Des tonnes de papier canadien en Asie
Des travailleuses indiennes trient les ballots de papiers provenant notamment du Canada.
Photo : Anonyme
Pendant que l'industrie du recyclage se modernise pour améliorer la qualité des ballots de papier qu'elle produit, le Canada continue d'envoyer du papier et du carton dans des pays d'Asie. L'an dernier, le Canada a exporté près de 800 000 tonnes de papier à l'étranger.
Au Centre de tri et de récupération des matières recyclables de Montréal, le plus important du Québec, des employés chargent quotidiennement des ballots de papier dans des conteneurs, du papier que les citoyens de la grande région de Montréal ont mis dans leurs bacs de récupération. 95 % du papier qui passe par ce centre est envoyé à l'étranger.
C'est encore le papier qui est problématique au niveau des papetières ici au Québec donc le papier s'en va à l'exportation.
Rebuts solides canadiens, qui exploite quatre centres de tri, dont celui de Montréal, exporte 150 conteneurs de papier par semaine vers l'Asie. C'est environ 145 000 tonnes par année. De la matière qui ne trouve pas preneur au pays en raison de sa faible qualité.
Selon le grand patron de Rebuts solides canadiens, Gilbert Durocher, les ballots de papier sont vendus à différents intervenants. On fait affaire avec des courtiers en exportations qui eux vendent à des moulins à papier à l'international.
Le chercheur au Centre de transfert technologique en écologie industrielle Marc Olivier croit que la très grande majorité de la matière est bel et bien recyclée, mais il estime qu'il pourrait y avoir de l'incinération. Il pourrait avoir du brûlage, mais là, ça serait un énorme gaspillage que de le brûler après avoir fait tous les efforts de le trier et de le transporter. C'est dans l'espoir de faire du recyclage avec ces papiers-là malgré qu'ils contiennent des contaminants comme des débris de verre ou du plastique.
L'an dernier, le Canada a envoyé près de 800 000 tonnes de papier et de carton à l'étranger pour qu'ils soient recyclés. Depuis que la Chine a fermé ses frontières, ces matières ont principalement été exportées en Inde, en Indonésie, en Thaïlande, à Taïwan et au Vietnam.
Recyclé au Canada et recyclé de nouveau en Inde
Dans la région de Montréal, les ballots de papier sont transportés par camion jusqu'au port de Montréal. Ils sont ensuite envoyés par bateau en Asie. Un voyage d'au moins deux mois en mer. Après ce voyage, les ballots de papier provenant du Québec ou de l'Ontario se retrouvent dans d'immenses entrepôts où des travailleurs retrient à la main la matière que les Canadiens ont mise dans leurs bacs de récupération et que les centres de tri n’ont pas bien triée. On retrouve souvent dans les ballots de papier produits par les centres de tri des matières plastiques, du verre ou du métal.
Des courtiers canadiens qui œuvrent dans ce domaine nous ont fait parvenir des images. Les ballots de papier de la grande région de Montréal se retrouvent actuellement en Inde et en Indonésie.
Peu de choses semblent donc avoir changé depuis que la Chine a fermé ses frontières, sinon le fait que le papier ou encore le plastique sont acheminés vers d'autres pays d'Asie.
Le chercheur au Centre de transfert technologique en écologie industrielle Marc Olivier déplore que tout ce papier soit envoyé à l'étranger. Ça ne nous donne rien d'aller créer de la valeur ajoutée en Asie avec les matières que l'on trie. Il y a quelques choses qui ne sont pas correctes dans cette organisation-là.
Il ajoute : ce qu'on voudrait, c'est cheminer vers de l'économie circulaire pour faire en sorte que nos matières servent à créer de la valeur ajoutée sur le territoire québécois.
Le chercheur croit que n'est pas avant quatre ans au moins que les centres de tri pourront parvenir à améliorer réellement la qualité des ballots de papier qu'ils produisent.
Le président de Rebuts solides canadiens Gilbert Durocher affirme que la modernisation a déjà commencé dans les centres de tri.
C'est avec une modernisation de chacun de nos centres de tri au Québec qu'on va pouvoir produire une qualité extrême. Le défi, c'est de faire une qualité suffisante pour pouvoir vendre à bon prix et préférablement à des acheteurs locaux.
Il affirme d'ailleurs être en négociation avec les grandes papetières québécoises.
Certains pays du Sud-Est asiatique, dont l’Indonésie, songeraient maintenant à fermer leurs frontières aux matières récupérées qu'ils reçoivent de l'Occident pour éviter de devenir la poubelle du monde.