
Les risques d’accident
Au cours des derniers mois, des citoyens ont aussi soulevé des préoccupations quant aux risques d'accidents liés au transport de toutes ces ressources naturelles. Le gaz naturel et les différents minerais seront transportés dans des trains, des camions, des gazoducs et des bateaux. Des citoyens s’inquiètent pour la qualité de l’eau potable et pour l’équilibre des écosystèmes.
Chaque compagnie doit élaborer un plan d’urgence en cas de fuite, de déversement ou de collision.