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Des PME sans relève à la recherche d’acheteurs

L'enseigne de Pizza Boy à Grand-Sault, dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick.

Francine Lévesque et Roland Guimond ont acheté l'entreprise Mario Pizzeria il y a 31 ans et l'ont rebaptisée Pizza Boy.

Photo : Radio-Canada / Michel Nogue

Anaïs Brasier
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Alors que 72 % des propriétaires de PME prendront leur retraite dans les 10 prochaines années, les jeunes Néo-Brunswickois en milieu rurale semblent peu s'intéresser à les reprendre. Un courtier fait même carrière en aidant des Acadiens à trouver des acheteurs pour leurs entreprises.  

Après 31 ans à la tête du restaurant Pizza Boy à Grand-Sault, dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, il est temps pour Roland Guimond et Francine Lévesque de passer le flambeau.

Tu ne peux pas tout le temps faire ça, lance Roland Guimond. Mentalement et physiquement ça demande beaucoup et [...] un moment donné ça vient à te conquérir. C’est beaucoup de responsabilités.

« Ça te prend du temps de famille. La restauration, c’est 24 heures sur 7 jours si tu veux que ça marche.  »

— Une citation de  Francine Lévesque, copropriétaire du restaurant Pizza Boy

L’entreprise a même eu raison du couple, qui a fini par se séparer. Tu payes un prix à la longue, dit Roland Guimond. Moi j’ai payé un prix. Le prix était notre mariage.

Francine Lévesque et Roland Guimond dans leur restaurant

Francine Lévesque et Roland Guimond sont maintenant séparés, mais ils ont gardé de bonnes relations et ils ont pu continuer à gérer leur restaurant ensemble pendant plusieurs années.

Photo : Radio-Canada / Michel Nogue

Il y a deux ans, ils ont donc décidé de vendre Pizza Boy. Malgré les difficultés, Roland Guimond et Francine Lévesque demeurent très attachés à l’entreprise, leurs 18 employés et leurs clients. Ils auraient aimé voir l’entreprise rester au sein de la famille, mais aucun de leurs trois enfants ne veut prendre la relève après avoir vu leurs parents sacrifier autant pour l’entreprise.

Et cela, c’est sans compter le coût pour acheter l’entreprise. Les enfants de Roland et Francine n’auraient pu se le permettre sans le financement de leurs parents. C’est d’ailleurs le défi auquel font face la majorité des jeunes qui aimeraient reprendre une entreprise.

De nombreuses PME à la recherche d’une relève

Ils ont donc décidé de faire appel à Camille McLaughlin, un courtier qui a déjà servi d’intermédiaire pour la vente d’une trentaine d’entreprises comme Pizza Boy.

Selon une étude de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), 72 % des propriétaires de PME prendront leur retraite dans les dix prochaines années au Canada, tout comme Roland Guimond et Francine Lévesque.

Plus de la moitié des répondants (51 %) n’ont aucun plan de relève, tandis que seulement 8 % ont un plan écrit en bonne et due forme et 41 % en ont un informel.

Trouver un acheteur ou un successeur qui convient est le principal obstacle à la relève de l’entreprise, selon les entrepreneurs sondés (56 %), suivi de la difficulté à déterminer la valeur de l’entreprise (48 %). Le financement du successeur est mentionné par 37 % des répondants et se situe au quatrième rang.

L’immigration, un nouveau souffle pour ce marché

Grâce à l’entremise de Camille McLaughlin, Francine Lévesque et Roland Guimond ont trouvé un acheteur pour Pizza Boy.

« Je dis souvent que je ne suis pas un curé, mais que je fais des mariages. »

— Une citation de  Camille McLaughlin

Il s’agit de Jignesh Patel, qui a 33 ans et a migré de l’Inde au Canada il y a dix ans. Il a d’abord fait des études en Ontario. Il s’est ensuite lancé en affaires. Il a récemment acheté un motel et un restaurant de sushis en Nouvelle-Écosse.

Jignesh Patel, nouveau propriétaire du restaurant Pizza Boy à Grand-Sault, dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick.

À peine a-t-il acheté Pizza Boy, Jignesh Patel tient à mettre la main à la pâte dans la cuisine du restaurant.

Photo : Radio-Canada / Michel Nogue

Mais c’est avec l’objectif de déménager à Grand-Sault avec sa femme et ses deux enfants qu’il a fait l’acquisition de Pizza Boy.

Selon Camille McLaughlin, 10 % des ventes de PME sont faites à des nouveaux arrivants de nos jours. Que ce soit des immigrants entrepreneurs ou des immigrants travailleurs, on a besoin d’eux, dit-il.

Laisser son bébé entre bonnes mains

Pour Francine Lévesque et Roland Guimond, l’origine de Jignesh Patel n’a pas d’importance.

L’important, c’est de laisser leur entreprise entre les mains d'une personne qui respectera leur travail des 31 dernières années et, surtout, leurs employés.

« Il semble être un bon gars. Je pense que les employés vont être bien avec lui. »

— Une citation de  Roland Guimond, copropriétaire du restaurant Pizza Boy

Francine espère pouvoir continuer à travailler chez Pizza Boy, mais quelques heures par semaine seulement.S’il veut me garder, je vais rester, mais je vais savoir à quelle heure je rentre et à quelle heure je pars et finir mes journées la tête légère. Après 31 ans, je suis prête pour ça, souligne-t-elle.

Roland, pour sa part, voudrait un emploi à temps partiel, mais il commencera par prendre quelques mois de congé.

Avec les informations de Michel Nogue

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