Plusieurs centaines de milliers de manifestants à Montréal pour le climat

Le compte-rendu de Marie-Ève Cousineau.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Charest
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
« Si les gens au pouvoir n'assument pas leurs responsabilités, nous allons le faire à leur place », a déclaré la militante Greta Thunberg à la fin de la manifestation montréalaise pour le climat qui a attiré plusieurs centaines de milliers de personnes.
Les premiers marcheurs, qui s'étaient rassemblés toute la matinée au pied du monument George-Étienne Cartier, sur l'avenue du Parc, ont achevé vers 14 h 30 le parcours de 4 kilomètres qui les a conduits près de l'intersection de la rue Wellington et du boulevard Robert-Bourassa, près du fleuve.
La foule était tellement imposante que les manifestants en queue de cortège n'avaient pas démarré lorsque ceux qui ouvraient la manifestation étaient déjà arrivés à destination au sud du centre-ville. Selon les organisateurs, près de 500 000 personnes ont battu le pavé vendredi à Montréal. Le Service de police de la ville de Montréal n'a pas donné d'estimation, mais a évoqué une mobilisation historique
.
D'aucuns diraient que nous gaspillons notre temps, nous, nous disons que nous changeons le monde
, a déclaré la jeune militante suédoise de 16 ans.

« Le changement arrive, que vous l'aimiez ou non », a lancé aux décideurs politiques Greta Thunberg, lors d'un discours clôturant la manifestation montréalaise pour le climat.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
En fin de journée, Greta Thunberg a reçu les clés de la Ville de la part de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui s'est félicitée qu'autant de personnes soient descendues dans la rue marcher pour le climat.
Une société civile engagée, c'est le signe que notre démocratie va bien.
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Le discours enflammé qu'avait prononcé la jeune Suédoise aux dirigeants du monde, lundi, au siège des Nations unies à New York, avait déjà galvanisé les manifestants montréalais qui ont défilé dans la bonne humeur, sous un ciel ensoleillé.

La jeune militante suédoise a pris la tête du cortège à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Les marcheurs n'en étaient pas moins préoccupés par les enjeux climatiques pour lesquels ils se mobilisent, mais également pour leur propre avenir.
Ce n’est pas normal qu’à notre âge, notre rêve ne sera plus d’être astronaute, ça ne sera plus d’être millionnaire, ça sera juste d’avoir la chance de mourir de vieillesse.
Parmi la foule, des visages connus ont défilé dans la rue, comme celui du chanteur Serge Fiori : C’est impossible de penser que les politiciens n’ont pas d’enfants. Ils ont des enfants ce monde-là, comment ça se fait que ça ne bouge pas?
, a-t-il demandé.
La manifestation, encadrée par un important dispositif policier, s'est déroulée pacifiquement et dans la bonne humeur. Aucun incident majeur n'a été rapporté.
Néanmoins vers 18 h 50, des méfaits auraient été commis, dont des graffitis et des vitrines fracassées, selon la police montréalaise. Des manifestants masqués ont mis le feu à une structure de bois qu'ils avaient érigée aux environs du square Victoria. Ils ont aussi lancé des éléments pyrotechniques avant de se disperser à la suite de l'intervention de policiers qui ont utilisé des irritants chimiques.
Deux personnes auraient été arrêtées et pourraient faire face à des accusations d'entrave et de voies de fait. Plusieurs manifestants ont fui les lieux vers les stations de métro et le Palais des congrès, l'accès à la station de la Place-d'Armes a été temporairement fermé.

Tristan Térez, co-porte-parole du « Devoir environnemental collectif » et étudiant au Cégep Édouard-Montpetit, aux côtés de Léa Ilardo, co-porte-parole de « La planète s'invite à l'université » et étudiante en politiques appliquées à l'Université de Sherbrooke.
Photo : Radio-Canada
La sécurité autour de Justin Trudeau intervient
Le service de sécurité rapprochée du premier ministre Justin Trudeau, qui participait à la marche, a cependant dû intervenir pour maîtriser un individu qui a tenté de s'approcher subitement du premier ministre avec un carton d’œufs dans les mains. L'homme a été rapidement immobilisé et arrêté par les policiers.
Le premier ministre du Canada a aussi fait l'objet de railleries de la part de plusieurs manifestants.
RCMP officers tackled a protester who approached Justin Trudeau during the climate march on Friday. The protester had a small carton of eggs in his hands. Nobody appeared to be harmed in the incident.#climatestrike#climatestrikecanada#MarchePourLeClimat#marcheclimat#Montreal pic.twitter.com/8cKwBaWfG6
— CBC Montreal (@CBCMontreal) September 27, 2019
Marcher avec Greta
Plus tôt dans la matinée, Greta Thunberg avait donné le coup d'envoi de la manifestation lors d'une conférence de presse aux côtés des organisateurs de la manifestation.
Dans une brève allocution, elle s'est dite émue devant la passion et l'engagement démontrés à Montréal et dans le monde pour ce mouvement qu'elle a contribué à créer.
Je suis très contente d’être là. Cela remplit mon cœur d’enthousiasme et je me sens émue de voir autant de passion dans les cœurs pour marcher et pour se rallier, et pour faire la grève. C’est une très bonne journée.
Consultez nos photos de la manifestation au centre-ville de Montréal :
D’autres rassemblements ont eu aussi lieu dans plus de 50 villes au Québec, d’après les organisateurs, ainsi qu'ailleurs au Canada, notamment à Toronto, Ottawa, Québec et Victoria où des foules importantes ont défilé dans les rues au cours de la journée.
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Les organisateurs interpellent Québec et Ottawa
En conférence de presse, les organisateurs de la marche ont rappelé les motivations qui les animent.
En 40 ans, aucun gouvernement au Québec ni au Canada n’a su présenter un plan de transition crédible. On sait déjà que celui qui est en préparation au Québec vise des cibles inférieures à celles décrétées par les scientifiques
, a déploré François Geoffroy, porte-parole et cofondateur de La planète s’invite au Parlement.
Les lobbys pétroliers sont puissants, ils ont l’argent; nous, on a le nombre
, a-t-il ajouté.
Nos élus, en se traînant les pieds, nous mettent en danger et ils le savent.

La marche pour le climat d'Ottawa a culminé devant le parlement.
Photo : Radio-Canada / Lorian Bélanger
Bien qu’elle vise à sensibiliser le plus grand nombre de personnes possible, cette manifestation mondiale du mouvement Earth Strike
s’adresse en premier lieu aux dirigeants politiques et économiques du monde, qui sont accusés de détourner le regard et de procrastiner face à l’urgence climatique.
Les politiciens qui viennent marcher avec nous, est-ce qu’on peut être plus clair sur le fait qu’on se rassemble aujourd’hui pour dénoncer votre inaction? Des actions, c’est demain, pas en 2030.
Justin Trudeau, Elizabeth May et Yves-François Blanchet ont participé à la manifestation. Les conservateurs ont délégué un de leurs représentants, et le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, a défilé dans les rues de Montréal. Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, marchait quant à lui pour le climat à Victoria.
Étudiants, syndicats et employeurs ont mis la main à la pâte

Un manifestant invite les dirigeants politiques à agir en adultes.
Photo : Radio-Canada
De nombreuses écoles, des cégeps et des universités ont suspendu les cours pour la journée ou déplacé des journées pédagogiques pour permettre à leurs étudiants d’aller manifester pour le climat partout au pays.
Les syndicats et les milieux communautaires se sont mobilisés, mais également de nombreux employeurs qui ont fermé leurs portes ou aménagé les horaires pour permettre aux membres du personnel de participer à cette grève mondiale pour le climat.
Tous voulaient participer, alors on a décidé de fermer nos deux succursales. Nos boutiques ont une vision écologique, et cette journée est un autre moyen de crier haut et fort qu’il faut sauver ce qu’il reste de la planète
, explique Sam Delkheir, gérant de la boutique Mega Vrac.
Ailleurs dans le monde

En Italie, la jeunesse participe à la grève mondiale contre l'inaction des gouvernements face à la dégradation du climat.
Photo : AFP/Getty Images / ANDREAS SOLARO
Des centaines de milliers de manifestants ont également répondu à l’appel dans de nombreuses villes du monde, notamment en Italie, en Russie, en Nouvelle-Zélande, en Australie ainsi qu’aux États-Unis.
Vendredi dernier, plus de 6,6 millions de personnes ont fait la grève pour le climat dans 170 pays, a indiqué Greta Thunberg. Près de 6400 manifestations ont été répertoriées.
Ce mouvement des grèves du vendredi a été lancé, il y a un an à peine, par la militante suédoise de 16 ans, Greta Thunberg, qui faisait la grève des cours chaque vendredi pour manifester contre les changements climatiques.