Un requin blanc au large des îles de la Madeleine

Le grand requin blanc est une espèce en voie de disparition au Canada (archives).
Photo : Andrew Brandy Casagrande/Discovery Channel/The Associated Press
Un requin blanc se trouve actuellement au large de l’île du Havre aux Maisons, aux îles de la Madeleine. L’individu est muni d’une puce satellitaire installée par l’organisme de recherche scientifique Ocearch.
Les données d’Ocearch révèlent que le requin, dénommé Brunswick, est de passage près des côtes madeliniennes depuis le 11 juillet. Lundi matin, il se trouvait à l’est de la dune du Sud.
Il s’agit d’un spécimen juvénile pesant 195 kg (430 lb) et mesurant 2,67 m (8 pieds 9 pouces).
Le requin peut être suivi à la trace grâce à un émetteur satellite depuis février dernier. Son itinéraire des derniers mois révèle qu’il a entrepris un voyage vers le nord en mai, partant des côtes de la Georgie, aux États-Unis. Il a contourné l’île du Cap-Breton au début du mois.
Sur sa page Facebook, Ocearch affirme qu’il s’agit de la première observation d’un requin blanc à proximité de l'archipel madelinot parmi les 416 animaux marins suivis par l'organisme. C'est vraiment cool puisque nous n’avons jamais suivi un requin blanc dans cette région. Cette présence pourrait-elle apporter une nouvelle pièce au casse-tête que représente le requin blanc?
se demande l'organisme scientifique.
Une visite particulière
La chercheuse en écologie marine Lyne Morissette précise que plusieurs requins fréquentent le golfe du Saint-Laurent.
Des grands requins blancs, on en a déjà vu par le passé
, mentionne Mme Morissette, en ajoutant qu’une observation a lieu au moins une fois par année dans l’estuaire ou le golfe du Saint-Laurent.
Mais là, qu’il y en ait un qui soit officiellement identifié, dont on peut suivre la trace, ça soulève beaucoup d’intérêt et d’attention!
C’est un des premiers animaux qu'Ocearch suit en temps réel qui rentrent en eaux canadiennes dans le golfe du Saint-Laurent
, précise Lyne Morissette.
Une présence dangereuse?
Selon Lyne Morissette, il n’y a pas matière à s’inquiéter.
Les requins sont très peu souvent en zone côtière. Ce sont des espèces qui sont pélagiques. Ce n’est pas près des plages qu’on va les voir.
La chercheuse estime que l’image menaçante des requins blancs s’explique surtout par le cinéma.
On a tous écouté Jaws et c’est ce qui fait la réputation des grands requins blancs
, croit-elle.
La présence du requin a tout de même fait réagir la petite communauté de surfeurs madelinots, sans nécessairement l'effrayer. Sur les réseaux sociaux, certains adeptes indiquaient avoir surfé très près de l'endroit où Brunswick a été repéré.
Quelques entreprises madeliniennes offrant des activités sportives en mer ont été questionnées par Radio-Canada. Selon les personnes contactées, la présence du requin n'a pas entraîné d'annulation de la part des touristes.
Des visites de plus en plus fréquentes
Lyne Morissette croit que les requins blancs pourraient être de plus en plus nombreux à visiter le golfe du Saint-Laurent.
La majorité des espèces, explique la chercheuse, sont en train de complètement changer leur route de migration pour se distribuer vers le nord, avec les changements climatiques et le réchauffement planétaire. Il y a des zones comme ça où ils n’étaient pas auparavant et qui deviennent des habitats intéressants.
Autour des îles de la Madeleine, il y a beaucoup de phoques. Ça fait partie du régime alimentaire des grands requins blancs.
Présentement, explique Mme Morissette, on n’est pas dans une occupation qui est très grande, mais, peut-être qu’au fil du temps, on va en observer de plus en plus si le requin blanc trouve un garde-manger.
Selon les données d’Ocearch, deux autres requins blancs munis d'une puce se trouvaient au large de la Nouvelle-Écosse lundi matin.