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Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Justin Trudeau a profité du dévoilement d’une série d’engagements en matière de santé, lundi, à Hamilton, pour tenter de surfer sur l’impopularité du gouvernement conservateur ontarien de Doug Ford.
Le chef libéral a promis qu’il investirait 6 milliards de dollars dans un second mandat pour améliorer l’accès à un médecin de famille et à des services de santé mentale.
Il s'est aussi engagé à créer un régime canadien d’assurance médicaments, mais sans s'avancer sur les coûts que celui-ci représenterait pour le Trésor public.
En plus de s'engager à établir des normes nationales claires en matière d’accès aux services en santé mentale, le chef libéral s'est surtout contenté d’énumérer une série d’objectifs qu’il poursuivrait :
s’assurer que chaque Canadien a accès à un médecin de famille;
rendre les soins à domicile et les soins palliatifs plus accessibles;
diminuer les coûts des médicaments vitaux pour les Canadiens qui souffrent de maladies rares.
En ce moment, la qualité des services [en santé mentale] peut dépendre de l'endroit où vous habitez ou de l'hôpital auquel vous allez. Les gens qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et qui habitent loin des villes n'ont pas énormément d'options.
M. Trudeau est demeuré avare de détails sur l'ensemble de ces engagements, rappelant qu’ils ne se matérialiseraient qu’après des négociations avec les provinces et les territoires.
Ottawa a un rôle à jouer en matière de santé, mais l’administration des soins est de compétence provinciale. L'an dernier, les premiers ministres des provinces et des territoires ont demandé qu'un futur régime national d'assurance médicaments soit financé en majorité par le fédéral.
Son auteur, l'ex-ministre provincial ontarien Eric Hoskins, estimait à 15 milliards de dollars les coûts supplémentaires associés à pareil régime, et alléguait qu’Ottawa devrait payer la facture.
Il y a bien trop de Canadiens qui doivent choisir entre payer leur épicerie et payer leurs médicaments.
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Les chiffres ne balancent pas
Le professeur Damien Contandriopoulos, de l’École des sciences infirmières de l’Université Victoria, en Colombie-Britannique, estime lui aussi que les libéraux devraient débloquer beaucoup plus d'argent pour financer un régime d'assurance médicaments national.
Est-ce que c’est quelque chose de réaliste à l’intérieur de l’enveloppe budgétaire dont les libéraux ont parlé, d’un 6 milliards étalés sur 4 ans? On voit bien que les chiffres ne balancent pas.
Pour le début de la mise en oeuvre, c’est certainement faisable. On s’entend par contre que le fonctionnement réel d’un régime public d’assurance médicaments, c’est beaucoup plus que 6 milliards de dollars par an, a-t-il indiqué en entrevue à RDIéconomie.
Damien Contandriopoulos estime qu'Ottawa devrait débourser au moins 12 milliards de dollars annuellement. Il évoque cependant des économies que pourrait faire le gouvernement fédéral en achetant des médicaments en grande quantité.
Combien de moins? Difficile de faire une évaluation précise, reconnaît-il, évoquant cependant des pays comme la Nouvelle-Zélande où la création d'un régime public a fait baisser le coût des médicaments.
En septembre 2017, le directeur parlementaire du budget avait pour sa part avancé qu’un programme national d’assurance médicaments coûterait un peu plus de 19 milliards de dollars par année.
Trudeau utilise Doug Ford comme repoussoir
Aussi imprécis soient-ils, les engagements de Justin Trudeau en santé lui ont permis d’insister lourdement sur ce qu’il considère comme une différence fondamentale entre les approches libérales et conservatrices en la matière.
Il n’a pas manqué une occasion d’affirmer que le Parti conservateur fédéral d’Andrew Scheer ferait des compressions dans les programmes sociaux du pays, l’assimilant sans détour aux conservateurs provinciaux de Doug Ford, dont la popularité a fondu un an après son arrivée au pouvoir.
Il a évoqué le nom du premier conservateur ontarien à 14 reprises en conférence de presse.
Tout gouvernement canadien va devoir négocier avec les provinces sur l'avenir de notre système de santé. Mais la question devient : "Qui voulez-vous voir négocier [...] avec Doug Ford et les autres premiers ministres conservateurs [du pays]"?
Interrogé sur les attaques de M. Trudeau lors d'une conférence à Woodbridge, en Ontario, le chef conservateur Andrew Scheer a assuré que son parti avait [son] propre plan, [ses] propres idées et [ses] propres politiques.
Il a rendu la pareille à son adversaire en le comparant aux anciens premiers ministres libéraux de l'Ontario Dalton McGuinty et Kathleen Wynne. Cette dernière a été congédiée l'an dernier par les électeurs, qui lui ont préféré Doug Ford.
Les mêmes architectes du bilan désastreux de Kathleen Wynne et de Dalton McGuinty travaillent maintenant pour Justin Trudeau et suivent le même plan. Alors c'est clair pour les électeurs en Ontario : notre plan va rendre la vie plus abordable et laisser plus d'argent dans leurs poches.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford (archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Je suis occupé à gouverner, rétorque Ford
Doug Ford a pour sa part dit croire que M. Trudeau cherchait à changer de sujet, en référence au tollé que des photos du chef libéral arborant un « blackface », avant qu'il ne se lance en politique, ont soulevé la semaine dernière.
Il est occupé à faire campagne et je suis occupé à gouverner. Je fais un excellent travail pour transformer cette province en remettant de l'argent dans les poches des gens, a-t-il commenté à CBC.
Interrogé sur ce qu'il attendait de la campagne électorale, le premier ministre ontarien ne s'est pas défilé, disant qu'il s'intéresse à ce que les partis proposent pour réduire la taille et les dépenses du gouvernement et remettre de l'argent dans les poches des contribuables, ainsi qu'aux investissements dans les infrastructures.
Il a été interrogé plus tard dans la journée sur les différences entre son plan et celui des libéraux. Il y a une grande différence : nous, on va le faire, a-t-il répondu, provoquant les rires de gens réunis à Halifax pour l'entendre.
Eux font juste en parler, a-t-il ajouté, reprochant au Parti libéral de promettre un régime d’assurance médicaments depuis 23 ans, sans jamais passer de la parole aux actes.
Ils travaillent pour les plus riches. Ils travaillent pour les compagnies pharmaceutiques. Ils ne travaillent pas pour les gens, a-t-il servi comme attaque aux libéraux. Moi, je ne travaille pas pour les riches. Je suis ici pour vous.
Jagmeet Singh a aussi rappelé qu'il compte créer un programme de soins dentaires pour les Canadiens les moins nantis, et établir des normes nationales pour assurer des soins de longue durée et des soins à domicile de qualité.
Elizabeth May, qui était aussi dans la province, a promis qu'un gouvernement du Parti vert accorderait la priorité à l'expansion des services de santé mentale et de réadaptation dans le cadre de l'Accord canadien sur la santé.
Elle s'est aussi engagée à élaborer une stratégie nationale sur la maladie d'Alzheimer et les démences apparentées, comprenant un financement considéré comme adéquat pour la recherche.