L’inclusion scolaire menacée par le manque de ressources dans les écoles

L'inclusion scolaire signifie que tous les élèves, peu importe leurs besoins, peuvent être dans une classe ordinaire au Nouveau-Brunswick.
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Le système d’inclusion scolaire du Nouveau-Brunswick, permettant aux enfants avec des défis d’apprentissage ou autres d’être dans les classes ordinaires, pourrait être menacé par le manque de ressources à la fois humaines et financières, s’inquiète le nouveau président de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick (AEFNB), Gérald Arseneault.
L’inclusion scolaire au Nouveau-Brunswick est différente des autres provinces canadiennes, explique Gérald Arseneault. Si on n’est pas la place où il y a le plus d’inclusion, on est vraiment dans le haut du peloton. Tous les élèves au Nouveau-Brunswick, peu importe leurs défis, se retrouvent dans la salle de classe en tout temps.
Mais la viabilité à long terme de ce système pourrait être menacée.
« Ça marche tout de suite, mais comme dirait mon grand-père, ça marche "so much". Les enseignants le tiennent à bout de bras. Mais jusqu’à quand ils seront capables de le faire? »
Au coeur du problème, un manque criant de ressources humaines et financières pour appuyer ces enseignants dans leur travail quotidien, explique-t-il.
Une seule classe peut se retrouver avec plusieurs élèves ayant des défis, qu’ils soient de nature physique, psychologique ou cognitive. Pour chacun de ces élèves, l’enseignant doit s’assurer qu’il se développe à son plein potentiel à l’aide d’un plan individualisé.
Dans une classe de 20 élèves, une enseignante peut facilement avoir 12 plans individualisés.
Jusque là, tout va bien, l’enseignant fait son travail d’éducateur pour lequel il est formé. Mais les choses peuvent se corser rapidement et un élève peut, en tout temps, avoir besoin de l’aide urgente d’un psychologue ou d’un travailleur social. Ce sont ces spécialistes qui sont trop peu présents dans les écoles du Nouveau-Brunswick.
« Il en manque beaucoup. Si on va dans les régions minoritaires comme Saint-Jean, Fredericton, Miramichi, il y a très peu, sinon pas de psychologue scolaire. Donc un élève francophone doit aller du côté anglophone. »
Mais le travail dans les écoles est peu attirant pour un psychologue, en raison des conditions de travail offertes par le système public du Nouveau-Brunswick. Les psychologues scolaires sont surchargés. Ils ne sont pas rémunérés correctement par rapport à leur charge de travail et souvent laissent l’éducation pour aller au privé.
Ce faisant, l’enseignant n’a d’autre choix que de pallier ce manque de spécialistes, lance Gérald Arseneault. Il doit donc, en plus de s’occuper de l’éducation d’une classe entière dont certains élèves ont des plans individualisés, prendre en main des tâches pour lesquelles il n’est pas formé adéquatement.
« Mais on n’est pas des psychologues, on n’est pas des travailleurs sociaux, on est des enseignants. On est là pour éduquer les élèves, qu’ils atteignent leur plein potentiel. »
Sur le terrain, ce manque de ressources mène à des conséquences importantes : pour l’élève, cela implique souvent qu’il n’atteindra pas son plein potentiel, dit Gérald Arseneault.
Et pour le système d’inclusion scolaire, cela veut dire que les jeunes qui voient leurs enseignants en surcharge de travail seront peu tentés par la profession. La pénurie d’enseignants pourrait donc empirer au Nouveau-Brunswick et, éventuellement, ils ne seront plus plus assez nombreux pour soutenir ce système à bout de bras
, s’inquiète Gérald Arseneault.
Il faut valoriser l’enseignant en lui donnant une charge de travail digne d’un professionnel de l’éducation pour que des jeunes aillent étudier et veulent devenir des enseignants reconnus à leur juste valeur
, conclut-il.