Les propos du maire de Rimouski suivent une logique dépassée, selon des critiques

Vendredi, le maire de Rimouski, Marc Parent, invitait les électeurs de Rimouski–Neigette–Témiscouata–Les Basques à élire un député du parti politique ayant plus de probabilités de se retrouver au pouvoir.
Photo : Radio-Canada
L’invitation du maire de Rimouski, Marc Parent, à voter en faveur du candidat dont le parti est le plus susceptible de remporter les élections suscite de nombreuses réactions dans l’arène politique.
Le maire Marc Parent estimait vendredi que les projets de la Ville de Rimouski ont plus de chance de se réaliser si le député élu dans la circonscription fait partie du parti au pouvoir.
Cette idée du maire ramène au « duplessisme », selon le député sortant et candidat du NPD dans la circonscription Rimouski–Neigette–Témiscouata–Les Basques, Guy Caron.
Le traitement est le même dans la circonscription, peu importe la couleur
, dit M. Caron, en assurant que les projets sont jugés selon leur valeur et non par favoritisme politique. On essaie de ramener une logique qui existait il y a 40 ans, et qu’on connaissait sous l’époque duplessiste, mais qui était complètement changée.
Guy Caron rappelle que ce n'est pas la première fois que Marc Parent évoque l'idée de « voter du bon bord » – il l’avait fait à l’antenne de Radio-Canada en janvier. Il ajoute que cette déclaration ne l’empêchera toutefois pas de travailler avec Marc Parent s’il est réélu le 21 octobre.
Ce type de propos fortifie un mode opératoire politique qui favorise les jeux de coulisses, les passe-droits et le favoritisme en sous-entendant qu’il faut être du bon bord pour être parmi les privilégiés
, écrit de son côté Jean-François Fortin, ancien député fédéral devenu maire de Saint-Flavie et professeur de sciences politiques au Cégep de Rimouski, concernant les propos du maire Parent.
Le député péquiste de Rimouski, Harold LeBel, qualifie l'intervention du maire dans la campagne électorale fédérale de déclaration d'un autre siècle
. Dans un communiqué de presse, le député parle d'une déclaration ahurissante
qui indique que, selon lui, le maire a oublié les valeurs morales et éthiques liées à sa fonction
.
Le conseiller municipal de Sainte-Odile, Grégory Thorez, indique qu’il ne suggère à personne pour qui voter. Votez pour qui vous voulez, à droite, à gauche, souverainiste ou fédéraliste, vert, bleu, rouge ou même Parti rhinocéros, mais votez
, écrit-il sur sa page Facebook. Selon moi, il n’y a pas de bon bord, il y a d’abord et avant tout des humains, et des convictions. Chacun les siennes, elles sont toutes respectables.
Une part de vérité, selon Chantal Pilon
De son côté, la candidate libérale Chantal Pilon se dit flattée des récents propos du maire. Selon elle, un gouvernement libéral ne favoriserait pas un comté plus qu'un autre, mais elle soutient que les députés faisant partie de l'équipe au pouvoir ont une plus grande accessibilité aux ministres.
« Quand on travaille tous pour la même compagnie, c'est plus facile d'avoir accès au président, au vice-président, aux autres collègues pour échanger sur nos dossiers. Quand on est un fournisseur, il faut prendre rendez-vous avec les gens. Donc on a moins accès. »
Chantal Pilon observe que le député libéral Rémi Massé a obtenu trois fois plus d'investissements du gouvernement fédéral dans sa circonscription que le néo-démocrate Guy Caron, mais attribue cette situation au fait que Rémi Massé s'est totalement consacré à la défense des intérêts de son comté, alors que Guy Caron menait également une campagne à la chefferie du NPD.
En tant que maire, c’est tout à fait légitime de se questionner
, croit également la candidate pour le Parti conservateur dans la circonscription, Nancy Brassard-Fortin. Depuis que la région n’a pas été au pouvoir en 1993, qu’est-ce qui s’est passé dans le développement de la ville et de se comparer avec les autres régions. Je trouve cela censé de faire la réflexion et d’amener les gens à la faire également.
Avec des informations de Denis Leduc