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Après l'avoir critiqué, Germain Hôtels s'affiche maintenant sur Airbnb

Un aperçu de l'application Airbnb sur une tablette où on voit le logo et une photo de piscine.

Plusieurs types de logements sont maintenant proposés sur Airbnb : un logement entier, une chambre privée ou une chambre d'hôtel.

Photo : Getty Images / John MacDougall

Depuis peu, Airbnb s’est diversifiée en proposant aux complexes hôteliers d'être référencés sur son site. Le groupe québécois Germain Hôtels, qui avait pourtant vivement critiqué les pratiques de la firme américaine en dénonçant une concurrence déloyale, a décidé de se lancer sur cette plateforme.

Choisir une chambre d’hôtel sur Airbnb, c’est désormais possible. Ces derniers mois, l’entreprise californienne a inséré cette option dans la sélection des types de logements proposés aux internautes.

Surprise : en cherchant un hôtel dans la région montréalaise, on retrouve notamment l’Hôtel Alt+, du Groupe Germain Hôtels, au quartier Dix30 à Brossard. La direction de ce fleuron québécois de l’industrie hôtelière a pourtant vivement critiqué Airbnb ces dernières années, en invoquant une iniquité fiscale. 

« Oui, ça peut paraître paradoxal », admet Monique Strouvens, vice-présidente ventes et marketing de l’entreprise qui exploite 18 hôtels au Canada.

L’objectif, explique-t-elle, est de « mieux comprendre comment ils font » pour « donner notre opinion d’une façon éclairée ». « Un groupe comme Germain Hôtels doit rester à l'affût de tout ce qui est offert », rajoute-t-elle. 

Airbnb, c’est quand même un joueur qui est émergent dans la distribution hôtelière et sur la distribution en ligne. Quoi de mieux que de travailler avec eux pour mieux comprendre leur fonctionnement.

Une citation de Monique Strouvens, vice-présidente ventes et marketing du Groupe Germain Hotels
Une annonce d'un hôtel sur Airbnb

L'hôtel Alt+ de Brossard, du Groupe Germain Hôtels, est disponible sur Airbnb.

Photo : Capture d'écran - Airbnb

Des commissions nettement moins élevées sur Airbnb

Pour le moment, la présence de grands groupes hôteliers reste cependant rare sur Airbnb à travers le Canada. Si l’on recense également sur cette plateforme, à Montréal, le luxueux Hôtel Bonaventure, on remarque essentiellement des hôtels de taille moyenne, des auberges ou des gîtes. 

« La clientèle Airbnb n’est pas nécessairement une clientèle naturelle pour les hôteliers, justifie Eve Paré, présidente de l’Association des hôtels du Grand Montréal. Si quelqu’un va sur Airbnb, ce n’est pas nécessairement une chambre d'hôtel qu’il recherche. »

L’attrait, pourtant, est fort pour les hôteliers. Proposer des logements sur Airbnb peut s’avérer lucratif pour ces professionnels, qui doivent composer avec des commissions élevées de la part de Booking.com ou Expedia.

À chaque réservation, l’établissement doit verser entre « 10 % et 25 % » de la somme à ces sites d’appariement, détaille Guillaume Lavoie, chargé de cours à l'École nationale d'administration publique (ENAP), qui a présidé le groupe du travail du gouvernement sur l’économie collaborative.

Du côté d’Airbnb, la commission, pour l’hôte, est de 3 %, poursuit-il. « C’est une plateforme qui offre énormément plus de flexibilité et dont les frais de service sont infiniment moindres. C’est très avantageux pour les grandes chaînes », souligne l’ex-élu de la Ville de Montréal.

La grande menace, c’est pour les autres plateformes, comme Booking.com et Trivago, qui ont abusé de leur position dans le marché en prenant des frais de service presque abusifs.

Une citation de Guillaume Lavoie, chargé de cours à l’ENAP

« Les hôteliers voyaient l’arrivée d’Airbnb dans la distribution d’un très, très bon œil, puisque ça venait ajouter de la concurrence aux deux principaux groupes [Booking.com et Expedia] présents sur ce marché. C’était en soi une bonne nouvelle », confirme Eve Paré, qui reste cependant perplexe.

Selon cette dernière, le consommateur n’est pas nécessairement gagnant, puisque le client doit, sur Airbnb, s’acquitter de frais de service et, éventuellement, de frais de ménage. 

« La structure de tarification est un peu différente et, au final, ça donne quelque chose qui est assez similaire aux autres joueurs. Il n’y a pas une réelle économie qui se dégage de l’arrivée de ce joueur-là », juge-t-elle. 

Airbnb veut être « accessible à tout le monde »

Pourquoi Airbnb a-t-elle pris cette décision? « Avec le temps, les goûts des voyageurs en matière d’hébergement et les besoins des hôtes ont évolué, répond la porte-parole de l’entreprise, Alex Dagg. Il ne s’agit plus seulement de proposer aux voyageurs de nouvelles expériences de voyage inoubliables, mais aussi d’accompagner tous les types d’entrepreneurs de l’hôtellerie. »

Airbnb explique également avoir remarqué, par le passé, la présence d’hôtels sur sa plateforme. Ces derniers ne se définissaient cependant pas comme tels et cette confusion pouvait nuire aux clients, mentionne la firme.

Le site Internet d'Expedia.ca

Que ce soit sur Booking.com ou le site Internet d'Expedia, les commissions demandées peuvent aller jusqu'à 25 % du prix de la réservation.

Photo : Capture d'écran - Expedia.ca

Plus de visibilité 

Germain Hotels ne s’en cache pas, la notoriété et la visibilité d’Airbnb ne sont pas à négliger dans le monde des affaires.

« Airbnb a démocratisé le monde du voyage. Honnêtement, c’est un joueur comme un autre, un joueur absolument important dans le monde du voyage », affirme Monique Strouvens, tout en précisant que son groupe prendra la décision « un petit peu plus tard » pour élargir la présence de Germain Hôtels sur cette plateforme.

C’est une plateforme qui bénéficie d’une énorme visibilité planétaire. Il y a un intérêt pour les hôteliers de mettre de l’inventaire sur cette plateforme afin de bénéficier de la vitrine qu’offre le site.

Une citation de Eve Paré, présidente de l’Association des hôtels du Grand Montréal

« L’analyse des grandes chaînes hôtelières, c’est : combien y a-t-il de paires d’yeux qui vont voir ce site-là? De plus en plus, on voit que le nombre de paires d’yeux sur Airbnb est très élevé », relate Guillaume Lavoie, ajoutant que les clients utilisent « de plus en plus une seule plateforme ».

« Le cas classique, poursuit-il, c’est : moi lorsque je me déplace pour affaires, je veux un vrai hôtel. Lorsque je me déplace avec ma famille, je veux aller chez quelqu’un. Je suis la même personne et j’ai l’habitude d’aller sur la même plateforme. C’est du tout bénéfice pour les chaînes, qu’elles soient très petites ou très grandes. »

Au cours des dernières années, les règles visant Airbnb ont évolué. Au Québec, depuis octobre 2017, Airbnb doit collecter une taxe sur l’hébergement de 3,5 % par nuitée. Un nouveau règlement provincial a également été annoncé par le gouvernement pour mieux encadrer les locations touristiques.

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