Eau contaminée : le ministre O'Regan doit se rendre à Attawapiskat

La visite du ministre des Services aux Autochtones, Seamus O'Regan, avait longtemps été réclamée par les leaders d'Attawapiskat.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Le ministre des Services aux Autochtones, Seamus O’Regan, doit rendre visite dimanche après-midi à la Première Nation d’Attawapiskat, en Ontario, dont la principale source d’eau est potentiellement nocive.
La communauté autochtone située sur la côte ouest de la baie James a déclaré l’état d’urgence le 7 juillet en raison des niveaux élevés, relevés dans son eau potable, de trihalométhanes (THM) et d’acides haloacétiques (AHA), des substances créées par la forte interaction entre le chlore et des matières organiques dans l’eau.
La visite du ministre O’Regan avait longtemps été réclamée autant par les leaders d’Attawapiskat que par de nombreux politiciens.
Danny Metatawabin, le porte-parole des deux femmes qui observent une grève de la faim pour exiger des actions concrètes d’Ottawa, dit d’ailleurs avoir du mal à comprendre le retard de la visite
.
Qu’est-ce qui s’est passé entre le 7 juillet et maintenant? Pourquoi est-ce que [des représentants] de Services aux Autochtones Canada ne sont pas venus à Attawapiskat à la première occasion pour s’asseoir avec nos leaders, avec les membres de la communauté, et essayer de trouver des solutions à la crise que nous vivons?
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L’eau embouteillée, une solution-pansement
Dans une lettre envoyée cette semaine aux leaders d’Attawapiskat, le ministère des Services aux Autochtones du Canada signifiait son intention de financer l’octroi de l’eau embouteillée aux aînés, aux patients hospitalisés ainsi qu’aux enfants de moins de deux ans jusqu’au 15 août, pendant que s’effectuent les travaux de remplacement des deux unités d’osmose inverse, un système qui sert à purifier l'eau.
Pour Danny Metatawabin, cette promesse est loin d’être une réponse adéquate aux besoins de la communauté.
Même si nous sommes reconnaissants pour l’octroi de bouteilles d’eau à notre communauté, cela ne fournit pas de solutions immédiates à notre crise urgente. Il faut réparer nos infrastructures en ruine
, note-t-il.
L’eau embouteillée n’est qu’une autre solution-pansement.
Il déplore entre autres la quantité d’eau embouteillée allouée aux enfants et aux adultes — 1 litre par jour et 1,5 litre par jour respectivement —, qu’il qualifie d’insuffisante
.
Si l’on tient compte de tout, comme de la nourriture pour bébés, la désinfection des biberons, ce n’est pas assez
, fait savoir M. Metatawin.
Les résidents d’Attawapiskat ont notamment été avisés de ne pas laver leur nourriture avec l’eau du robinet, de limiter leur temps sous la douche et de ne pas se servir de l’eau chaude. Bien qu’elle soit potable, l’eau de consommation, qui est filtrée par le système d’osmose inverse, présente également des niveaux croissants de THM et d’AHA.
La situation suscite également l’indignation du député fédéral de Timmins-Baie James, Charlie Angus, qui a rendu visite mercredi à la communauté autochtone.
Je suis choqué par la lettre. La promesse d’envoyer 1 litre d’eau pour les enfants et 1,5 litre pour les aînés, c’est inacceptable.
Le fédéral se défend
Par courriel, un porte-parole du ministère des Services aux Autochtones (SAC) reconnaît que la situation [qui prévaut] à Attawapiskat n’est pas acceptable
.
William Olscamp souligne que les résidents ont accès à l’eau potable grâce aux deux stations d’osmose inverse présentes dans la communauté
.
En guise de supplément, Services aux Autochtones Canada fournit de l’eau embouteillée aux membres de la communauté. Jusqu’à présent, avec l’appui du conseil de Mushkegowuk et la Croix-Rouge canadienne, 400 bouteilles de 18,9 litres chacune ont déjà été livrées
, écrit-il.
Il précise aussi qu’une équipe d’experts techniques de SACpour évaluer les infrastructures et faire les réparations immédiates [nécessaires] pour s’attaquer aux niveaux élevés de THM
.