Ottawa s'entend avec les provinces pour le financement des écoles de minorités linguistiques

La ministre Joly a annoncé un protocole d'entente entre Ottawa et les provinces pour financer les écoles de minorités linguistiques.
Photo : Radio-Canada
Un protocole d’entente, assorti d’un financement de 1 milliard de dollars sur quatre ans, a été conclu entre Ottawa et les provinces pour soutenir l’enseignement en milieu minoritaire.
L’essentiel de l’enveloppe budgétaire est formé de sommes déjà prévues au Plan d’action pour les langues officielles – 2018-2023.
En conférence de presse, la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, a toutefois souligné qu’un montant additionnel de 60 millions de dollars irait directement aux écoles de la minorité.
L’investissement de 15 millions de dollars par année apparaît minime une fois divisé entre toutes les provinces et tous les territoires.
La ministre Joly a toutefois assuré que cet argent viendrait répondre aux besoins, puisqu’il s’ajoute aux sommes prévues en 2019-2020 pour des projets d’infrastructure (10,6 millions) et de recrutement et de rétention des enseignants (16,8 millions).
Un « grand coup »
Mélanie Joly estime avoir frappé un grand coup, étant donné que l’éducation est un champ de compétence provinciale.
Le protocole d’entente a été signé par la ministre, mais les provinces et les territoires doivent encore le ratifier. Leur signature ne serait qu’une formalité, a-t-elle laissé entendre. Le gouvernement du Québec n'adhère pas au protocole.
À l’issue de négociations ardues, les 12 autres gouvernements ont accepté les conditions de la ministre Joly. Ils devront être plus transparents dans leur distribution des fonds. L’entente multilatérale prévoit aussi la consultation des minorités linguistiques.
Très souvent, les conseils scolaires se posent la question : où vont les fonds fédéraux versés aux provinces et territoires?, a souligné la ministre Joly. Pour la première fois, le fédéral a été en mesure de s’entendre avec les provinces pour que les conseils scolaires soient consultés, mais qu’ils sachent aussi où l’argent sera dépensé.
L’objectif était que le financement aille directement à l’appui des communautés linguistiques, dont les écoles jouent un rôle vital, plutôt qu’il soit envoyé de façon générale au système d’éducation des provinces.
« Ce qui est gagnant, c'est qu’il y aura de la reddition de comptes par rapport au gouvernement fédéral, mais surtout aux bénéfices des conseils scolaires. »
Le dernier protocole relatif à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la langue seconde entre le gouvernement du Canada et le Conseil des ministres de l’Éducation avait pris fin en mars 2018.
Son renouvellement a été bien accueilli, notamment par la Fédération nationale des conseils scolaires francophones.
Il y a des provinces et territoires qui n’étaient pas consultés, où il n’y avait pas de reddition de comptes et où l’argent était investi ailleurs que dans le système scolaire, explique le président de l’association, Mario Pelletier. C’est extrêmement important pour nous qu’on s’assure avec ce protocole d’entente que l’argent est investi dans nos salles de classe, avec nos élèves, avec nos conseils scolaires et nos partenaires communautaires.
Le nouveau protocole conclu avec les provinces et territoires prévoit 235 millions de dollars par année, entre 2019-2020 et 2022-2023.
Le nouveau financement disponible dès 2019-2020 pour l’éducation dans la langue de la minorité s’élève à 15 millions de dollars annuellement.
La grande majorité servira à soutenir les écoles en Ontario, au Yukon, en Colombie-Britannique, etc.
, illustre la ministre. En tout, ce sont 700 écoles francophones et 300 écoles anglophones, en milieu minoritaire, qui en bénéficieront.
L’argent servira aussi à soutenir les programmes d’immersion linguistique de plus en plus populaires au Canada anglais. Les écoles d’immersion ont connu une augmentation vertigineuse de 47 % de leur fréquentation en 10 ans. Malgré cela, à peine 6,8 % des anglophones hors Québec sont bilingues.
Avec les informations d’Émilie Dubreuil