Transport ferroviaire : prélude au Sommet de décembre
Une trentaine de personnes ont participé à la consultation qui avait lieu mardi au Bas-Saint-Laurent.
Photo : Radio-Canada / Joane Bérubé
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Québec cible le transport ferroviaire comme un des axes principaux de sa politique de développement durable. Transports Québec était de passage à Matane, mardi, pour consulter la population sur les enjeux du transport par train en prévision du sommet qui se tiendra en décembre à Drummondville.
Si les participants à la rencontre se sont montrés ouverts aux intentions du gouvernement, plusieurs maires, eux, ont fait état de leurs relations, et dans plusieurs cas de leur absence de relations, avec les propriétaires de réseau ferroviaire.
La préfète de la MRC de la Matapédia, Chantale Lavoie, a raconté avoir été avisée par le CN qu'une facture de 100 000 $ sera acheminée à la MRC pour la réfection d’un passage à niveau à Routhierville sans avoir aucun droit de regard sur les travaux. On reçoit un avis comme de quoi les travaux vont être faits. Ce n’est pas dans un an, dans deux ans. C’est là, cet été, et on n’a aucun droit sur les travaux qui vont être faits. On paie la facture d’un bout à l’autre, c’est tout.
Mme Lavoie souhaiterait que les relations soient plus harmonieuses. On veut être capable de prévoir les choses, a-t-elle dit. C’est une réalité que le chemin de fer passe sur nos territoires. Mais on peut-tu s’organiser et être de bons collaborateurs
.
La mairesse de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, a souligné, quant à elle, la mauvaise qualité du service de train de passagers dont les arrivées et les départs se font en pleine nuit au Bas-Saint-Laurent. Les gens ne savent même pas qu’il y a une gare
, a déploré Mme Vignet.
Le maire de Rimouski, Marc Parent, aimerait lui aussi être mieux informé de l’état des infrastructures qui traversent sa municipalité. C’est vers nous que se tournent les citoyens pour avoir des réponses, a-t-il observé.
Du train au bateau
À Matane, le maire, Jérôme Landry, aimerait lui aussi en savoir davantage sur l’état du traversier-rail Georges-Alexandre-Lebel, qui appartient au CN.
Le bateau, dit-il, a 41 ans
. M. Landry aimerait s’assurer de la pérennité du service et entamer des discussions sur la configuration d’un futur traversier-rail.
En raison des problèmes du traversier F.-A.-Gauthier, le Georges-Alexandre-Lebel a pu être modifié cet hiver pour transporter les camions de la compagnie Béton provincial. Jérôme Landry estime que cette expérience devrait inspirer le CN. ll faut démontrer la possibilité d’avoir un bateau qui soit différent, amélioré, plus polyvalent, qui permettrait à l’opérateur d’avoir plus de revenus donc une plus grande viabilité
, a dit le maire Landry.
Le maire aimerait aussi analyser cette occasion de développer la stratégie de transport courte distance sur le Saint-Laurent avec le CN. Le développement du transport ferroviaire, selon lui, va de pair avec le développement du transport maritime.
« Il faut trouver le meilleur moyen de transport pour chaque produit. »
Développement des régions
Selon le maire de Matane, la compatibilité des moyens de transport est à la fois une question économique et environnementale. Le transport pour les entreprises manufacturières, c’est extrêmement important, c’est ce qui fait en sorte qu’elles sont compétitives ou non avec les marchés de Montréal et des États-Unis, affirme Jérôme Landry. On sait que le transport par train et par bateau, c’est le transport en commun des marchandises, nous aussi, on veut du transport en commun.
En préparation du sommet, le ministère des Transports voulait aussi discuter de la pérennité du réseau et d’une exploitation plus soutenue.
Le maire de New Richmond, préfet de la MRC de Bonaventure et président de la Société des chemins de fer de la Gaspésie, Éric Dubé, en a profité pour rappeler l’importance pour le Québec de se doter d’une politique d’entretien de son réseau ferroviaire. La base de ça, commente Éric Dubé, c’est qu’il faut que nos réseaux soient entretenus, en bon état. Tout le reste va suivre. La sécurité va être là. Les enjeux, les préoccupations des citoyens surtout ce qui tourne auprès de la sécurité vont être réglés.
Quelque 150 millions de dollars ont été consentis jusqu’à maintenant pour remettre en état de rail gaspésien. La facture pour rénover le chemin de fer de Matapédia à Gaspé risque d’être plus élevée, mais n’atteindra pas les trois milliards qu’il faudrait investir pour en construire un neuf. Pour avoir parlé avec d’autres régions qui ont transformé depuis les 30 dernières années leur chemin de fer en piste cyclable, ils réalisent aujourd’hui que c’est impossible, a affirmé Éric Dubé. Les coûts sont trop faramineux.
Pour Éric Dubé, Québec doit se doter d’une politique d’investissement et d’entretien pour son réseau ferroviaire. On comprend que même si on met de l’argent, ce débat va revenir dans 30 ans ou dans 40 ans parce que les normes changent. C’est important d’arriver avec une politique qui va répondre à ça avec une vision économique. Pour une région éloignée comme la nôtre, ça va toujours rester un enjeu de développement économique.
La tournée des régions du ministère des Transports se poursuit jusqu’au 3 octobre. La date limite de réception des mémoires est le 18 octobre 2019.