Trudeau s'engage à bannir les armes d'assaut

Justin Trudeau assure qu'il bannira les armes d’assaut si les Canadiens lui accordent un second mandat.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
- François Messier
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les armes d’assaut, dont les fusils semi-automatiques AR-15 – utilisés dans plusieurs tueries de masse ces dernières années –, seront bannies si les Canadiens confient un second mandat au Parti libéral du Canada (PLC), a promis vendredi son chef, Justin Trudeau.
Un gouvernement libéral travaillerait également avec les provinces pour permettre aux municipalités qui le souhaitent de bannir les armes de poing sur leur territoire, a-t-il ajouté.
M. Trudeau a d'ailleurs présenté ses engagements lors d’un événement organisé dans le quartier grec de Toronto, où un tireur a tué 2 personnes et en a blessé 13 autres le 22 juillet 2018.
Aussi longtemps que des Canadiens perdront des êtres chers en raison de la violence liée aux armes à feu, les changements n’auront pas été suffisants. […] En 2017, les armes ont fait 2500 victimes de plus au Canada qu’en 2013.
Il a également annoncé qu'un gouvernement libéral réélu le 21 octobre s'assurerait que les personnes soupçonnées de présenter un danger pour elles-mêmes ou pour leurs proches ne peuvent pas posséder ou acheter de nouvelles armes.
Le chef libéral s'est aussi engagé à :
- renforcer les lois relatives à l'entreposage sécuritaire des armes à feu afin d'empêcher qu'elles tombent entre les mains de criminels;
- obliger toute personne souhaitant importer des munitions au Canada à détenir un permis d'armes à feu valide;
- limiter la glorification de la violence en créant de nouveaux règlements sur la publicité, la commercialisation et la vente d'armes à feu.
Nous n'allons pas ramener le registre fédéral des armes d'épaule et nous allons continuer de respecter les agriculteurs et les chasseurs canadiens
, a-t-il précisé.
Mais nous savons que vous n'avez pas besoin d'une arme d'assaut de type militaire conçue pour tuer le plus de gens dans les plus brefs délais pour tuer un chevreuil.
La promesse de M. Trudeau de bannir les armes d'assaut de type militaire a été faite quelques heures à peine après que son fabricant, l'entreprise américaine Colt, a annoncé qu'elle allait cesser de produire des AR-15 pour le marché civil.
Répondant aux questions des journalistes, M. Trudeau n'a pas clairement expliqué pourquoi il ne proposait pas une interdiction nationale des armes de poing.
Il a plaidé que son approche était mesurée
et qu'elle répondait aux demandes de certains maires, dont ceux de Toronto et de Montréal, John Tory et Valérie Plante.
Tout au long de sa conférence de presse, M. Trudeau a accusé les conservateurs de vouloir assouplir des mesures visant à mieux contrôler les armes à feu au pays.
Le député libéral de Notre-Dame-de-Grâce—Westmount, Marc Garneau, en a rajouté peu après en publiant sur Twitter une vidéo rappelant des positions sur les armes à feu défendues dans le passé par le chef conservateur Andrew Scheer.

Des armes à feu, comme les fusils AR-15 ci-dessus, sont à autorisation restreinte au Canada.
Photo : La Presse canadienne / AP / Alex Brandon
Rendre le Canada plus sécuritaire ne passe pas par des restrictions, plaide Scheer
Plus tôt en matinée, M. Scheer avait plutôt argué lors d'une conférence de presse que bannir des armes n’est pas la façon appropriée de rendre le Canada plus sécuritaire.
Nous avons écouté les experts, la police, qui nous ont dit que la meilleure façon de lutter contre les crimes était de s’attaquer aux criminels, aux gangs de rue.
C’est de cette façon qu’on rendra le Canada plus sécuritaire. Et c’est aussi la meilleure façon de concentrer nos ressources sur les armes illégales et les gangs de rue. C’est notre but
, a-t-il déclaré depuis Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
Dans une entrevue radiophonique accordée plus tôt cette semaine à Kitchener, Justin Trudeau avait accusé son adversaire conservateur d’être de mèche avec le lobby des armes à feu.

Selon Andrew Scheer, il faut s'attaquer aux criminels au lieu de cibler les armes.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Andrew Scheer a rétorqué vendredi qu’il s’agit là d’une accusation ridicule faite par un premier ministre qui se retrouve au milieu de son propre scandale, et qui est désespéré
de changer de sujet.
Nous croyons que nous devons être là pour les gens honnêtes — les propriétaires d’armes à feu honnêtes, par exemple —, et nous allons cibler les vrais criminels
, a-t-il affirmé.
Depuis Essex, en Ontario, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a plaidé qu'il avait lui-même demandé au gouvernement Trudeau l'an dernier d'agir afin de permettre aux municipalités d'interdire les armes de poing.
Certaines ont demandé ce droit, et c’est quelque chose que j’ai exigé que le gouvernement fédéral fasse. Il faut donner ce pouvoir aux municipalités qui le veulent
, a-t-il déclaré.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) est aussi en faveur de réduire l'accès
aux armes d'assaut, a dit Jagmeet Singh, mais sans préciser sa pensée.
M. Singh soutient aussi qu'il faut donner plus de ressources aux douaniers pour empêcher le trafic d'armes.
- François Messier