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Pour un dialogue d’égal à égal avec les personnes marginalisées

Deux personnes à l'arrière d'une camionnette pleine de livres.

La fourgonnette d’idAction Mobile

Photo : Exeko/Mikael Theimer

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

À Montréal, l’organisme Exeko lutte contre l’exclusion sociale en tentant d’instaurer un véritable dialogue avec les personnes en situation d’itinérance et ayant une déficience intellectuelle. Pour cela, il mise sur leur capacité de créer et de penser.

Dans une ruelle à côté de la Mission Old Brewery dans le Vieux-Montréal, une poignée de personnes en situation d’itinérance s’attroupent autour d’une fourgonnette. Ce n’est pas pour qu’on leur distribue des sandwiches et du café, mais bien pour se procurer des livres.

À l’initiative de l’organisme Exeko, l’idAction Mobile circule presque tous les jours dans les rues de Montréal dans le cadre de ce qu’on appelle des caravanes philosophiques .

Une fourgonnette fait le tour des soupes populaires, des centres d’hébergement et des stations de métro pour offrir des livres, des lunettes de lecture, des crayons et du papier.

Batone Neto discute avec un homme.

À gauche, Batone Neto, médiateur culturel pour Exeko

Photo : Radio-Canada / Frank Desoer

L’interaction avec les personnes itinérantes est incroyable! Ils ont une ouverture pour jaser et réfléchir , affirme Batone Neto, médiateur culturel chez Exeko et ancien professeur de philosophie.

« Ce sont souvent de grands lecteurs, mais malheureusement on a beaucoup de préjugés à leur égard. »

— Une citation de  Batone Neto, médiateur culturel chez Exeko

Le reportage de Frank Desoer est diffusé le 9 juin à l'émission Désautels le dimanche sur ICI PREMIÈRE.

Des étagères de livres à l'arrière de la camionnette.

La bibliothèque d’idAction Mobile

Photo : Radio-Canada / Frank Desoer

Les sans-abri sont ravis de voir débarquer la caravane philosophique. Pendant que Serge se procure les polars qu’il adore, Fabien, lui, potasse Les mémoires d’Hadrien, de Marguerite Yourcenar. Le regard clair, les tempes grises, cet homme de belle prestance était, il n’y a pas si longtemps, cadre dans une entreprise d’informatique. Les problèmes d’alcool et les mauvais choix , comme il dit, l’ont conduit dans la rue.

Fabien sourit à l'objectif.

Fabien, client de la Mission Old Brewery

Photo : Radio-Canada / Frank Desoer

Les gens, ici, ont parfois oublié qui ils étaient et ont cessé de croire en eux , observe Fabien, personne en situation d’itinérance et client de la Mission Old Brewery.

« Ce n’est pas juste de bouffe dont on a besoin. On veut aussi du savoir et on souhaite que vous nous perceviez comme de vrais êtres humains. »

— Une citation de  Fabien, itinérant

Dans son action sociale, Exeko veut radicalement changer la relation avec les personnes marginalisées. L’organisme part du principe qu’il doit exister une égalité d’intelligences dans la société. Au lieu de se limiter à un rapport d’aidant à aidés avec les exclus, on veut s’adresser à eux comme à des êtres humains à part entière, dotés d’un potentiel créatif.

Ça peut littéralement transformer des vies. Quand on s’adresse à des personnes psychiatrisées de cette façon-là, ça libère leur potentiel de résilience et leur capacité d’appropriation du pouvoir , explique Lourdes Rodriguez del Barrio, professeure titulaire à l’École de travail social de l’Université de Montréal et administratrice chez Exeko.

Lourdes sourit à l'objectif.

Lourdes Rodriguez del Barrio, professeure titulaire à l’École de travail social de l’Université de Montréal et administratrice chez Exeko

Photo : Radio-Canada / Frank Desoer

Abattre les barrières qui bloquent l’accès à la culture

Outre l’idAction Mobile, Exeko multiplie bien d’autres moyens d’action pour lutter contre l’exclusion sociale. Parmi ceux-là, il y a le laboratoire de culture inclusive .

Depuis presque trois ans, les représentants de 11 institutions culturelles majeures (dont le TNM, la Place des arts, l’Opéra de Montréal et les Grands Ballets canadiens), ainsi que de neuf organismes communautaires et leurs bénéficiaires travaillent de concert pour favoriser un meilleur accès à la production artistique et culturelle.

Cette démarche a permis à des personnes ayant une déficience intellectuelle ou des troubles mentaux d’assister à de nombreux spectacles et d’échanger à ce propos au cours de différents ateliers et discussions.

Ultimement, ce processus mènera les différents participants à élaborer une Charte de l’accessibilité culturelle d’ici la fin de l’année.

Les quatre femmes côte à côte sourient à l'objectif.

L’équipe de médiation d’Exeko qui œuvre à la « culture inclusive ». De gauche à droite : Beryl Brou, Kena Molina, Isabelle Anguita et la directrice des communications Mailis Burgaud.

Photo : Radio-Canada / Frank Desoer

Au cours de ce processus, on a pu observer comment ces personnes ont appris le langage et les codes, par exemple de l’opéra et du théâtre , explique Kena Molina, comédienne et médiatrice intellectuelle à Exeko. Elles sont parvenues à prendre leur place et se sont rendu compte que la seule réponse valable devant une œuvre, c’est la leur et pas celle qui est dictée de l’extérieur ou par les conventions.

Là comme ailleurs, Exeko peut se targuer d’être parvenu à instaurer un dialogue avec des personnes qui normalement demeurent sans voix dans notre société.

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