ArchivesJean-Claude Poitras, l’étoffe d’un grand couturier

Jean-Claude Poitras choisit des textiles dans son atelier (1989).
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L’exposition Jean-Claude Poitras — Mode et inspirations prend l’affiche le 24 octobre au Musée McCord, à Montréal. Nos journalistes sont allés à la rencontre du créateur à différents moments de sa prolifique carrière. Revoyez quelques entrevues des années 1980 où il propose sa conception de la mode et de son métier.
La recherche constante de la qualité et de l’authenticité
À l’émission Première page du 19 juillet 1983, Jean-Pierre Fournier rencontre Jean-Claude Poitras, alors jeune couturier en pleine ascension.

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Il lui demande comment il entend se démarquer pour atteindre le marché international, où il entrera en compétition avec d’autres grands créateurs.
Ça se bâtit le prestige et je pense qu’il faut savoir jouer le jeu […] C’est possible de bâtir ça autour d’une image canadienne. […] C’est très important que je n’essaie pas d’être italien, ou américain ou français ou japonais, parce que je suis de Montréal et je veux rester ce que je suis. Je ne jouerai jamais la carte du folklore.
Dès le départ, Jean-Claude Poitras veut travailler avec des textiles qui se distinguent par leur qualité. Cela l’amène à trouver ailleurs dans le monde la matière pour confectionner ses créations.
Il affirme ne pas avoir la possibilité de travailler ici ses coloris et ses imprimés. Pour cet artiste de la mode, les tissus fabriqués au Canada sont quelconques et ne l’intéressent pas.
Je veux offrir de nouvelles textures aux gens. Je veux offrir des matières nobles, des matières pures. Malheureusement, je les trouve en Italie, en France, en Angleterre…
Le créateur aime se sentir entouré de son équipe. Il passe beaucoup de temps dans son atelier à être présent à chacune des étapes de la confection.
Le designer se refuse à imposer à qui que ce soit les diktats de la mode. Il se perçoit plus comme un guide.
Si la femme ne porte pas nécessairement la longueur de la saison, cela n’a aucune importance. La mode est une façon de vous exprimer vous-même. Soyez le plus personnel possible […] La mode est une seconde peau qui doit vous aller comme un gant.
Se renouveler chaque saison tout en demeurant intemporel

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Le 28 avril 1987 à Arts Plus, la journaliste Danie Béliveau présente un reportage sur le couturier, de passage à Toronto pour le Salon de la mode canadienne. Poitras y célèbre alors dix ans de carrière en haute couture.
J’ai longtemps eu la réputation d’être le créateur canadien le plus cher. J’étais tellement quelqu’un qui croyait à la qualité, quand j’allais en Italie que je voyais des cachemires superbes, des mohairs magnifiques, je ne pouvais pas y résister.
Sur son style, il mentionne que certains le qualifient d’avant-gardiste, d’autres de classique.
À cette époque, la renommée de Jean-Claude Poitras est grandissante, on parle même d’une « silhouette Poitras » avec ses lignes amples tant pour les femmes que pour les hommes.
Le créateur s’inspire de personnalités comme Jeanne Moreau, Andrée Lachapelle et la chanteuse Barbara, de qui il admire le côté classique et intemporel.
Je ne pourrai jamais renoncer à mes grandes jupes à plis. Je les renouvelle chaque saison, mais elles me sont fidèles. […] J’aimerais arriver à un côté intemporel et que les gens puissent dire "Ça c’est du Poitras! Est-ce que c’est du 1979? Du 1986?"
La journaliste explique que seulement 4 % des créateurs canadiens réussissent à pénétrer le marché international. Jean-Claude Poitras fait partie de ce maigre pourcentage.
Si j’ai réussi à percer, ça a été fait d’acharnement, de passion pour ce métier. Et d’y croire parfois désespérément.
La reconnaissance sur le plan international

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En 1989, alors âgé de 39 ans, il remporte le prestigieux prix Fil d’Or. C’est la première fois qu’un couturier canadien reçoit cet honneur.
Ce prix international lui est remis à Monte-Carlo des mains du célèbre couturier Karl Lagerfeld. Cette reconnaissance le hisse aux côtés des Gianni Versace et Giorgio Armani, également lauréats de cette récompense, qui « couronne chaque année un couturier talentueux. ».
Au Montréal ce soir du 6 mars 1989, la journaliste Catherine Kovacs le rencontre à cette occasion qu’il qualifie de moment décisif dans sa carrière.
Ça m’a complètement étonné et sachant l’importance d’un tel événement, c’est absolument incroyable et inespéré. […] Ça me dit en quelque sorte : "Tu as eu raison de croire en la qualité."