Des parents dénoncent la gestion d'un incident raciste au sein d'une école de Vancouver

Les deux mères ont rencontré la surintendante de la commission scolaire de Vancouver lundi soir pour faire part de leurs critiques quant à la gestion d'un incident raciste survenu à l'École secondaire Lord Byng.
Photo : Radio-Canada
Des parents d’anciens élèves de l’École secondaire Lord Byng, à Vancouver, critiquent la direction de l’école ainsi que la commission scolaire pour la façon dont elle a géré un incident raciste au sein de l’école. Les parents concernés ont rencontré la surintendante de la commission lundi soir pour faire part de leurs préoccupations.
En novembre dernier, un élève de l’École secondaire Lord Byng a enregistré une vidéo dans laquelle il disait vouloir commettre des actes violents à l’égard de personnes noires.
Je déteste les n---. J'espère qu'ils meurent tous [...] Je veux les enligner, lancer un explosif et faire Kaboom
, dit-il dans la vidéo.
La vidéo en question a été partagée entre plusieurs élèves avant d’être visionnée par une élève noire, qui a ensuite rapporté son existence à des membres de la direction.
L’auteur de la vidéo aurait reçu une suspension de quelques jours, selon Rita Baboth et Suzanne Daley, deux mères d'élèves noirs qui ont quitté l'école, car ils étaient déçus de la gestion de l'incident. Ces mères demandent que l’auteur de la vidéo soit renvoyé.
Ma fille a plaidé que ce n’était pas assez. “[L’élève] doit être suspendu. Ce n’est pas correct et je ne suis pas confortable de circuler dans les couloirs de l’école avec [cet élève], si je sais que c’est comme ça qu’il se sent”
, a expliqué Rita Baboch.
La direction de l'école lui aurait dit que la vidéo n'était pas dirigée vers elle ou sa fille.
Les personnes noires de qui on parle, ce sont nous. Je ne comprends pas comment [vous] pouvez dire que [les remarques] ne sont pas dirigées vers nous. Qui sera responsable s'il décide de faire ce qu'il a dit? Je ne peux avoir mon enfant dans cet environnement
, avance Mme Baboch.
Elle a porté plainte auprès du Service de police de Vancouver. Les autorités confirment avoir mené enquête sur le dossier, mais disent qu'ils sont confiants que la conclusion adéquate a été atteinte. Des accusations criminelles n'ont pas été recommandées.
L’enfant de Mme Baboth a quitté l’École secondaire Lord Byng l’hiver dernier parce, qu'elles jugeaient que l'École avait mal géré la situation.
Dans une lettre qu’a obtenue Radio-Canada, le VSB affirme à l’un des parents concernés que l’auteur de la vidéo pourra retourner à l’école secondaire Lord Byng en septembre 2019
. Aujourd’hui, la commission refuse de confirmer si l’élève est effectivement de retour à Lord Byng, citant la loi sur le droit à la vie privée.
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Suzanne Daley, mère d’une deuxième élève qui a aussi quitté l’École Lord Byng croit tout comme Rita Baboch que le cas a été gravement mal géré
.
En août dernier, un cas similaire est survenu à Columbia, en Caroline du Sud. Selon l’Associated Press, un jeune de 16 ans a été renvoyé de son école secondaire privée après avoir enregistré une vidéo raciste dans laquelle il tirait sur une boîte noire. Il disait qu’elle représentait les personnes noires. L’élève avait aussi menacé de fusiller l’école lors des vacances d’été.
Un manque de confiance
Au lieu de mettre de l’avant des solutions qu’ils voient soit comme réparatrices ou qui rendent justice, nous croyons qu’ils devraient écouter les victimes
, explique Marie Tate, membre du BC Community Alliance, un groupe qui s’est formé pour porter support aux familles Baboch et Daley suite à l’incident.
Le groupe a lancé une pétition de plus de 800 signatures demandant à la commission scolaire d’en faire plus pour gérer les cas de racisme au sein de ses écoles.
La transparence est aussi de mise. Nous n’avons pas vu beaucoup de transparence de la part de la commission scolaire de Vancouver. Personne ne veut exposer son linge sale, mais cela crée des problèmes de confiance
, soutient Mme Tate.
« À cause du manque de transparence, il y a un manque de confiance. »
La surintendante de la commission scolaire de Vancouver, Suzanne Hoffman, dit avoir écouté les doléances des parents lors de la réunion de lundi soir.
Je crois que lorsqu’il en vient aux problèmes soulevés au sein de nos écoles, il n’y a pas d’approche unique. Ça varie grandement d’école en école, et selon l’âge de l’enfant
, a-t-elle déclaré.
« Ceci étant dit, la commission scolaire de Vancouver ne tolère pas et ne devrait pas tolérer de racisme. Et c’est la position que nous devons prendre, peu importe l'âge de l’élève. »
De son côté, Rita Baboth dit que l’incident remet en question son expérience au Canada. La mère de famille d’origine soudanaise a immigré au pays à l’âge de 22 ans.
« Je ne veux pas vivre une vie de ce genre. Je ne veux pas que mon enfant se dise “je vais être traité de manière différente à cause de la couleur [de ma peau]”. »
Je suis venue au Canada parce que je sentais que c’était [un pays] sécuritaire pour moi, parce qu’il y a de la diversité et aussi parce que c’est un pays pacifique
, a-t-elle déclaré. Mais après [cet incident], je ne sais plus ce que je vais penser. Je peux juste espérer que les choses changeront pour le mieux.