Collecte des matières résiduelles : Québec pourrait mettre fin en partie à la privatisation

Le nombre de plaintes liées à la collecte des matières résiduelles a augmenté de 65 % en 2018.
Photo : Radio-Canada / Jonathan Lavoie
Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les plaintes liées à la collecte des matières résiduelles ont augmenté de 65 % l’an dernier à la Ville de Québec, révèle le vérificateur général. L’administration Labeaume en prend acte et ouvre la porte à rapatrier une partie des services de collecte, qui ont été privatisés en 2009.
En 2018, la Ville de Québec a reçu plus de 17 300 plaintes en lien avec la collecte des déchets. Une augmentation marquée par rapport à 2017, alors qu’un peu moins de 10 500 plaintes avaient été acheminées.
C'est un bond important, considérable […] Au niveau de la qualité des services, on a connu des problèmes importants
, observe le vérificateur général de la Ville de Québec, Michel Samson, qui juge la situation problématique.
Dans son rapport annuel qu’il a présenté mardi, M. Samson relève que la Division de la gestion des matières résiduelles (DGMR) peine à atteindre ses cibles de réduction de plaintes par type de collecte.
Il ajoute que la DGMR doit intensifier
ses efforts pour connaître la cause des plaintes, surtout celles qui sont récurrentes.
La Ville vulnérable
Le vérificateur général montre du doigt les problèmes dans la collecte de résidus verts, l’été dernier, pour illustrer comment la Ville s’est retrouvée en situation de dépendance
face à ses fournisseurs.
Lorsque la compagnie Sani-Terre a été incapable de remplir ses engagements, les plaintes se sont accumulées dans les arrondissements de Beauport, La Haute-Saint-Charles et Charlesbourg.

Le vérificateur général de la Ville de Québec, Michel Samson
Photo : Radio-Canada / Andre-Pier Berube
Or, comme le service de collecte pour l’ensemble du territoire était assuré par seulement trois compagnies, la marge de manœuvre de la Ville pour redistribuer les responsabilités de Sani-Terre était réduite.
Le rapport de Michel Samson met également en lumière l’absence de stratégie à moyen terme visant à assurer la qualité des services lorsqu’un des fournisseurs externes éprouve des difficultés
La division responsable de ce dossier-là a posé des actions, mais elles étaient quand même limitées, constate le vérificateur général. C'est surtout l'absence de stratégie à moyen terme qui nous interpelle dans ce dossier-là.
La Ville dit agir
L’administration Labeaume a réagi rapidement à la publication du rapport de Michel Samson. Le vice-président du comité exécutif, Rémy Normand, affirme que des mesures ont déjà été mises en place afin résorber la crise dans la collecte des matières résiduelles.
Il explique que la Ville a resserré ses critères d’appels d’offres en ce qui concerne la disponibilité des équipements et de la main-d’œuvre de ses fournisseurs externes.
De plus, la municipalité déploiera prochainement un système de vérification des opérations de collecte. Elle recourra à la géolocalisation par caméra afin d’assurer la qualité du service.

Rémy Normand, vice-président du comité exécutif à la Ville de Québec
Photo : Radio-Canada
Un projet pilote sera réalisé cette année et le système de vérification devrait être implanté graduellement à partir de 2020.
La mesure la plus importante pourrait toutefois consister en le rapatriement d’une partie des services de collecte des matières résiduelles. Une option qu’étudie actuelle la Ville de Québec.
Nous sommes à examiner la possibilité de reprendre en régie une portion des activités pour pallier le risque lié au faible nombre de fournisseurs sur le marché et à leur incapacité potentielle à livrer le service tel que convenu par contrat
, mentionne Rémy Normand.
Il précise que depuis l’automne dernier, le nombre de plaintes liées à la collecte des matières résiduelles est revenu au niveau d’avant la crise.
Flexibilité
Le chef de Québec 21, Jean-François Gosselin, est d’accord avec l’idée d’étudier le rapatriement d’une partie des activités de collecte. Il y voit une façon, pour la Ville, de se donner plus de flexibilité
.
Il faut l'évaluer sérieusement parce que, écoutez, on s'est retrouvé avec des problèmes l'année dernière et là, on se retrouve avec deux fournisseurs majeurs pour soumissionner sur des lots. C'est problématique
, soutient le chef de l’opposition.

Le chef de Québec 21, Jean-François Gosselin
Photo : Radio-Canada
De son côté, le conseiller municipal Jean Rousseau voit dans le rapport annuel du vérificateur général la preuve que l'administration Labeaume délaisse ses véritables priorités au profit de projets spectaculaires qui excèdent son mandat.
L’équipe en place est ailleurs. On inaugure, on fait des grands spectacles, mais les citoyens veulent des services de base. Moi, je veux que mes vidanges soient ramassées. Moi, je veux me promener sans me casser la gueule sur les trottoirs. Je veux être capable que mes enfants jouent dans des parcs où il n’y a pas d’aiguille, où c’est propre, point à la ligne
, insiste l’élu de Démocratie Québec.
Jean Rousseau attribue la hausse des plaintes liées à la collecte des matières résiduelles à la privation opérée par la Ville de Québec en 2009.
Avec les informations d’Olivier Lemieux