Une nouvelle coalition pour la réforme du mode de scrutin fait pression sur Legault

Une coalition réunissant une quarantaine d’organisations québécoises pour un mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire voit le jour.
Photo : iStock
- François Messier
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une quarantaine d’organisations, dont des syndicats et des environnementalistes, lancent une nouvelle coalition vouée à s’assurer que la prochaine élection générale au Québec se déroule selon un mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire.
La Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti québécois (PQ), Québec solidaire (QS) et le Parti vert du Québec (PVQ) se sont conjointement engagés à aller de l’avant en ce sens avant la dernière élection d’octobre 2018, mais le temps presse pour que l’échéancier convenu soit respecté.
En avril dernier, Pierre Reid, directeur général des élections du Québec, a prévenu la ministre responsable, Sonia LeBel, qu’un projet de loi doit être adopté au plus tard en décembre 2019
afin qu'il puisse disposer des 30 à 42 mois nécessaires pour se préparer.
J'ai pris l'engagement de déposer un projet de loi d'ici le 1er octobre, et on va respecter cet engagement
, avait alors répondu le premier ministre François Legault. Mais le doute s’est néanmoins installé, selon la nouvelle « Coalition pour la réforme électorale maintenant! ».
On tergiverse un peu autour du sujet; c’est la raison qui nous a dans le fond motivés pour lancer cette coalition
, a expliqué en conférence de presse Alain Marois, vice-président du Mouvement Démocratie Nouvelle.
Celui qui est aussi vice-président à la vie politique de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) a souligné que le mot-clé pour la nouvelle coalition est maintenant
.
On veut que la promesse soit tenue – et on pense qu’elle sera tenue – qu’il y ait un projet de loi qui sera déposé avant le 1er octobre. C’est la limite; c’est ce qui était dans l’entente transpartisane.
On ne voudrait pas que, dans le cadre d’un projet de loi, il y ait des mesures qui fassent en sorte que ce ne soit pas applicable à la prochaine élection, qui est en 2022, et qu’on trouve des stratagèmes pour la reporter peut-être en 2026 ou [...] aux calendes grecques
, a-t-il poursuivi.
Ce que ça risque de faire, c’est de faire mourir l’idée de la réforme pour encore pour plusieurs années. C’est dans le fond notre motivation la plus profonde. On veut envoyer le signal clair qu’il faut que ça puisse être applicable
, a ajouté M. Marois.
S'appuyant sur un sondage Léger non probabiliste publié le printemps dernier, la coalition affirme que 70 % des Québécois sont en faveur d'une réforme du mode de scrutin.
Le système uninominal à un tour ne reflète pas adéquatement la pluralité politique des démocraties modernes. Il crée de fausses majorités, ne tient pas compte d’un grand nombre de votes exprimés à chaque élection, et ça, ça nourrit le cynisme de la population.
Joint par Radio-Canada, le directeur de cabinet de la ministre LeBel, Marc-André Ross, a réitéré que le gouvernement va déposer un projet de loi d'ici le 1er octobre
, comme prévu.
Des discussions visant à finaliser le tout sont toujours en cours, même si les grandes orientations
ont été arrêtées, a-t-il dit, promettant un projet de loi ambitieux
.
De nombreux membres
La nouvelle coalition regroupe plusieurs syndicats (CSN, CSQ, CSD, FAE, FIQ, SFPQ, APTS), des groupes environnementaux (Greenpeace Canada, Fondation David Suzuki), des associations de retraités (APRFAE, AREQ), la Fédération étudiante collégiale du Québec et le Groupe Femmes, Politique et Démocratie.
Elle inclut également le Mouvement Démocratie Nouvelle, qui milite depuis plus de 15 ans pour qu’une réforme du mode de scrutin provincial voie finalement le jour, après avoir été souvent promise, mais jamais livrée.
Selon Alain Marois, d'autres organisations ont été invitées à se joindre à ce front commun et pourraient s'y joindre prochainement.
Un mode de scrutin proportionnel mixte permettrait d'élire des députés selon la majorité obtenue dans un nombre réduit de circonscriptions. Il pourrait y en avoir 78, plutôt que 125 à l'heure actuelle, pour refléter la carte électorale fédérale.
D'autres candidats feraient cependant partie d’une liste, et leur élection serait déterminée en fonction du nombre de votes recueillis par leur parti dans une région donnée.
En fin de compte, l'Assemblée nationale compterait toujours 125 députés, et chaque région compterait le même nombre de députés. Certains représenteraient une circonscription précise, mais d'autres, toute une région.
Cette nouvelle façon déplaît à certains députés, qui craignent de perdre leur circonscription ou en voir d’autres devenir trop grandes, avec le risque que les services aux citoyens perdent des moyens.
- François Messier