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Détention d'enfants migrants : une tête tombe en plein scandale aux États-Unis

Gros plan de John Sanders, qui regarde vers le bas.

John Sanders a démissionné sans préciser les raisons de sa décision.

Photo : Reuters / Jonathan Ernst

Radio-Canada

Le commissaire intérimaire du Service des douanes et de la protection des frontières (CBP), John Sanders, a présenté sa démission, en pleine polémique sur le traitement alarmant réservé aux enfants migrants en détention.

Dans un courriel transmis aux employés de son service et publié par le site Axios, M. Sanders précise qu'il quittera ses fonctions le 5 juillet sans toutefois expliquer les raisons de son départ.

Arrivé en avril à la tête du CBP, M. Sanders a succédé de façon intérimaire à Kevin McAleenan, promu par Donald Trump à la tête du département de la Sécurité intérieure, chargé de mettre en oeuvre les politiques controversées du président en matière d'immigration, à la suite de la démission de Kirstjen Nielsen.

Sa démission survient quelques jours après la publication d'articles de l'Associated Press et du New York Times détaillant les piètres conditions de détention de quelque 300 mineurs au centre de Clint, près d'El Paso, au Texas, et démentis par les autorités.

Une équipe d'avocats ayant eu accès au centre a dénoncé le manque de nourriture, d'hygiène, de sécurité et de soins médicaux dans ce centre surpeuplé, où les plus âgés prendraient soin des plus jeunes avec peu d'aide du personnel.

Détenus depuis plusieurs semaines, les enfants et adolescents n'auraient pas accès à des douches ou même à du savon, et dormiraient à même le sol dans une salle éclairée 24 heures par jour.

Selon le New York Times, de jeunes enfants ne portent pas de couches. Les avocats ont également fait état d'une épidémie de grippe et d'une infestation de poux.

La semaine dernière, l'avocate du gouvernement a soutenu devant un tribunal que l'accès à du savon et à une brosse à dents ne faisaient pas partie des conditions de détention « sûres et saines » prévues par la loi pour les mineurs isolés.

Un bon nombre de ces mineurs ont été séparés des proches avec lesquels ils sont arrivés à la frontière.

Après avoir transféré 250 enfants dans d'autres centres à la suite du tollé soulevé, le centre de Clint avait par ailleurs déjà accueilli encore 100 enfants mardi, sans toutefois recevoir davantage de ressources.

Un employé du CBP interviewé par le New York Times a affirmé que le transfert initial avait permis de résoudre le problème de surpeuplement.

Des centres surpeuplés manquant de ressources

L'entrée du centre de Clint, clairement indiquée.

Des avocats ont décrié les conditions de détention des enfants au centre de Clint.

Photo : Reuters / Julio-Cesar Chavez

Dans une entrevue accordée il y a quelques jours à l'Associated Press, John Sanders a attribué le problème à un manque de ressources, pressant le Congrès de libérer 4,5 milliards de dollars américains en fonds d'urgence pour gérer la crise.

Il a indiqué que les centres de détention hébergeaient au total 15 000 personnes alors que leur capacité maximale était de 4000.

Citant des statistiques officielles, le site Vox précise qu'environ 2000 d'entre elles sont des enfants.

La situation est aggravée par l'afflux de migrants à la frontière sud et par la politique de séparation des enfants de leur famille mise en oeuvre par l'administration Trump.

Réagissant aux reportages parus au cours des derniers jours, le CBP a reconnu que le centre n'était pas adapté à la situation.

« Comme nos dirigeants l'ont fait remarquer à maintes reprises, nos installations de détention à court terme n'ont pas été conçues pour accueillir les populations vulnérables, et nous avons un besoin urgent de fonds humanitaires supplémentaires pour gérer cette crise », a déclaré le CBP par communiqué.

Selon The Texas Tribune, des citoyens outrés par les reportages se sont présentés au centre de Clint pour y apporter du savon, des couches, du dentifrice et des jouets. Les autorités ont cependant refusé leurs dons.

Le CBP a refusé les demandes d'entrevues du quotidien, mais une ancienne conseillère du service a affirmé que la loi lui interdisait d'accepter les dons du public.

Les policiers remettent régulièrement en liberté les sans-papiers après que ceux-ci ont déposé une demande d'asile. Après 72 heures, les mineurs doivent théoriquement être placés dans des centres du département de la Santé, qui allègue des solutions d'hébergement insuffisantes.

Six enfants sont morts en détention depuis l'an dernier.

Selon l'AFP, les autorités frontalières ont arrêté 144 000 personnes au cours du mois de mai seulement.

Tractations pour l'adoption d'un budget d'urgence

Les démocrates, qui contrôlent la Chambre des représentants, pourraient voter dès mardi l'octroi de 4,5 milliards de dollars d'aide humanitaire.

Les leaders de la formation ont dû inclure des mesures supplémentaires en matière de santé et de sécurité dans l'espoir de satisfaire l'aile progressiste du parti et les élus latino-américains, qui craignent que l'enveloppe budgétaire d'urgence n'aide l'administration Trump à réprimer les migrants.

Ils se sont dits convaincus de rallier les récalcitrants.

Le président Trump a cependant indiqué qu'il y apposerait son veto si une partie du budget n'était pas dévolue aux forces de l'ordre, et les républicains, majoritaires au Sénat, menacent pour leur part, pour les mêmes raisons, de rejeter le texte de la Chambre.

Le Sénat prépare d'ailleurs sa propre enveloppe budgétaire qui a, à son tour, peu de chances de satisfaire la Chambre.

Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine l'une de ses priorités, a annoncé dimanche le report de deux semaines d'une opération d'expulsion massive, pour permettre au Congrès de s'entendre sur ce budget d'urgence.

Avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press, Vox, New York Times, BBC et The Texas Tribune

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