Homophobie : « Oui, j’ai peur » – Xavier Dolan à TLMEP

Xavier Dolan en entrevue à « Tout le monde en parle »
Photo : Radio-Canada / Karine Dufour
En entrevue à Tout le monde en parle pour parler de son film Matthias et Maxime, qui sort le 9 octobre au Québec, Xavier Dolan a expliqué avoir toujours peur de l’homophobie ambiante. Le réalisateur québécois a aussi raconté son récent tournage avec Gérard Depardieu.
Xavier Dolan a également soutenu que les scènes de violence contre les personnes LGBTQ+ devaient être montrées à l’écran, surtout pour sensibiliser la communauté hétérosexuelle.
Lorsque l’animateur de Tout le monde en parle, Guy A. Lepage, a demandé au comédien et réalisateur s’il avait peur, ce dernier a répondu par l’affirmative. Oui, j’ai peur. Ben oui...
, a-t-il répondu en hésitant, puis en donnant en exemple, notamment, l’agression subie par Markantoine Lynch-Boisvert à Charlevoix en août dernier.
Pour écouter l'entrevue complète de Xavier Dolan à Tout le monde en parle
Xavier Dolan a parlé d’homophobie après avoir abordé sa participation au film Ça : chapitre 2 (It Chapter Two). On a vu un extrait dans lequel son personnage se débat dans l’eau, défiguré.
Xavier Dolan a expliqué que Stephen King avait été inspiré par un fait vécu pour écrire Ça (It). Un jeune homme dans le Maine, dans les années 80, Charlie Howard, marchait avec son chum et s’est fait appréhender par une gang de harceleurs qui l’ont battu à mort et l’ont ensuite jeté par dessus un pont.
Montrer les agressions homophobes
La scène d’agression dans Ça : chapitre 2 a été critiquée pour avoir été trop violente et explicite. Les gens se demandaient pourquoi on montrait la violence ainsi et s’il était nécessaire de faire peur à la communauté LGBTQ+.
« Pour moi, c’est un message, surtout pour la communauté hétérosexuelle, qui est majoritaire et qui vit sa vie en marchant dans la rue sans vraiment se poser de questions : “Est-ce que je suis trop gai en ce moment? Est-ce qu’on est en train de me regarder d’une façon… Est-ce que ça se pourrait que deux gars m’appréhendent et me cassent la gueule tout d’un coup? Ce sont des questions qui, moi, m’habitent beaucoup. Oui, on pense qu’on en a fini avec ça, que c’est terminé, mais ça revient tout le temps. En fait, ce n’est jamais parti. »
Xavier Dolan se demande ce qui choque tant les gens.Ils sont prêts à aller voir pendant deux heures un clown dévorer le cœur de quelqu’un et crever ses yeux avec des pinces, mais ils ne sont pas capables de supporter de voir deux homosexuels se faire battre par des humains, pas par des créatures extraterrestres. Ce sont d’autres humains qui font ça
, martèle-t-il.
Tourner avec Depardieu
Xavier Dolan tourne pour la première fois dans un film français, Comédie humaine, de Xavier Giannoli, avec Gérard Depardieu et Cécile de France. Il s’agit de l’adaptation du roman Illusions perdues, d’Honoré de Balzac.
Le jeune homme raconte que le comédien français habite l’espace. Il a vu aussi sa main trembler lors du premier jour de tournage. J’ai senti que tout le monde était nerveux, comme Susan Sarandon sur le tournage de Ma vie avec John F. Donovan, qui est un monument. Elle était nerveuse au même titre qu’Anne Dorval est nerveuse. On est tous nerveux.
Xavier Dolan a tourné pendant trois jours pour ce film et il avait plusieurs répliques avec Gérard Depardieu. Il était présent, généreux et vrai. Et son regard. C’est un talent exceptionnel et [il a] une culture inouïe. Il connaît tous les films, tous les noms. [Il fait aussi] des blagues très vulgaires, ce qui me plaît énormément. On a eu beaucoup de plaisir et il a mangé 400 cerises devant moi, donc c’était très impressionnant.
Xavier Dolan ajoute que ce tournage a été une très belle expérience.
Un film sur l'amitié
Le nouveau film de Xavier Dolan, Matthias et Maxime, est présenté pour la première fois au Québec ce soir, même s’il sort officiellement en salle le 9 octobre prochain. Ce film marque une rupture avec le style habituel du jeune réalisateur, qui y joue aussi l'un des rôles principaux.
Xavier Dolan est Maxime, un personnage qui a une tache de vin sur le visage, dont on ne parle jamais dans le film. C'est une sorte de vulnérabilité. J'ai toujours eu une fascination pour les gens qui ont des taches de naissance. Ils entrent dans un café, dans une pièce, dans la rue, tu les regardes et ils baissent toujours les yeux. J'ai l'impression qu'ils ont appris à se voir comme étant peut-être moins beaux, alors que moi je trouve ça très beau, très sexy et unique.
Le film a été présenté en compétition officielle à Cannes en mai dernier.