Manifestation timide pour dénoncer le film anti-avortement Unplanned

Des membres du collectif La Riposte féministe manifestant devant un cinéma du Marché central qui diffuse le film anti-avortement « Unplanned ».
Photo : Radio-Canada / Marie-Josée Paquette-Comeau
Une vingtaine de manifestants ont répondu à l'appel du collectif La Riposte féministe, vendredi après-midi, devant le cinéma Guzzo du Marché Central, à Montréal, l'une des cinq salles où est maintenant présenté le film Unplanned au Québec.
Les cinémas Guzzo sont pour l'instant les seuls de la province à projeter ce drame, à la fois produit et distribué par des entreprises chrétiennes, que certains dénoncent comme de la propagande anti-avortement.
Les manifestants réunis vendredi brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire Touchez pas à nos ovaires
et scandaient des slogans tels que Pas de profits pour les antichoix!
et Guzzo, macho, tu nous casses le clito!
.
En entrevue avec La Presse canadienne, une membre de La Riposte féministe a fait valoir que le propriétaire des cinémas Guzzo a tort d'invoquer la liberté d'expression pour défendre sa décision.
Ce film-là se présente comme de l'information neutre sur l'avortement alors que c'est un ramassis de mensonges qui essaient de pousser la peur et la culpabilité
, s'indigne Sonia Palato, qui cite en exemple une scène d'avortement sanglante dans laquelle le personnage qui subit la procédure hurle de douleur.
« Instrumentaliser les émotions des gens, ça ne participe pas à un débat démocratique. C'est de la manipulation, avance-t-elle. Quand on est un diffuseur de cinéma, on a une responsabilité à prendre sur le message qu'on passe, et se cacher derrière la liberté d'expression, c'est ne pas faire face à ses responsabilités. »
Cineplex figure parmi les autres exploitants de salles de cinéma ayant choisi de présenter Unplanned au Canada. L'entreprise projette le film depuis vendredi dans 14 salles de son réseau, toutes à l'extérieur du Québec. Dans un communiqué publié plus tôt cette semaine, son président et chef de la direction, Ellis Jacob, a déclaré ne pas avoir pris cette décision à la légère.
« Je comprends les préoccupations concernant ce film, mais c'est à chacun d'entre nous de décider si nous voulons aller le voir ou non. Au Canada, nous sommes chanceux d'avoir cette option, et je pense que c'est un point important à retenir. »
Les tracts distribués vendredi aux passants par La Riposte féministe accusent Guzzo et Cineplex de faire du profit sur le dos de la santé sexuelle et reproductive des femmes cis, des hommes trans et des personnes non binaires et queers
dans un contexte où leur autonomie corporelle est régulièrement attaquée.
Les groupes anti-avortement sont plus actifs qu'on ne le croit au Canada, galvanisés par les récentes avancées de leur mouvement aux États-Unis, signale-t-on.
L'un d'entre eux, Campagne Québec-Vie, indique sur son site Web avoir mené une longue lutte
pour la venue de ce film au Canada, dans l'espoir de rallier des gens à sa cause en montrant divers aspects tragiques ou peu ragoûtants de l'avortement
.
Ce que dit la science
Interrogée à l’émission 24/60, le Dre Édith Guilbert a brisé certains mythes tenaces :
- 90 % des avortements ont lieu avant 13 semaines;
- à la 13e semaine de grossesse, le fœtus ne ressent rien;
- à la 27e semaine, le système nerveux permet les sensations;
- un avortement se fait sous analgésiques, que le fœtus reçoit par le placenta;
- les saignements vus dans le film surviennent dans 1 % des cas.
Le long-métrage s'inspire de l'histoire d'Abby Johnson, l'ex-directrice d'une clinique de planification familiale devenue une figure de proue du mouvement anti-avortement.
Pour la militante Sonia Palato, le débat devrait porter non pas sur la légitimité de l'avortement, mais bien sûr son accessibilité.