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Usines de cannabis odorantes : Ottawa rappelle les producteurs à l'ordre

Deux personnes en combinaison blanche marche le long d'une serre intérieure où pousse du cannabis.

Hexo assure avoir tout mis en place pour limiter les odeurs liées à sa production de cannabis.

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2019 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le ministre qui pilote la légalisation de la marijuana au fédéral, Bill Blair, rappelle aux détenteurs de permis de production de cannabis qu'ils ont « l'obligation de prévenir les odeurs et d'autres nuisances qui peuvent provenir de la production ». Du même coup, Radio-Canada a appris que Québec a remis un avis de non-conformité à Hexo Corp pour son usine de Gatineau.

Le ministre Blair a fait ce rappel à l'ordre en réaction aux révélations de Radio-Canada indiquant que de nombreux citoyens du secteur de Masson-Angers, à Gatineau, s’estiment incommodés par les fortes odeurs qui émanent des serres du plus grand fournisseur de la Société québécoise du cannabis (SQDC).

Le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, et le conseiller municipal du district de Masson-Angers, Marc Carrière, n’ont pas voulu se prononcer pour forcer l’entreprise Hexo Corp à contrôler les odeurs, stipulant que l’entreprise respecte les normes en vigueur.

M. Blair, qui est ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, se range quant à lui derrière les citoyens et dit comprendre les répercussions que ces odeurs peuvent avoir sur eux.

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— Une citation de  Bill Blair, ministre responsable de la légalisation du cannabis

M. Blair a rappelé qu’Ottawa a octroyé du financement supplémentaire à Santé Canada dans le dernier budget pour regarnir ses troupes d’inspecteurs. Je suis confiant que Santé Canada va travailler avec les autorités municipales pour s’occuper de ce dossier qui inquiète le public, a-t-il conclu.

Le ministre de la Sécurité frontalière, Bill Blair, prend la parole pendant la période des questions à la Chambre des communes à Ottawa, le mardi 5 février 2019.

Le ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, Bill Blair, est aussi responsable du dossier de la légalisation du cannabis.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Quand ça pue… à qui s'adresse-t-on?

Qui doit donc s’assurer qu’une usine de production de cannabis ne dégage pas d’odeur nauséabonde? Il semble y avoir un flou entre les différents ordres de gouvernement, puisque malgré de nombreuses plaintes formelles déposées par des citoyens contre Hexo Corp à Masson-Angers, Santé Canada n’en a jamais été informé.

La réglementation fédérale stipule que les titulaires d’une licence fédérale doivent assurer dans les zones où du cannabis est présent une filtration suffisante de l’air pour empêcher les odeurs de s’échapper.

Par écrit, la conseillère principale des relations avec les médias du ministère, Tammy Jarbeau, précise que cette exigence vise à empêcher la présence de fortes odeurs à proximité des bâtiments où il y a du cannabis.

Or, lorsque la Ville de Gatineau a reçu ces plaintes de citoyens, elle les a plutôt transférées au gouvernement du Québec — au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Ainsi, l’agence fédérale n’a jamais été dépêchée sur les lieux.

À deux reprises, des inspecteurs du ministère québécois se sont rendus à l’usine de Masson-Angers, mais ceux-ci n’ont rien senti.

Des serres hydroponiques en construction près d'une rue.

L'usine de production et les serres de cannabis d'Hexo coexistent de près avec les résidents de Masson-Angers.

Photo : Radio-Canada / Jérôme Bergeron

Hexo n'a pas respecté la réglementation québécoise

Mardi, l’entreprise Hexo Corp se targuait de respecter toutes les règles en matière de contrôle des odeurs, une déclaration endossée à plusieurs reprises à notre antenne par le conseiller municipal du secteur, Marc Carrière.

Radio-Canada a cependant appris que le producteur de cannabis a reçu un avis de non-conformité pour avoir installé un système de filtration des odeurs sans avoir l’autorisation de Québec.

Dans un courriel transmis à Radio-Canada, le ministère de l’Environnement du Québec affirme avoir transmis cet avis à Hexo Corp il y a deux semaines.

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— Une citation de  Sophie Gauthier, conseillère en communications au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Le MELCC donne jusqu’au 21 juin à Hexo Corp pour présenter un plan des mesures correctives qui ont été ou qui seront mises en œuvre pour que l’entreprise se conforme à la loi.

Le ministère n’a pas été en mesure d’expliquer quel impact pourrait avoir ce manquement sur les odeurs provenant des serres de cannabis, qui puent la moufette, selon de nombreux résidents rencontrés par Radio-Canada.

Une femme et son enfant de cinq ans posent pour la caméra.

Virginie Roussin rapporte que certaines personnes ont des maux de coeur à cause des odeurs de l'usine d'Hexo.

Photo : Radio-Canada

Hexo affirme avoir voulu respecter la réglementation fédérale en installant ce dispositif. La responsable des relations avec les médias de l’entreprise, Caroline Milliard, a répondu par courriel qu'Hexo en est à analyser cet avis de non-conformité et son interaction avec la réglementation fédérale à laquelle nous sommes soumis.

Une odeur néfaste?

Les voisins d’Hexo Corp rencontrés par Radio-Canada se disent incommodés par l’odeur et préoccupés par les effets que celle-ci pourrait avoir sur leur santé et celle de leurs enfants.

Selon une étude publiée par Santé publique Ontario (SPO), il est difficile d’assurer avec certitude que l’odeur des plants de cannabis n’est pas néfaste pour la santé.

Je ne veux pas prétendre qu’il y aura des effets néfastes sur la santé, mais notre recherche a révélé qu’aucune étude ne répond encore à cette question, explique le chef du Département de la santé environnementale et de la santé au travail à SPO, Ray Copes.

Le rapport prétend que l’exposition à des odeurs désagréables peut nuire à la qualité de vie et au sentiment de bien-être. Plus encore, l’exposition à des composés odorants peut potentiellement déclencher des symptômes physiques, peut-on y lire.

UN homme en entrevue à la caméra dans un atrium.

Le chef du Département de la santé environnementale et de la santé au travail à SPO, Ray Cope

Photo : Radio-Canada

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— Une citation de  Étude de Santé publique Ontario

Les résidants du chemin du Quai, près d'Hexo, attendent toujours une rencontre avec l’entreprise, afin que celle-ci s’engage formellement à ce que cette odeur disparaisse.

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