Euthanasie : la volonté de mourir à l'épreuve de la démence aux Pays-Bas

Atteinte d'alzheimer, une femme euthanasiée aurait montré des signes ambivalents de son envie de mourir.
Photo : iStock / Katarzyna Bialasiewicz
Une médecin néerlandaise a comparu lundi dans une affaire inédite pour avoir euthanasié en 2016 une patiente de 74 ans atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui aurait montré des signes ambivalents de son envie de mourir, ont annoncé les procureurs.
Désormais âgée de 68 ans et à la retraite, la médecin, qui exerçait dans une maison de retraite, aurait ajouté un sédatif au café de la patiente et aurait demandé à sa famille de la maîtriser lorsqu'elle a commencé à se débattre.
La médecin, dont l'identité n'a pas été dévoilée, fait face à l'accusation de pratiquer l'euthanasie sans respecter les règles strictes définies pour un tel processus
, a déclaré auprès de l'AFP le porte-parole du ministère public Vincent Veenman.
Ayant reçu il y a quatre ans un diagnostic de la maladie neurodégénérative d'Alzheimer, la dame en question avait alors demandé dans une déclaration écrite à être euthanasiée plutôt que d'être placée dans une maison de retraite spécialisée, selon les procureurs.
Elle avait toutefois précisé vouloir être capable de décider [quand mourir] tant qu'elle avait encore tous ses esprits
, a rapporté la radio-télévision publique néerlandaise NOS.
Un médecin spécialisé en soins gériatriques avait ensuite jugé qu'elle répondait aux conditions requises pour bénéficier d'une euthanasie. Deux médecins indépendants avaient confirmé ce diagnostic, comme requis par la loi, a précisé NOS.
Aucune vérification
La médecin ayant effectué l'euthanasie est accusée d'avoir supposé que la dame voulait toujours mourir sans vérifier cela avec elle
. Même si elle est reconnue coupable, elle ne devrait toutefois être condamnée à aucune peine, a précisé le ministère public.
« Une question cruciale dans cette affaire est de savoir combien de temps un médecin devrait continuer à suivre un patient atteint de démence, si ce patient avait déjà demandé l'euthanasie à un stade antérieur »
Le parquet estime toutefois que la médecin aurait dû avoir une discussion plus poussée avec la patiente atteinte de démence
avant de l'euthanasier, a expliqué Mme van der Harg, précisant ne pas mettre en doute les intentions honnêtes
de la médecin.
La loi ne donne pas de réponse claire, c'est pourquoi nous demandons maintenant un juge dans cette affaire
.
Il s'agit de la première affaire du genre aux Pays-Bas, premier pays à avoir légalisé l'euthanasie en 2002. Les juges doivent rendre leur verdict dans deux semaines.