Ottawa donne le feu vert à l'expansion du pipeline Trans Mountain

Le premier ministre Justin Trudeau annonce qu'il donne son feu vert à l'expansion du projet de l'oléoduc Trans Mountain.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le gouvernement de Justin Trudeau a mis fin à neuf mois de suspense, mardi, en donnant le feu vert à l'expansion du pipeline Trans Mountain.
Le gouvernement canadien a attendu la fermeture des marchés pour donner son aval à ce projet de 7,4 milliards de dollars.
« Nous prévoyons que les pelles [mécaniques] seront à l'œuvre dès cet été », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa, lors d'une conférence de presse, mardi.
Le projet permettra de tripler la capacité du pipeline, la faisant passer de 300 000 à 890 000 barils de pétrole par jour.
L'oléoduc Trans Mountain acheminera le pétrole jusqu'aux navires-citernes destinés à rejoindre les marchés très lucratifs de l'Asie. Une solution de rechange alléchante pour le Canada qui vend son pétrole presque entièrement aux États-Unis, à l'heure actuelle.
Les Canadiens comprennent que nous devons diversifier nos marchés. Ces dernières années nous ont montré que tout pouvait arriver avec nos voisins du Sud.
« En ce moment, nous sommes prisonniers du marché américain », a dit le premier ministre.
De plus, déplore-t-il, l'énergie canadienne est parfois vendue au rabais. Or, « il n'y a rien de sensé dans le fait de vendre quelque ressource que ce soit au rabais », a-t-il dit.
À lire aussi :
Croissance et environnement
Par l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain, le Canada favorise la croissance économique tout en luttant contre les changements climatiques. Deux objectifs nullement incompatibles, selon M. Trudeau.
Nous avons aussi entendu les Canadiens qui veulent un avenir plus vert, affirme le premier ministre. C’est pourquoi nous avons décidé d’investir chaque dollar généré par ce projet dans la transition écologique du Canada.
Le gouvernement fédéral estime à environ 500 millions de dollars les recettes fiscales additionnelles anticipées, une fois le projet terminé.
Pour mener à bien l'expansion de l'oléoduc, Ottawa devra délier davantage les cordons de la bourse. Selon les scénarios les plus coûteux, les montants nécessaires pourraient atteindre 9,3 milliards de dollars.

Un oléoduc moderne est « plus sécuritaire »
Selon M. Trudeau, les Canadiens sont alarmés de « l'augmentation faramineuse du transport de pétrole par rail ». Un tort, dit-il, car « le rail est plus polluant et plus dangereux qu'un pipeline moderne ».
« Nous avons tous des souvenirs tragiques en matière de transport par rail », a dit Justin Trudeau, pour qui l'oléoduc demeure la façon la plus sécuritaire de transporter les ressources énergétiques.
En 2013, l'accident ferroviaire survenu à Lac-Mégantic, au Québec, avait fait 47 morts et relancé le débat sur la sécurité du transport des matières dangereuses au Canada.

Un pipeline qui divise
L'expansion du pipeline Trans Mountain divise toutefois l'ouest du pays. Le gouvernement albertain, qui juge le projet essentiel à l'exportation de son pétrole en Asie, avait publiquement fait pression auprès d'Ottawa pour qu'il aille de l'avant.
La Colombie-Britannique, elle, a promis de prendre tous les moyens légaux possibles pour freiner le projet.

Tracé du projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain
Photo : Radio-Canada
Ottawa s'était porté acquéreur du pipeline à la fin d'août 2018, au coût de 4,5 milliards de dollars. Mardi, le premier ministre a déclaré que le gouvernement fédéral n'avait pas l'intention d'exploiter le pipeline à long terme.
Dans ce contexte, le gouvernement libéral rencontrera des groupes autochtones qui souhaitent acheter le projet. Ottawa se dit prêt à vendre l'entièreté de sa participation à des investisseurs des Premières Nations, métis ou inuit.
C'est en novembre 2016 que le cabinet de Justin Trudeau avait donné, pour la première fois, son approbation au projet. À cette époque, le pipeline était encore la propriété de Kinder Morgan.
Mais, en août 2018, alors que Kinder Morgan venait de commencer les travaux d'expansion du pipeline, une décision de la Cour d'appel fédérale avait suspendu les travaux. L'évaluation faite par l'Office national de l'énergie (ONE) était tellement imparfaite, avait dit la Cour, que jamais le gouvernement Trudeau n'aurait dû s'y fier pour approuver le projet.
Le tribunal avait également statué sur le fait que la population autochtone n'avait pas été suffisamment consultée.
Dans le nouvel examen qu'a par la suite effectué l'ONE, 16 nouvelles recommandations ont été ajoutées aux 156 conditions initiales, le tout pour que l'on tienne compte des répercussions sur le transport maritime.
Revoyez notre couverture en direct sur l'expansion du pipeline Trans Mountain.
À lire aussi :
Avec les informations de La Presse canadienne et CBC