Exode rural dans l’Est-du-Québec : comment inverser la tendance?

La démographie des petites villes de l'Est-du-Québec, comme à Trois-Pistoles, est amenée à se transformer au cours des prochaines décennies, apportant son lot de défis.
Photo : Radio-Canada
Selon l’Institut de la statistique du Québec, l’Est-du-Québec devrait perdre près du quart de sa population active au cours des 20 prochaines années, notamment en raison de l’exode rural. Serait-il possible d’inverser la tendance?
En Gaspésie et en Côte-Nord, le poids démographique des personnes âgées de 20 à 64 ans pourrait diminuer de près de 24 %, contre 20 % au Bas-Saint-Laurent. Des données qui s’expliquent notamment par le vieillissement de la population, un taux d’immigration plus faible qu’ailleurs, mais surtout, par la migration interrégionale.
Les jeunes veulent trouver un travail, ils veulent des expériences de vie aussi, alors ils quittent les régions pour aller dans les grands centres urbains, ou pour aller dans l’ouest du pays, des endroits qui sont attrayants pour les jeunes, qui y voient des expériences de vie et des opportunités d’emploi
, explique Marc-Urbain Proulx, responsable du Centre de recherche sur le développement territorial.
Il y a 50 ou 60 ans, il y avait de l’emploi, de grandes industries comme l’hydroélectricité et les minières qui se sont installées en région
, poursuit-il. Maintenant, ces grands projets en attirent beaucoup moins, parce qu’ils sont intenses en technologies, alors ils créent moins d’emplois.
« Ce n’est pas la première vague d’érosion des jeunes des régions qui s’en vont vers les grands centres urbains. »
Selon l’expert en développement régional, la création d’emplois est au cœur des enjeux liés à l’exode rural dans l’Est-du-Québec.
« Il faut miser sur l‘expérience acquise au cours des 40 à 60 dernières années pour aller plus loin. Il faut créer de l’emploi. »
Le bel exemple est en Gaspésie avec les éoliennes, qui ont créé un certain nombre d’emplois. Il faut être imaginatif pour mettre en valeur l’environnement dans les régions périphériques du Québec, pour les rendre davantage attrayantes
, croit l’expert, qui ajoute que les régions auraient également le potentiel d’attirer plus de jeunes provenant des villes.
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Attirer les jeunes
Selon Marc-Urbain Proulx, les petites villes régionales sont conviviales et souvent riches en activités culturelles, des facteurs d’épanouissement recherchés par les jeunes.
Il s’agit de poursuivre dans cette veine, de faire un marketing territorial, pour illustrer aux jeunes au Québec et d’ailleurs que les régions sont intéressantes
, dit-il.
Des programmes gouvernementaux et des crédits d’impôt pour les jeunes diplômés travaillant en région éloignée sont d’ailleurs déjà en place pour attirer les jeunes en région. Le programme « Place aux jeunes en région », qui organise des fins de semaine de découverte des régions pour les jeunes adultes, aurait de bons résultats, selon Francis Saint-Pierre, président du Collectif régional du développement du Bas-Saint-Laurent.
Régulièrement, on rencontre des gens qui ont fait des séjours exploratoires, qui ont maintenant un emploi en région, qui sont venus s’installer et qui en sont très heureux. Alors il faut bonifier ce qui se fait déjà
, croit ce dernier.
Du côté de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), des efforts sont réalisés pour tenter de garder des étudiants dans la région après leur passage à l’université.
Le comité Achalandage réunit, depuis plusieurs mois, des étudiants, des professeurs et des responsables de programmes pour tenter d’améliorer l’offre de programmes et la vie étudiante.
On essaie de voir les manières de miser sur l’UQAR pour garder les étudiants ici
, explique Étienne Gariépy-Girouard, coordonnateur général de l’Association générale étudiante du campus de Rimouski (AGECAR).
Selon Laura Daigneault, vice-présidente à l’externe à l’AGECAR
, de tels efforts de la part des universités pourraient être bonifiés de mesures gouvernementales.Il y a des programmes de bourses au niveau des cégeps pour des personnes qui décident de déménager en région pour faire un programme comme sciences humaines
, dit-elle. Ça serait intéressant de voir ça au niveau des universités.
C’est beau de venir faire un programme à l’UQAR, mais il y a tout le côté de la vie à Rimouski qu’il faut mettre davantage sur la scène
, dit celle qui se réjouit de son choix d'étudier en région.
Mon choix de venir étudier à l’UQAR, dès le départ j’avais déjà un rapprochement avec les autres personnes qui, elles aussi, ont décidé de venir étudier ici. Cela fait des liens vraiment faciles
, dit-elle.
Selon les deux membres de l’AGECAR
, la dynamique culturelle des petites villes comme Rimouski, les relations interpersonnelles, tout comme la proximité avec le milieu naturel sont tous des facteurs qui peuvent inciter les jeunes à vivre ou étudier en région.Avec les informations de Marie-Christine Rioux