Couvre-feu à Bagdad après des manifestations meurtrières

Un homme porte un manifestant blessé à Bagdad.
Photo : Reuters / Khalid Al Mousily
Deux jours de manifestations dans plusieurs villes en Irak, notamment à Bagdad, ont fait neuf morts par balles, dont un policier, et des centaines de blessés.
Devant cette situation, le premier ministre, Adel Abdel Mahdi, a décrété un couvre-feu dans la capitale à compter de 5 h, heure locale, pour une durée indéterminée.
Tous les véhicules et individus ont interdiction totale de se déplacer dans Bagdad à partir de 5 h du matin, jeudi, et ce, jusqu'à nouvel ordre
, a déclaré M. Abdel Mahdi.
La zone verte, où siègent les institutions nationales et l'ambassade américaine, a de nouveau été fermée en soirée.
Le chef du gouvernement a également décrété jeudi jour chômé pour tous les fonctionnaires à Bagdad.
Les manifestants, qui sont toujours rassemblés à la place Tahrir, à Bagdad, dénoncent la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics.
Le premier ministre Adel Abdel Mahdi, au pouvoir depuis une année, fait face à une contestation d’une ampleur inédite.
Il gouverne un pays à l’économie exsangue après des années de violence, à la suite de l’invasion américaine et de la lutte contre le groupe État islamique.
Le taux de chômage des jeunes s’élève à 25 %.
Le gouvernement d'Abdel Mahdi a accusé mardi des saboteurs
d'avoir délibérément fait des victimes
lors des manifestations.
Les manifestations en cours se distinguent par le caractère non partisan. Aucune organisation politique ou religieuse n’est associée au mouvement de protestation.
Le quotidien d'orientation libérale Al-Bayina al-Jadida parle d’un mouvement pour la première fois sans drapeau, sans affiches et sans slogans de parti
.
Cependant, l’influent leader chiite Moqtada Sadr a appelé ses partisans à des rassemblements pacifiques
à Bagdad.
Ailleurs au pays
Les manifestations se déroulent également dans d’autres villes du pays où des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre.
À Nassiriya, plusieurs blessés ont été enregistrés lors des manifestations et dans d’autres villes du sud.
Les forces antiémeutes déployées dans ces villes ainsi que dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Bagdad, ont de nouveau tiré à balles réelles pour disperser les milliers de manifestants. Elles ont même déclaré un couvre-feu à Najaf et à Nassiriya, sans que cela fasse cesser la contestation, ont constaté des correspondants de l'AFP sur place.
Seule exception, la ville de Bassora , où les manifestations se sont déroulées sans violence.
Pour le président irakien Barham Saleh, manifester pacifiquement
est un droit constitutionnel
, et les forces de l'ordre sont là pour protéger les droits des citoyens
. Nos jeunes veulent des réformes et du travail, c'est notre devoir de satisfaire ces demandes légitimes.
De son côté, la Commission des droits de l'homme du Parlement irakien a dénoncé une répression
dont les responsables devront rendre des comptes
.
Le Conseil national de sécurité a souligné pour sa part la liberté de manifester et les demandes légitimes des manifestants
tout en condamnant les actes de sabotage qui ont accompagné les protestations
.