Forte baisse des ventes du pesticide le plus dangereux au Québec

Le gouvernement du Québec souhaite réduire de 25 % les risques pour la santé et l'environnement associés aux pesticides d'ici 2021.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Depuis qu'il est obligatoire d'en justifier l'utilisation, les ventes d'atrazine ont diminué de 58,7 %, révèle un document obtenu par Radio-Canada. Mais attention, le pesticide pourrait avoir été remplacé par d'autres non réglementés.
L'atrazine est le pesticide le plus à risque pour l'environnement et la santé, selon les critères du gouvernement provincial.
C'est la raison pour laquelle il a été le premier produit encadré, en 2018, par un règlement mis en place par le gouvernement libéral.
Pour être autorisée, l'utilisation de l'herbicide doit être justifiée et prescrite par un agronome.
Dans un document rédigé par le mois dernier par sous-ministre du ministère de l’Environnement de Québec, Marc Croteau, ce dernier qualifie cette réduction des ventes à l'été 2018 de « baisse remarquable » qui « démontre un réel changement dans les pratiques agronomiques ».
La porte-parole libérale en matière d'Agriculture et d'Environnement, Marie Montpetit, se réjouit, elle aussi : Je suis très heureuse que le règlement qu'on a mis en place donne les résultats escomptés après seulement un été d'application.
Depuis 2018-2019, voici les pesticides réglementés au Québec, dont l'utilisation doit être justifiée :
L’atrazine (interdit en Europe depuis 15 ans)
Le chlorpyrifos (insecticide interdit par la Californie, cette année, et banni dans huit pays européens)
Les néonicotinoïdes (insecticides interdits par l’Union européenne l’an dernier)
Des pesticides remplacés par d'autres
L'émission La semaine verte révélait, il y a quelques jours, que les néonicotinoïdes, pesticides « tueurs d'abeilles », ont été remplacés dans les champs par d'autres produits non réglementés dont les effets potentiels sont moins bien connus des scientifiques. Des inquiétudes émergent déjà.
Dans le cas de l'atrazine, elle pourrait avoir été remplacée dans les champs du Québec par d'autres herbicides comme le glyphosate et le dicamba.
Il faut rester vigilant
, dit la députée libérale.
Le cas échéant, je souhaite que le gouvernement ajuste la réglementation en conséquence pour s'assurer, au final, qu'il y a une baisse générale de l'utilisation des pesticides.
La chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Louise Hénault-Ethier, s'attend à ce que l'atrazine soit remplacée par d'autres pesticides non réglementés : Si on substitue l'atrazine, qui est un produit très très toxique par un produit moins toxique, mais qu'on augmente son usage de façon draconienne, on n'arrivera pas à atteindre l'objectif du gouvernement, qui est de réduire de 25 % les risques des pesticides sur la santé et l'environnement.
C’est au moment de la publication du bilan des ventes de tous les pesticides, prévue au cours du premier trimestre de 2020, que l’impact de la réglementation sera réellement perceptible.
Durant la Commission parlementaire sur les pesticides, l'Ordre des agronomes du Québec a recommandé que le gouvernement encadre l'achat de tous les pesticides en ne permettant pas la vente libre sans recommandation d'un agronome
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