La saga Erin Weir pourrait coûter un siège au NPD en Saskatchewan

Le 19 octobre 2015, Erin Weir avait battu le candidat conservateur Trent Fraser par seulement 132 voix d’avance.
Photo : CBC
Le 21 octobre prochain, les électeurs de Regina-Lewvan devront choisir entre cinq candidats. Et, surtout, décider si, malgré la saga entourant l’expulsion d’Erin Weir les néo-démocrates auront encore leur faveur.
En mai 2018, Erin Weir, rare représentant néo-démocrate fédéral en Saskatchewan est exclu du caucus néo-démocrate. L’élu perd ce privilège après avoir fait l’objet d’une enquête pour une présumée affaire de harcèlement sexuel envers trois membres du personnel féminin de son parti.
Erin Weir a présenté des excuses tout en assurant n’avoir jamais eu l’intention de mal se comporter. Il souhaitait rester au sein du caucus néo-démocrate. Jagmeet Singh est resté inflexible.
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D'anciens députés mécontents du chef néo-démocrate
D’anciens députés néo-démocrates fédéraux et provinciaux — 68 en tout — avaient alors critiqué le traitement réservé à Erin Weir dans une lettre adressée au chef du parti.
Lorne Nystrom, ancien député fédéral des circonscriptions de Yorkton-Melville et de Regina-Qu’Appelle, était l’un des signataires. L’homme de 73 ans croit que le chef du NPD s’est mis beaucoup de personnes à dos en ignorant cette lettre.
Selon lui, plusieurs néo-démocrates en Saskatchewan pensent que M. Singh n’avait pas de raison valable d’expulser Erin Weir.
La plupart des néo-démocrates de la province pensent que M. Weir est une victime de Jagmeet Singh. Ce sera extrêmement difficile de remporter l’élection.
Le professeur émérite de l’Université de Regina Stephen Kenny abonde dans le même sens. Erin Weir figurait parmi les députés les plus jeunes et les plus prometteurs du caucus néo-démocrate fédéral. Son exclusion a déchiré le parti à tous les niveaux, principalement en Saskatchewan et dans sa circonscription de Regina-Lewvan
, affirme M. Kenny.
Celui-ci va même plus loin : Pour plusieurs néo-démocrates de la Saskatchewan, Jagmeet Singh est devenu persona non grata, ce qui entraîne de graves conséquences pour l’élection fédérale.
Autre point de vue, celui de l’ancienne professeure du département de sociologie de l’Université de Regina Alison Hayford. Cette dernière met elle aussi en exergue la division actuelle qui règne au sein du parti, en particulier chez les plus jeunes.
Les plus âgés, qui sont fidèles au parti depuis longtemps, soutiennent Erin Weir. Ils pensent que le nouveau chef, Jagmeet Singh, a mal géré la situation. Mais, chez les jeunes, principalement chez les jeunes femmes, c’est un enjeu important. Il s’agit de la question de la position des femmes et de l’égalité des sexes dans le parti.
Selon elle, cette scission profitera aux conservateurs.
Warren Steinley, ancien député provincial du Parti saskatchewanais, est le candidat conservateur. Son atout? En plus de ce contexte favorable, il bénéficie d’un bon capital de sympathie auprès des électeurs de la circonscription Regina-Lewvan.
Des avis divisés
En février dernier, l’association néo-démocrate de la circonscription a tenté de convaincre Jagmeet Singh de laisser Erin Weir représenter le parti lors des prochaines élections fédérales. Le chef du NPD fédéral a refusé.
En mai, Weir a annoncé qu’il ne briguera pas de deuxième mandat, même en tant que candidat indépendant. Jigar Patel a été nommé candidat du NPD le mois suivant.
En entrevue à la CBC, Erin Weir a déclaré qu’il demeurerait membre du parti et qu’il avait l’intention de voter pour M. Patel. Il avoue cependant ne pas être un partisan de Jagmeet Singh.
Chez les électeurs de Regina-Lewvan, les réactions sont mitigées. Certains considèrent qu’Erin Weir a été traité injustement, alors que d’autres pensent qu’il aurait dû démissionner dès que les allégations de harcèlement sexuel ont été rendues publiques.
Il y a eu des accusations contre lui, mais rien n’a vraiment été prouvé. Je pense que les gens ont droit à la présomption d’innocence. Il a peut-être été jugé injustement, qui sait
, affirme Margaret Duffy, une résidente de la circonscription.
Aucun impact sur l'élection, dit le NDP
De son côté, le candidat néo-démocrate actuel, Jigar Patel, pense malgré tout qu’Erin Weir a bien représenté les citoyens de Regina-Lewvan au cours de son mandat. L’ingénieur de formation souhaite bâtir sur le travail amorcé par son prédécesseur.
Quant à savoir si le dossier Erin Weir pourrait nuire à ses chances lors de l’élection fédérale, M. Patel demeure positif : Le NPD est une grande famille, et nous allons continuer de travailler ensemble. Il n’y a pas de division au sein du parti. La situation d’Erin n’aura aucun effet sur les élections.
Le candidat néo-démocrate affrontera quatre autres candidats : Warren Steinley, du Parti conservateur du Canada, Winter Fedyk, du Parti libéral du Canada, Naomi Hunter, du Parti vert du Canada, et Trevor Wowk, du Parti populaire du Canada.
Regina-Lewvan fait partie des 4 circonscriptions de la Saskatchewan sur 14 à avoir échappé à la vague conservatrice en 2015. Une circonscription toute jeune, créée en 2012 à la suite du redécoupage de la carte électorale fédérale.
Lors de la 42e élection fédérale, le 19 octobre 2015, le candidat néo-démocrate Erin Weir avait battu le candidat conservateur Trent Fraser, avec seulement 132 voix d’avance.