Peu de familles ontariennes profiteront du plein crédit d’impôt pour les services de garde

Seulement 3 % de l'enveloppe allouée au crédit d'impôt pour les services de garde du gouvernement Ford iront aux familles les moins nanties, selon un rapport du Bureau de la responsabilité financière.
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Bureau de la responsabilité financière (BRF) estime que moins de 300 familles recevront le montant maximal prévu par le crédit d’impôt ontarien pour les services de garde, ce qui représente 0,1 % de tous les bénéficiaires du programme.
Le gouvernement de Doug Ford avait prévu un crédit allant jusqu’à 6 000 $ par enfant de moins de sept ans pour les familles qui gagnent 20 000 $ ou moins. Pour bénéficier de ce crédit maximum, une famille doit dépenser au moins 40 % de son revenu en services de garde.
Bien que le crédit d’impôt soit destiné aux familles à faible revenu et de la classe moyenne, environ les deux tiers de l’enveloppe iront en fait à des familles dont le revenu est supérieur à la médiane, selon le rapport.
La structure du crédit est faite d’une façon qu'il va être très difficile pour quelqu’un de pouvoir avoir le maximum.

Peter Weltman, directeur du Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario
Photo : Radio-Canada / Philippe de Montigny
Seulement 3 % des fonds seront déboursés aux familles à faible revenu.
Si on gagne plus d’argent, on a plus d’argent à dépenser en services de garde pour les enfants. Si on ne fait pas beaucoup d’argent, ça devient de plus en plus difficile à payer ces dépenses
, affirme M. Weltman
Le directeur souligne également que les tranches de revenu ne sont pas indexées au taux d’inflation.
Alors que le revenu des familles augmente, ça se peut que le niveau du crédit va descendre
, dit-il.
Pour la coordonnatrice de la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l'enfance, Carolyn Ferns, qui a souvent sonné l'alarme depuis l'annonce de ce nouveau crédit d'impôt dans le budget présenté en avril dernier, ce rapport vient confirmer ses préoccupations.
Ce crédit d'impôt a été vendu comme mesure qui aiderait les familles à revenu faible ou modéré. Ceci nous démontre que nous ne pouvons pas faire confiance au gouvernement
, affirme-t-elle.
Jillian Alston, médecin et mère de deux bambins, s'inquiète que le crédit d'impôt soit trop peu, trop tard
pour de bien des femmes ontariennes, qui doivent faire des choix difficiles
.
Ça a des conséquences pour la carrière des femmes. Je crois que bien subventionner les places en garderie est important.

Jillian Alston, mère de deux enfants à Toronto.
Photo : Radio-Canada
Le rapport souligne aussi que les conservateurs sous-estiment les coûts de ce crédit d'impôt d'environ 70 millions de dollars par année. Le directeur de la responsabilité financière estime que celui-ci coûtera à la province 460 millions de dollars par année, en moyenne, et non pas 390 millions.
Le gouvernement Ford répond, par courriel, qu'il est confiant
que ses estimations de coûts sont justes. Un porte-parole du ministère des Finances, Scott Blodgett, affirme que les sources de données utilisées par le BRF sont limitées comparativement à celles du ministère.
Le gouvernement rappelle d'ailleurs qu'il s'est engagé à investir un milliard de dollars afin de créer 30 000 nouvelles places en garderie au cours de cinq prochaines années.
Disparités au pays
Les familles ontariennes ont payé le plus au pays pour des services de garde, après celles de la Colombie-Britannique : en Ontario, le coût moyen s’élevait à 12 800 $ l’an dernier, trois fois le montant payé en moyenne par les familles québécoises.
Au Québec, où ces services sont les plus abordables, les frais de garde étaient en moyenne de 4400 $ en 2018. Le taux d'activité des femmes sur le marché du travail dans cette province est de 86,7 %, comparativement à 81,5 % en Ontario.
Le rapport estime que le crédit d'impôt ajoutera de 6 000 à 15 000 travailleurs dans le marché de l'emploi, en Ontario, principalement des femmes.