L’OCDE encense les politiques migratoires canadiennes

L'OCDE souligne notamment la qualité des programmes canadiens pour réunir les familles.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Recrutement des travailleurs immigrants : Canada 2019 est un rapport sobrement intitulé, mais riche en louanges. Dévoilé mardi matin par le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, le volumineux document a de quoi réjouir le gouvernement Trudeau à l’approche des élections fédérales.
De tous les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Canada est celui dont les politiques en matière de recrutement des travailleurs immigrants sont les plus efficaces, aux yeux de l’organisation.
« Le Canada possède non seulement le plus vaste, mais aussi le système de migration de la main-d'œuvre qualifiée le plus élaboré et le plus ancien de l'OCDE. En grande partie à la suite de nombreuses décennies de gestion de la migration de la main-d'œuvre, plus d'une personne sur cinq au Canada est née à l'étranger, l'une des plus fortes proportions de la zone de l'OCDE. Au Canada, 60 % de la population née à l’étranger a un niveau d’instruction élevé, la plus forte proportion dans l’ensemble des pays de l’OCDE. »
L’OCDE vante particulièrement les bienfaits du programme Entrée express, un système de sélection en deux étapes des immigrants économiques inauguré en 2015. Ce programme renforce « l’avantage concurrentiel » du Canada dans l’attrait des travailleurs les plus qualifiés, constate l’organisation.
Ses analystes soulignent que le Canada, parmi les pays membres, est le plus efficace quand il s'agit de réunir des familles, et celui qui fait le plus d’efforts constants pour améliorer son système migratoire.
« L’immigration favorise la croissance économique, permet de relever des défis, plus particulièrement les pénuries de main-d’œuvre auxquelles notre pays est confronté en raison du vieillissement de la population », a souligné le ministre Hussen lors de la présentation du rapport.
Les efforts canadiens pour promouvoir l'immigration, d'ailleurs, ne passent pas inaperçus. « Il y a une très bonne infrastructure qui soutient ce système. Une infrastructure d’intégration [mais aussi] une infrastructure marketing pour être sûr que le pays soit perçu, à l’étranger, comme un pays hôte attirant », a dénoté à l'émission Midi info le spécialiste en immigration à l’OCDE Thomas Liebig, qui a cosigné le rapport.
Le rôle des provinces et des territoires
La collaboration entre le Canada, ses provinces et ses territoires présente des défis, mais elle est cruciale dans ces succès, constate l'OCDE. Elle contribue tout particulièrement à la sélection et à la répartition des immigrants en fonction des besoins des régions et des opportunités qui s’y présentent.
« Un des facteurs clés du succès du modèle canadien, c’est qu’on choisit [selon] une banque de compétences assez large », explique M. Liebig « On ne cible pas des métiers particuliers [au niveau fédéral]. Le seul programme qui essaie de cibler certains métiers au fédéral c’est le Programme de travailleurs de métiers spécialisés, qui n’a pas un succès énorme et qu’on recommande justement d’abandonner ».
C'est le développement des programmes provinciaux de sélection des immigrants, au cours des deux dernières décennies, qui permet au Canada d’avoir un meilleur « équilibre » dans la répartition des travailleurs qualifiés que les autres membres de l’OCDE.
Des recommandations qui visent surtout les travailleurs temporaires
Le Canada a beau être un chef de file proactif dans la résolution des problèmes rencontrés par son système migratoire, celui-ci demeure imparfait. L’OCDE profite donc de ce rapport pour formuler des conseils et des recommandations. La plupart concernent des ajustements mineurs pour rendre le système un peu plus équitable ou plus efficient, mais quelques propositions sont plus ambitieuses.
L’organisation propose notamment que les programmes provinciaux s’alignent sur les critères de présélection d’Entrée express pour assurer la transparence et l’équité de l’immigration dans tout le pays, mais aussi pour simplifier le processus.
Elle propose également de fusionner le Programme des travailleurs de métiers spécialisés, le Programme des travailleurs qualifiés et la catégorie de l’expérience canadienne, qui sont eux-mêmes liés à Entrée express.
Mais c’est dans les programmes consacrés aux travailleurs temporaires que l’OCDE identifie le plus de lacunes à corriger et de systèmes à bonifier.
Son rapport propose la création de programmes régionaux temporaires ciblant des besoins sporadiques en matière de main-d’œuvre et s’adressant à ces travailleurs pour leur offrir des emplois dans des domaines où les besoins sont saisonniers ou cycliques. Les programmes actuels ciblent mal les travailleurs, constate l’OCDE, car les trois quarts des immigrants temporaires ne comblent pas des besoins ciblés.
L’organisation estime aussi que le Canada devrait simplifier la vie aux entreprises qui ont recours à des travailleurs temporaires étrangers, en réduisant la charge administrative qu’imposent les programmes actuels. Idem pour les travailleurs temporaires désireux de rester au Canada, soit en renouvelant leur permis de travail ou en immigrant de façon permanente, ce qui présentement peut être laborieux et difficile.
À lire aussi :
- Le Canada veut faciliter l’immigration des aides familiaux étrangers
- De nouvelles mesures pour protéger les travailleurs migrants et les immigrants
- Le Programme des travailleurs étrangers temporaires pourrait être modifié
- Hausse fulgurante des demandes de visas temporaires depuis 2015 au Canada
- Un seul permis de travail ouvert distribué au Canada depuis juin