Commission Viens : l’État perpétue des pratiques discriminatoires

Le commissaire Jacques Viens a dévoilé ce matin son rapport sur la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics.
Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le commissaire Jacques Viens estime que les Autochtones du Québec sont victimes de discrimination systémique. Dans son rapport qui a été déposé aujourd'hui, il lance 142 appels à l’action et recommande un mécanisme de suivi indépendant pour s’assurer de la concrétisation des recommandations.
Le système public a été incapable d’offrir les services auxquels les communautés autochtones ont droit, tranche le commissaire de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), Jacques Viens, dans son rapport.
Que ce soit en matière de santé physique, de santé mentale, de justice, d’espérance de vie, de parentalité, de logement ou encore de revenus, les difficultés vécues par les peuples autochtones du Québec font la démonstration claire de la faillite du système public à répondre à leurs besoins. De cela, nous sommes collectivement responsables
, mentionne-t-il.
La qualité des services offerts aux peuples autochtones n’a jamais été priorisée.
Il me semble impossible de nier la discrimination systémique dont sont victimes les membres des Premières Nations et les Inuit dans leurs relations avec les services publics
, écrit Jacques Viens dans son rapport.

Gladys Tolley a été tuée par des policiers en 2001. Dix-sept ans plus tard, sa fille Bridget affirme qu'elle n'a toujours pas de réponse des autorités.
Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies
Selon M. Viens, les causes de cette situation trouvent leurs fondements dans l’histoire coloniale du Québec, la méconnaissance des réalités autochtones, les déficits quant à la couverture médiatique et les actions gouvernementales « morcelées et non pérennes ».
La dignité de milliers de gens est ainsi spoliée parce qu’ils sont maintenus dans des conditions de vie défavorables en marge de leurs propres référents culturels.
Dans une société développée comme la nôtre, ce constat est tout simplement inacceptable
, juge Jacques Viens.
Des améliorations qui ne se concrétisent pas
Le commissaire Viens note dans son rapport que plusieurs initiatives ont été mises sur pied par le gouvernement pour tenter d’améliorer les relations avec les peuples autochtones. Il constate cependant que les changements perceptibles demeurent faibles, voire inexistants
.
Il remarque aussi que la majorité des solutions sont des « projets pilotes », qui sont tributaires des sommes disponibles annuellement.
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Les explications fournies par certains représentants des services publics qui justifiaient les délais par des moyens financiers limités et les compétences partagées du fédéral et du provincial ne convainquent pas M. Viens. Aucun des arguments ne rend acceptable l’inadéquation des moyens pris par les gouvernements successifs pour répondre aux besoins exprimés par les peuples autochtones
, écrit-il.
Des excuses publiques réclamées
Le commissaire Viens demande au gouvernement du Québec de faire des excuses publiques aux communautés autochtones pour les torts causés. Il recommande également que l’État québécois adopte la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et qu’une loi soit adoptée pour la prise en compte de la déclaration
.
Une campagne d’information et de sensibilisation sur les peuples autochtones à grande échelle devrait être organisée, selon lui.
Mécanisme de suivi indépendant
Le commissaire Jacques Viens affirme que la multiplication des enquêtes publiques et les réponses des gouvernements qui ont suivi ont contribué à accroître le cynisme.
Il recommande donc qu’un mécanisme de suivi indépendant des parties en cause soit mis en place et qu’il soit doté d’une véritable capacité d’influence, voire de contrainte
.
Selon lui, le Protecteur du citoyen pourrait jouer ce rôle. Il recommande qu’un suivi sur l’avancement des travaux soit effectué une fois par année.