L'érosion des berges fait des ravages dans la région de Montréal

Bateau sur la voie maritime du St-Laurent
Photo : Radio-Canada / VIANNEY LEUDIERE
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'érosion des berges ne touche pas seulement l'Est-du-Québec, mais également les résidents de la grande région de Montréal. Des citoyens de Varennes, Verchères et Contrecoeur demandent au gouvernement fédéral d'intervenir.
Micheline Lagarde vit sur le bord du fleuve Saint-Laurent à Verchères depuis 40 ans. Pour elle, le fleuve et les bateaux font partie de son quotidien et de ses souvenirs de jeunesse.

Micheline Lagarde, présidente du Comité pour la protection des berges du Saint-Laurent
Photo : Radio-Canada / Sylvain Charest
Mais aujourd'hui, Micheline Lagarde est inquiète lorsqu'elle se promène sur sa propriété et qu'elle constate les ravages causés par l'érosion des berges. C'est beau regarder passer les bateaux, mais ça cause des dommages. C'est de la grosse vague, et ça, ça vient frapper sans relâche les berges. C'est jour et nuit que les bateaux passent.
Chaque année, l'érosion des berges lui fait perdre du terrain. Le rempart qui avait été construit par le fédéral s'est effondré. Donc moi, je n'ai plus aucune protection quand les vagues de bateau arrivent.
Ses craintes sont telles qu'elle a décidé de s'impliquer dans le Comité de protection des berges du Saint-Laurent. Environ 70 propriétés situées sur le bord du fleuve à Varennes, à Verchères et à Contrecoeur sont touchées par le problème. Dans certains cas, les terrains s'érodent de un ou deux mètres par année à cause notamment des vagues des bateaux et des changements climatiques.
L'érosion gruge chaque année.
Sophie Lemire affirme que les murets de béton qui ont été mis en place par le gouvernement fédéral lors de la construction de la voie maritime sont en train de s'effondrer à plusieurs endroits. Le long du tronçon Varennes à Contrecoeur, il y a des murets qui ont été érigés dans les années soixante et qui sont comme plus laissés à l'abandon, qui se détériorent, surtout quand les niveaux d'eau sont hauts comme cette année ou en 2017.
En 1959 lors de l'ouverture de la voie maritime, le gouvernement fédéral avait construit des murets de béton, à certains endroits, pour empêcher l'érosion des berges.
Mais depuis 1997, ces murets sont laissés à l'abandon par Ottawa, dans la foulée des compressions budgétaires imposées par le ministre des Finances Paul Martin.
Il y a des gens qui sont en situation d'urgence. C'est catastrophique. Ils perdent du terrain, c'est dangereux.

Jacques Durocher, résident de Varennes
Photo : Radio-Canada / Sylvain Charest
Jacques Durocher réside à Varennes, mais sa famille possède une maison ancestrale sur l'île Sainte-Thérèse en face de Varennes. Une maison que son père a construite et qui est à quelques mètres seulement de « tomber » dans le fleuve. Cette année, c'est deux mètres qu'on a perdus. On sait que la maison a bougé. Elle n'a pas avancé vers le fleuve, elle a calé. Il y a des grands arbres devant la maison, des peupliers. Les peupliers commencent à pencher. Il y a un enjeu sérieux. Il faut y faire quelque chose.

La maison Durocher est menacée par l'érosion des berges.
Photo : Radio-Canada / René Saint-Louis
Les citoyens demandent au gouvernement fédéral qui est responsable de la voie maritime d'intervenir. « On demande qu'ils réparent les berges et qu'ils en fassent un entretien permanent. Parce que c'est un poids trop lourd à supporter pour les citoyens », selon Micheline Lagarde.
Pour accentuer la pression sur Ottawa, 2300 personnes ont signé une pétition réclamant un programme de protection des berges.
Par courriel, le ministère fédéral des Transports nous a dit être au courant de la problématique et que des mesures sont en place. « La voie maritime est assujettie à plusieurs mesures afin de protéger les berges du fleuve Saint-Laurent. »
Le ministère estime que l'érosion est un problème naturel qui dépasse son mandat et qu'il n'a pas établi de programme visant à contrecarrer l'érosion des berges.
À l'Union des municipalités du Québec, le maire de Sept-Îles et membre du comité maritime Réjean Porlier déplore l'inaction du fédéral. « Il y a un désengagement. J'en conviens. Ce n'est pas normal d'être obligé de revenir constamment à la charge, peu importe que ce soit ces ouvrages-là, que ce soit les quais. Si le fédéral ne veut pas s'occuper de certains ouvrages qui lui appartiennent, qu'il a mis en place, s'il veut les transférer, bien qu'il transfère les moyens de s'en occuper. »
Le Comité de protection des berges du Saint-Laurent estime les coûts des travaux à 35 millions de dollars.
Si le gouvernement ne bouge pas, n'intervient pas, les citoyens menacent d'intenter une action collective contre Ottawa, selon Michèle Lagarde. « Nous, ce qu'on veut, c'est que le gouvernement prenne juste ses responsabilités. Il a construit un mur; qu'ils viennent juste le réparer et faire un programme d'entretien et ça coûterait moins cher que des frais d'avocat. »
D'ici là, Micheline Lagarde et ses voisins touchés par les dommages créés par l'érosion des berges vont continuer de regarder les bateaux passer devant chez eux et de voir le sol de leur terrain s'éroder.

La maison Durocher vue depuis le fleuve Saint-Laurent.
Photo : Radio-Canada / René Saint-Louis