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Québec peut-il vraiment s’inspirer de l’Oregon pour sécuriser l’A-50?

Le devant d'un véhicule abîmé par le câble des glissières.

Un véhicule qui percute une glissière à câbles en Alberta. (archives)

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

En mêlée de presse, le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, a déclaré mardi matin que les glissières à câbles qui seront installées temporairement sur l’autoroute 50 demeurent « un bon choix », en citant l’exemple de l’État de l'Oregon aux États-Unis et de la Suède, où des barrières semblables sont installées.

Le ministre réagissait à l'enquête de Radio-Canada révélant que l’installation de ces glissières de sécurité n’est pas recommandée pour une autoroute comme l'A-50, autant en Alberta qu’aux États-Unis.

Selon les documents et les experts consultés par Radio-Canada, une distance de six mètres entre les deux voies opposées est nécessaire pour que cette clôture soit efficace et qu’elle permette d’éliminer les risques de collision entre véhicules, et de décapitation chez les motocyclistes.

Vérification faite, une glissière à câbles à haute tension est effectivement installée à Cherryville, en Oregon. Il s’agit du seul endroit aux États-Unis où ce type de clôture est érigée avec une distance d’un mètre seulement séparant les voies qui se rencontrent.

Toutefois, une simple inspection visuelle permet de constater que ce tronçon de 3 km de la route 26 est difficilement comparable à celui de 5 km de l’A-50, qui relie L’Ange-Gardien à Gatineau. D’abord, cette route est considérée comme rurale : la limite de vitesse y est fixée à 88 km/h. De plus, il s’agit d’une route à quatre voies, où les véhicules circulent principalement à droite, ce qui diminue considérablement le risque de collisions.

Une animation montre une voiture happer les câbles de la glissière de sécurité.
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Lorsqu’une voiture happe ces câbles, ils agissent comme un élastique. Ils s’étirent sur quelques mètres, ce qu’on appelle la déflexion, pour ramener le véhicule dans sa voie. Sur une route à quatre voies, un véhicule arrivant en sens inverse peut éviter une collision en se tassant à droite.

Photo : Radio-Canada

Aussi, le bilan de cette glissière américaine est mitigé. Une étude du département des Transports de l’Oregon démontre que le nombre d’accidents a bondi de 72 % après l’installation de ces câbles en 2007. Cependant, le taux d’accident causant la mort ou des blessures graves a diminué de 29 %.

Bien qu’il y ait eu davantage d’accidents liés à l’installation d’un objet fixe au centre de la route, la barrière à haute tension a permis d’éviter des collisions plus sévères telles des face-à-face, indique l’étude, qui qualifie cette configuration routière d’unique aux États-Unis.

Une voiture a percuté une glissière à câbles.
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Une voiture accidentée le long d'une glissière à câbles dans l'État de l'Oregon.

Photo : Département des Transports de l’Oregon

Par ailleurs, les États-Unis ne s’inspirent pas du modèle suédois. La configuration rapprochée des câbles aux voies de circulation représente notamment un danger trop important pour les motocyclistes, selon le guide sur l’utilisation des systèmes de barrières à câbles rédigé par le département des Transports des États-Unis.

Peu de neige en Oregon

Bordé par l’océan Pacifique, le climat de l’Oregon diffère de celui de l’Outaouais. Hiver comme été, les précipitations tombent principalement sous forme de pluie. Une dizaine de centimètres de neige par année sont enregistrés dans le secteur où se trouvent ces glissières de sécurité.

En Outaouais, c’est plutôt 250 cm de neige par année qui s’abattent sur Gatineau, selon une moyenne des données d’Environnement Canada des 5 dernières années.

La situation géographique de l'Oregon par rapport à Gatineau.
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L'État de l'Oregon est situé dans le Nord-Ouest Pacifique.

Photo : Radio-Canada

L’expert en sécurité routière, Érick Abraham, craint qu’un monticule de glace et de neige ne se forme au centre de l’A-50, ce qui pourrait également compliquer la circulation.

On ne peut pas passer et déneiger ça au complet, déclare l’ingénieur de l’École polytechnique de Montréal.

« Il y a une partie que les chasse-neige devront éviter, sinon ils vont arracher les poteaux et les câbles »

— Une citation de  Érick Abraham, ingénieur

Si un câble est percuté par un chasse-neige et se rompt, le réparer pourrait ainsi représenter d’importants ralentissements sur l’autoroute, nécessitant une circulation en alternance.

À la lumière de ces révélations, les familles de victimes contactées par Radio-Canada estiment que Québec devrait procéder immédiatement à l’élargissement de l’A-50, plutôt que d’aller de l’avant temporairement avec un projet pilote qui n’a pas encore fait ses preuves au Québec.

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