ArchivesIl y a 20 ans nous quittait Jean-Louis Millette

Jean-Louis Millette a interprété le personnage de Spidé dans la série jeunesse « Bidule de Tarmacadam » entre 1966 et 1970. Jean-Louis Millette est décédé 29 septembre 1999.
Photo : Radio-Canada / André Le Coz
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 29 septembre 1999, le Québec apprenait avec stupéfaction le décès subit d'un de ses acteurs préférés. Jean-Louis Millette a frappé l’imaginaire des Canadiens de plusieurs générations dès la fin des années 1950.
Ma voix, j’ai perdu ma voix!
Un acteur qui a marqué des générations de Canadiens

Cette réplique du clown Paillasson, qui ouvre le reportage du journaliste Louis Lemieux présenté au Montréal ce soir du 29 septembre 1999, résume bien la situation provoquée par le décès subit de l’acteur.
Avec le départ de Jean-Louis Millette, le théâtre et la télévision du Canada français venaient en effet de perdre une de ses voix les plus connues et des plus respectées.
Jean-Louis Millette est mort foudroyé par une crise cardiaque. Il avait 64 ans.
Jean-Louis Millette est né à Montréal en 1935.
Il commence sa carrière avec le théâtre ambulant La Roulotte, qu’a créé en 1953 Paul Buissonneau. Il est, par ailleurs, un des cofondateurs du Théâtre de Quat’Sous en 1955.
Acteur d’une rare polyvalence, il a interprété des rôles dans des pièces d’auteurs aussi divers que William Shakespeare, Georges Feydeau et Samuel Beckett.
On l’a également souvent vu jouer au Théâtre des Variétés de Gilles Latulippe.

Le 24 mai 1999, quelques mois avant son décès, l'animatrice Johane Despins présente un portrait de Jean-Louis Millette dans l'émission De bouche à oreille.
On y voit et entend de brefs extraits de pièces de théâtre dans lesquelles l'acteur a joué. Parmi celles-ci, The Dragonfly of Chicoutimi, du dramaturge Larry Tremblay.
Dans cette pièce pour un acteur seul, Jean-Louis Millette joue le rôle de Gaston Talbot, un francophone du Lac-Saint-Jean, qui, après avoir subi un traumatisme, recommence à parler... en anglais.
Cette pièce, qui traite en filigrane de l'identité et de l'aliénation québécoises, a été écrite dans le contexte du deuxième référendum sur la souveraineté du Québec de 1995.
Ce portrait montre l'intérêt de l'acteur pour la recherche théâtrale parfois risquée.
Un pilier de la télévision canadienne
La carrière télévisuelle de Jean-Louis Millette commence quant à elle à la fin des années 1950.
À partir de 1967, l’acteur intègre la distribution de la série télévisée La Ribouldingue.
Jean-Louis Millette joue le rôle du clown Paillasson.
Naïf au bon cœur avec une passion incontrôlable pour les patates en chocolat, Paillasson devient vite la vedette de La Ribouldingue.
Diffusée entre le 17 octobre 1967 et le 29 janvier 1971, cette série télévisée inspirée de la commedia dell’arte italienne devient rapidement une émission culte.

L’esprit de La Rinbouldingue est bien présent dans cet extrait de l’émission du 5 décembre 1969.
Paillasson cherche son hippopotame en peluche qu’a caché son ami Friponneau pour lui jouer un tour.
Après Paillasson, Jean-Louis Millette cumule d'autres rôles qui frappent l’imaginaire des téléspectateurs.
L’acteur se voit confier les rôles de Philippe Couture, de l’abbé Odilon Caron et de Manu Morency par l’écrivain et auteur Victor-Lévy Beaulieu.
Ces personnages, qui font partie des téléromans L’héritage, Montréal PQ et Bouscotte que diffuse Radio-Canada, sont devenus des classiques de la télévision publique canadienne.
La générosité incarnée
La première chose qui revient à chaque fois, c’est “Ah! Jean-Louis Millette, y’é tellement généreux. Que ce soit des maquilleurs, des amis à vous, c’est généreux, généreux, généreux”.

En l'été 1999, l’animatrice de l’émission Entrée des artistes, Marie-Claude Lavallée, enregistre ce qui sera l'une des dernières entrevues accordées par Jean-Louis Millette avant de mourir. L’émission est diffusée le 25 juillet 1999.
On voit dans cette rencontre un homme qui s’est entièrement donné à son art. Il nous raconte par ailleurs des anecdotes sur son enfance et nous parle de Paillasson.
Considéré comme très secret, Jean-Louis Millette confie à Marie-Claude Lavallée des éléments très personnels de sa vie.
L’animatrice relève aussi qu’il y a un consensus chez ses proches et ceux qu’ils côtoient dans sa vie professionnelle. Jean-Louis Millette est un homme très généreux.

Entrevue avec Rafael Jacob, chercheur associé à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand, au Téléjournal 18 h
Cette générosité transpire dans un extrait de reportage produit à l’occasion des 20 ans de l’École nationale de théâtre qu’a présenté l’émission Les beaux dimanches, le 21 septembre 1980.
On y voit Jean-Louis Millette enseignant à l’École nationale et en pleine répétition.
Affectueusement, il donne des consignes et des conseils à de jeunes acteurs, notamment Suzanne Champagne et René-Richard Cyr, qui sont alors étudiants en théâtre.
On constate la profonde préoccupation de Jean-Louis Millette de transmettre son expérience à la jeune génération.
Dans ce reportage, l’acteur ne semble qu’avoir un seul regret. Que le public et les employeurs potentiels ne viennent pas assez voir et encourager cette relève.