May s'engage à résoudre le casse-tête de la lutte contre les changements climatiques
Le reportage de Laurence Martin
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Parti vert s'engage à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 60 % par rapport à leur niveau de 2005 dès 2030, et à les éliminer complètement d’ici 2050.
Il s'agit là de la promesse centrale de la plateforme électorale de quelque 90 pages que la chef du parti, Elizabeth May, a dévoilée lundi, à Toronto, devant une foule de militants.
Le document présente en fait la vision du Canada que prônent les verts à l'horizon 2030 et un aperçu des projets de loi, des outils de réglementation et des investissements qu'ils mettraient en œuvre pour parvenir à leurs objectifs.
« Nous avons tout ce qu’il nous faut pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés. […] Il ne nous manque rien, sauf une vision pour le pays. Notre plateforme est une vision du Canada en 2030. »
Cela inclut le refus de tout projet d'extraction de pétrole, de gaz ou de charbon, l'annulation du projet de pipeline Trans Mountain ainsi que l'élimination de toutes les subventions à l'industrie des combustibles fossiles. Des mesures qui semblent rejoindre les demandes formulées lundi par le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.
Le Parti vert propose aussi de mettre en place une stratégie nationale visant à s'assurer que le transport public terrestre n'émettra plus de GES, responsables du réchauffement climatique, dès 2040.
Un gouvernement vert interdirait ainsi la vente de véhicules de promenade fonctionnant à l'essence d'ici 2030, en plus d'éliminer la taxe sur les produits et services sur les véhicules électriques.
Le parti de Mme May propose également une politique pour favoriser l'essor du transport ferroviaire, qui serait mise en œuvre grâce à une loi concernant Via Rail.
Cela inclurait un investissement de 600 millions de dollars dès l'année 2020-2021, un montant qui serait, trois ans plus tard, majoré jusqu'à 720 millions de dollars.
Les verts proposent également de construire une liaison ferroviaire à haute vitesse reliant Québec à Toronto en passant par Ottawa, et une autre reliant Calgary à Edmonton.
« Oui, je crois que je suis la personne la plus qualifiée pour être première ministre du Canada. […] Mais je vais aussi dire que je crois que ce n’est pas très probable. »
Un budget équilibré d'ici cinq ans, promet May
La faisabilité du plan ne pourra toutefois pas être jugée d’emblée, puisque le bureau du directeur parlementaire du budget n’a pas fini de l’évaluer, a indiqué Mme May.
Le cadre financier sera dévoilé d’ici une semaine, a-t-elle assuré, et il prévoira que les finances publiques du pays seront équilibrées d’ici cinq ans.
« Ce n’est pas cher. On doit le faire. C’est un bon marché de sauver l’humanité dans les 10 prochaines années! »
Le déficit prévu par le gouvernement Trudeau pour l’année 2019-2020 est de 19,8 milliards de dollars.
La plateforme du parti souligne tout de même qu'un gouvernement May hausserait le taux fédéral d’imposition des sociétés de 15 % à 21 %, mais qu'il laisserait inchangé, à 9 %, celui des petites entreprises.
Les profits des banques commerciales seraient taxés à 5 %, et les géants du commerce en ligne – comme Netflix, Google, YouTube, Amazon, Facebook, Uber et Airbnb – seraient aussi soumis à l'impôt sur les sociétés.
Assurance médicaments, lutte contre la pauvreté et gratuité scolaire
Outre l'environnement, qui constitue la pierre angulaire de sa vision, le Parti vert fait aussi une série de propositions en matière de santé, de justice fiscale, d’éducation et de lutte contre la pauvreté.
Il s'engage notamment à mettre sur pied un régime universel d'assurance médicaments, soutenu par un organisme chargé de faire des achats en vrac, et à couvrir les soins dentaires.
Il propose également d'abolir la méthode actuellement en vigueur pour les transferts en santé faits aux provinces, basée sur la croissance du produit intérieur brut, afin de mieux tenir compte de la réalité démographique des différentes régions du pays.
Le Parti vert propose aussi de créer un programme de revenu minimal garanti, qui pourrait varier selon les régions du pays, et de fixer un salaire minimum dans les autres régions du pays en fonction du coût de la vie.
Le salaire minimum fédéral serait quant à lui fixé à 15 $ l'heure.
Un gouvernement vert investirait aussi dans un système d’apprentissage préscolaire et de garde d’enfants qu'il souhaite universel et abordable.
Le parti s'engage en outre à investir 10 milliards de dollars afin d'abolir les droits de scolarité dans les collèges et les universités, et à radier les dettes étudiantes redevables au gouvernement fédéral.
La gratuité des études post-secondaires passerait notamment par la transformation des dépenses actuelles en bourse et des crédits d’impôt pour les frais de scolarité, indique la plateforme du parti.
Sur le plan social, le Parti vert s'engage à promouvoir l'égalité des genres et les droits des minorités sexuelles et à défendre les droits des minorités linguistiques, ce qui passera par une refonte de la Loi sur les langues officielles.
Enfin, Elizabeth May a mis l'accent sur le processus de réconciliation amorcé avec les communautés autochtones. Elle a affirmé qu'il fallait donner suite aux recommandations de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ainsi que celles de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
La violence structurelle de notre système mis au jour par l'Enquête sur les femmes autochtones ne pourra pas être éradiquée en un clin d’œil, [...] mais ça commence par le fait de reconnaître que nous devons faire des changements substantiels
, a affirmé Mme May.