Une marée humaine déferle pour le climat à Québec

Les jeunes étaient très nombreux en première ligne de la marche.
Photo : Radio-Canada / Jonathan Lavoie
- Hadi Hassin
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Environ 25 000 personnes, selon les organisateurs, ont défilé dans les rues de Québec, vendredi, pour réclamer des différents paliers gouvernementaux qu’ils posent des gestes pour lutter contre le changement climatique.
Juan Poirot, un élève de troisième secondaire, était sans mots face à cette mobilisation, qui suscite chez lui un sentiment d’espoir.
Voir des jeunes qui s’unissent et qui demandent aux gouvernements de prendre des actions, ça me donne de l’espoir.
Un autre participant, Claude Fortier, prenait ironiquement part à la marche avec un gobelet de café en carton à la main. Les compagnies ne nous donnent pas les moyens, admet-il. Moi, quand je vais au restaurant, j’aimerais ça avoir une paille en carton. Mais il faut que le gouvernement mette des lois. Oui, le consommateur a un pouvoir, mais ce n’est pas juste l’action individuelle. Ça prend une action collective.
Pierre Legrand et son épouse Colette Legrand partagent le même avis. À titre individuel, vraiment, je ne vois pas ce qu’on peut faire, regrette M. Legrand. C’est au niveau gouvernemental, essentiellement, que les mesures doivent être prises.
Selon lui, les premières mesures d’urgence doivent porter sur l’accueil des réfugiés climatiques, qui se feront plus nombreux au cours de la prochaine décennie.
Parmi les revendications, les organisateurs souhaitent l’adoption d’une loi climatique qui force l’atteinte des cibles de gaz à effet de serre (GES) recommandées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la mise sur pied de structures permettant à la population de contribuer à une transition écologique et l’interdiction de tout nouveau projet d’exploration ou d’exploitation des hydrocarbures.
Votre inaction nous tue
, Si vous n’agissez pas en adulte alors ne nous le ferons
ou encore Si le Romano Fafard n’a pas trouvé une planète pour déménager 6 milliards de tatas, qui pourra?
pouvait-on lire sur quelques-unes des pancartes.
Des personnes de tous horizons et de tous âges, dont une majorité d’étudiants, figuraient parmi les participants. Une trentaine de groupes communautaires et environnementaux des régions de la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches étaient également sur place.

Les organisateurs estimaient également à 40 590 le nombre d’étudiants en grève ou visés par une annulation de cours pour l’occasion.

Des marcheurs témoignent de leurs inquiétudes par rapport aux changements climatiques.
Photo : Radio-Canada / Bruno Giguere
Plusieurs politiciens étaient aussi de la marche, dont le maire de Québec, Régis Labeaume.
Aujourd’hui, on va se parler beaucoup. Moi, je suis un décideur public. Ce genre de manifestation, ça met de la pression sur les décideurs publics. [...] À un moment, il faut qu’on décide d’en faire une priorité. Les décideurs publics, ils ont le choix.

Régis Labeaume écoute les discours avant le début de la marche.
Photo : Radio-Canada / Pascal Poinlane
Le député solidaire Sol Zanetti croit de son côté qu'il faut combattre l'étalement urbain, de plus en plus coûteux. Il en a profité pour s'attaquer de nouveau au projet du troisième lien.
Il ne faut pas dézoner les terres agricoles que l’on a, comme les Terres des Sœurs de la Charité. Il faut favoriser une densification douce à l'échelle humaine, verdir les centres-villes pour que les familles aient envie de s’y installer et qu’ils y fassent bon vivre.
Les marcheurs ont occupé les rues du centre-ville de Québec jusqu'à 16 h. Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) n'a rapporté aucun incident en marge du rassemblement. Tout s'est déroulé dans un esprit de calme et de collaboration
, indique-t-on.
Message au ministère des Finances
Tôt vendredi matin, des membres du Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (REPAC) ont bloqué l'accès au ministère des Finances.

Des membres du REPAC ont bloqué l'accès au ministère des Finances vendredi matin.
Photo : Radio-Canada / Hadi Hassin
L’argent, c’est le nerf de la guerre, affirme Sandrine Louchard, des AmiEs de la Terre de Québec. On ne peut pas avoir ni de vie ni d’économie sur une planète morte. [...] C’est bien beau d’avoir voté l’urgence climatique, mais il faut y mettre les moyens financiers.
Si l’Université Laval a décidé de maintenir ses activités sur son campus, des étudiants y étaient rassemblés vendredi matin pour perturber les cours et faire respecter les différents mandats de grève. Pendant ce temps, au Cégep de Sainte-Foy, des étudiants et des enseignants profitaient de la suspension des cours pour préparer des pancartes en vue de la marche.
Avec les informations de Pascal Poinlane, Marie-Pier Mercier et Sébastien Tanguay.
- Hadi Hassin