Où situer les verts sur l’échiquier politique?

La chef du Parti vert, Elizabeth May, lors du lancement de sa plateforme électorale à Toronto lundi.
Photo : Reuters / Carlos Osorio
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Parti vert du Canada a des propositions très ambitieuses en matière d’environnement : mettre fin à l’expansion du pipeline Trans Mountain, interdire la vente de voitures à essence d’ici 2030 (à l’exception des véhicules commerciaux), construire un train à haute vitesse entre Québec et Toronto, ainsi qu’entre Edmonton et Calgary. Mais, au-delà de la question climatique, qu’a-t-il à proposer? Où peut-on situer les verts sur l’échiquier gauche-droite?
Ce n’est assurément pas un parti centriste
, dit Geneviève Tellier, professeure en sciences politiques à l’Université d’Ottawa.
Les verts ont beau clamer dans leur slogan qu’ils sont « ni à droite ni à gauche », ils sont résolument « progressistes », estime Mme Tellier.
C’est pour cette raison qu’ils pourraient faire mal au Nouveau Parti démocratique. Revenu minimum garanti, droits de scolarité gratuits pour les étudiants, programme d’assurance-médicaments universelle : toutes des propositions qui lorgnent dans les plates-bandes des néo-démocrates.
Pour financer ces programmes, les verts proposent entre autres d’abolir les subventions aux industries fossiles, de taxer les banques et d’imposer davantage les plus riches… le fameux 1 %.
Là aussi, on est en terrain progressiste.
Le Parti vert prône quand même la responsabilité fiscale et promet le retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans. Les verts n’ont pas encore chiffré publiquement la plateforme qu’ils ont présentée lundi. C’est une question de jours
, précise la chef Elizabeth May.
Verts contre NPD

Le chef du NPD (à gauche) et la chef du Parti vert (à droite), lors du premier débat de la campagne, jeudi dernier. Les deux formations politiques ont plusieurs propositions similaires, afirme la politologue Geneviève Tellier.
Photo : Reuters / POOL New
Il y a toutefois une différence de « valeurs » entre le Parti vert et le NPD. Pour les néo-démocrates, « l’environnement est important, mais le sort des travailleurs aussi », décrit Geneviève Tellier.
Le NPD, sa base, ce sont les syndicats
, ajoute la professeure, alors que chez les verts, ça va être l’environnement qui va être plus important que les emplois
.
Pour les verts [...], la création d’emplois est importante, mais on va dire qu’il faut aller dans de nouveaux secteurs.
On peut donc laisser de côté les entreprises manufacturières traditionnelles plus polluantes
, illustre Mme Tellier.
D’ailleurs, sur l’île de Vancouver, où le NPD détient la majorité des sièges, mais où les verts comptent faire des gains, le militant néo-démocrate Teale N. Phelps Bondaroff reproche aux troupes d’Elizabeth May de ne pas parler suffisamment d’inégalités.
Je trouve que le Parti vert est partout sur le spectre politique. Selon moi, c’est le NPD qui soutient mes valeurs progressistes
, dit-il.
Un peu comme le mouvement souverainiste...

Le souverainiste Pierre Nantel est candidat pour le Parti vert.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Le militant néo-démocrate résume bien l’un des défis des troupes d’Elizabeth May en 2019. Le programme des verts a beau être résolument progressiste, la cause au cœur du parti – la lutte contre les changements climatiques – préoccupe maintenant des Canadiens de tous horizons politiques.
On entend de plus en plus des chefs d’entreprise dire : "Il faut se préoccuper de la question environnementale"
, précise Geneviève Tellier.
Le souverainiste Pierre Nantel est candidat pour la formation politique écologiste. Mark Vercouteren, qui a déjà tenu des propos antiavortement, veut aussi représenter les couleurs du parti.
Les verts commencent à regrouper un éventail de plus en plus large d’opinions [...] Il va falloir faire travailler tous ces gens ensemble. Est-ce que ça va être possible?
se demande Mme Tellier.
Comme pour le mouvement souverainiste au Québec, les verts pourraient se rendre compte qu’il est parfois difficile de rallier tout le monde autour d’une même cause.