Inondations : des sinistrés découragés par la complexité des réclamations
En parlant aux sinistrés, on remarque que nombre d’entre eux choisissent de payer de leur propre poche les dommages, plutôt que de les déclarer.
Mary Keen-Mossop habite cette maison de Maugerville depuis plsuieurs décennies.
Photo : Radio-Canada / Marielle Guimond
Au Nouveau-Brunswick, l'épreuve est loin d'être terminée pour les sinistrés des inondations du printemps dernier. C'est maintenant la période de réclamation des dommages.
Le gouvernement de Blaine Higgs prévoit des coûts liés aux inondations quatre fois moins élevés qu’en 2018, une situation qu’il attribue à une meilleure préparation aux intempéries.
En parlant aux sinistrés, on remarque toutefois que nombre d’entre eux choisissent de payer de leur propre poche les dommages, plutôt que de les déclarer.
Environ 6000 propriétés de plus ont été inondées cette année. En 2018, environ 10 000 propriétés avaient été touchées et les réclamations s’élevaient à 80 millions de dollars. En 2019, la province évalue les dommages à 23,3 millions de dollars, mais 16 155 propriétés ont été affectées.
À l’hôtel depuis trois mois
Il y a un peu plus de trois mois, Mary Keen-Mossop avait besoin d’une chaloupe pour sortir de chez elle. Sa résidence de Maugerville, dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, avait été complètement inondée.
L’eau est disparue, mais ses tourments sont loin d’être terminés. Mary Keen-Mossop loge à l'hôtel depuis trois mois.
Sa maison est inhabitable. Les planchers sont endommagés ; les murs, éventrés. L'eau a détruit l'isolation. Des couvertures brochées aux murs séparent maintenant les pièces.
En 2018, Mary Keen-Mossop a reçu suffisamment d'argent pour réparer les dommages causés par les inondations.
Mais la plus récente crue printanière la force à tout recommencer à zéro.
Ça va nous coûter la même chose que l’année dernière, environ 40 000 dollars
, dit-elle.
C'est l'estimation des dommages qu'elle présenté au gouvernement fédéral pour recevoir de l'aide financière.
Des sinistrés exaspérés par la complexité du processus
Sans l'aide de sa voisine, Mary Keen-Mossop avoue qu'elle n'aurait pas été en mesure de comprendre les critères d'admissibilité au programme d'aide financière en cas de catastrophe du gouvernement fédéral.
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Tina Arthurs, une autre résidente de Maugerville, a dû passer à travers ces démarches l'année dernière pour faire surélever sa maison. Mais cette année, la complexité du processus l'a découragée.
Ces montagnes russes, encore, pour si peu d’argent, ça ne vaut pas la peine
, illustre-t-elle.
Il y a trop de paperasse à remplir, soutient-elle, et on est toujours en train d’attendre une décision.
Mme Arthurs a payé 6000 dollars de sa poche, cette fois-ci. Un choix que bien des résidents de cette petite municipalité ont fait.
Si la complexité des démarches de réclamation en décourage certains, Mary Keen-Mossop, elle, y fonde tous ses espoirs pour que sa maison, finalement, soit à nouveau habitable, mais surtout pour qu'elle soit à l'épreuve des caprices de dame Nature.
D’après un reportage de Marielle Guimond