Les hippies tels que vus par Radio-Canada
Le journaliste Bernard Derome dresse le portrait de la communauté hippie de Montréal en 1968.
Photo : Radio-Canada
Il y a 50 ans se tenait le plus grand festival de l’histoire du rock : Woodstock. Ce festival allait aussi devenir le rassemblement le plus emblématique de la culture hippie. Une culture et un mouvement de contestation que Radio-Canada a étudié au cours de cette période.
En introduction de ce reportage à l’émission Aujourd’hui du 25 juin 1968, l’animateur Wilfrid Lemoine tente de définir le mouvement hippie.
Contrairement aux mouvements de contestation violents, comme « les vestes de cuir », les hippies forment un mouvement de contestation pacifique en se plaçant volontairement « hors du circuit de la société ».
« Ce sont généralement de doux anarchistes qui aiment l’amour, les fleurs, qui aiment le rêve et aussi la drogue. »
Dans le reportage qui suit, le journaliste Bernard Derome va à la rencontre de hippies de Montréal.
Les membres d'une commune dont fait partie le poète Denis Vanier se confient sur leurs valeurs, sur leur style de vie et sur la société dont ils se dissocient farouchement.
« C’est l’amour libre pas mal plus que réservé », affirme un hippie sur les relations qui se dégagent de la commune. « C’est déjà une grande preuve d’amour que de partager avec tout le monde », confirme une autre.
« Tout à l’heure, j’étais à la maison avec Denis et puis le bébé, le chien et un oiseau qui chantait tout doucement et j’écoutais du Bob Dylan. Tout était très rose, rempli d’une vibration très amicale. On fumait un petit peu de haschich, comme ça. Je suis devenue très heureuse. C’est ça être stone, être très heureuse. »
« Si vous n’êtes pas paresseux, vous êtes un peu lâche », avance le journaliste Bernard Derome.
« Par rapport à quoi? », lui répond du tac au tac un membre de la commune hippie. « Par rapport à une société qui consomme, qui va se faire tuer au Vietnam, qui travaille de 9 à 5 et après ça qui va se paqueter et qui fait des enfants à sa femme? »
« Moi, j’aimerais me voir avec deux, trois enfants et, au sens du travail, avec cinq, six livres publiés. Puis avoir créé une commune et avoir à peu près 2000 personnes qui vivent là », envisage le poète Denis Vanier. « Déjà, je pense que ça serait un grand pas de fait ».