« Blackface » : une affaire de politiciens blancs, dénonce Dany Laferrière

L'entrevue de Dany Laferrière avec Anne-Marie Dussault
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'écrivain et académicien Dany Laferrière dénonce vivement le traitement politique et médiatique de la controverse provoquée par la publication d'une photo de Justin Trudeau en « brownface » et « blackface », estimant même que les adversaires du chef libéral font preuve d'« hypocrisie » dans cette affaire.
En entrevue à l'émission 24/60, sur les ondes d'ICI RDI, l'auteur déplore que l'on oublie le contexte de la première photo qui a alimenté l'affaire, publiée mercredi soir par le magazine américain Time, où l'on peut voir M. Trudeau déguisé pour ressembler à Aladin, dans Les mille et une nuits.
Aladin ne se réfère pas à un être vivant, c’est un personnage littéraire
, affirme ainsi M. Laferrière.
Celui-ci est d'ailleurs catégorique : le geste posé par M. Trudeau n'est pas un acte de « blackface ». Il faut qu’il y ait une volonté certaine de vouloir ridiculiser et déshumaniser l’autre, et dans le cas de la première image que j’ai vue, où il était accompagné d’une jeune femme magnifique, et où il avait un très beau turban, et les femmes ne semblaient pas effrayées par sa présence… Aux États-Unis, quand on faisait du "blackface" pour ridiculiser, on mettait un regard effrayé, de grosses lèvres, des yeux un peu entourés de blanc pour obtenir un regard à la fois effrayé et effrayant.
De fait, pour l'écrivain, l'affaire est avant tout politique. Voilà pourquoi il juge que non seulement il n'a pas à accepter les excuses du chef libéral, présentées mercredi soir, puis encore une fois jeudi, mais que les excuses en question n'ont rien à voir avec cette histoire
.
C'est la politique, c'est l'Amérique du Nord. Nous nous disons société laïque, mais en fait, nous sommes toujours dans la confession publique.
Au dire de M. Laferrière, l'acte de contrition de Justin Trudeau est en fait une étape nécessaire dans le cadre de la campagne électorale.
D'après lui, les gens ne sont pas toujours honnêtes sur la question du racisme. Qu'ont-ils fait contre le racisme et ceux qui s'en emparent? Ils en ont contre un homme politique qui est en campagne électorale, et à qui il est arrivé cette peau de banane
.
Une situation similaire pourrait survenir et éclabousser une autre personne d'ici au 21 octobre, estime-t-il.
Goguenard, l'auteur s'est amusé à pousser plus loin sa réflexion sur le choix, par le futur premier ministre de l'époque, de se déguiser en personnage des Mille et une nuits : Ce serait intéressant d’aller voir un psychologue et de lui demander son avis sur Justin, qui voulait devenir Aladin
, a-t-il suggéré.
C’était un jeune homme turbulent, qui vivait en Chine avec son père, qui était très pauvre, et qui a trouvé cette lampe qui lui permet de faire des miracles, dont celui de se marier avec une princesse. Je vois très bien ce jeune homme, ce jeune Trudeau qui rêve d’épouser une princesse, et ce n’est pas du tout quelque chose de mauvais. Peut-être que ce jeune homme, qui est devenu premier ministre, voudra bien garder la lampe qui lui permettra de devenir premier ministre, encore une fois.